Plus optimiste que S&P et Moody’s, Fitch Ratings maintient inchangée la note du Cameroun
Selon l’agence américaine, le profil de crédit du Cameroun n’a pas été altéré malgré des retards de paiements affichés en 2022 et qui ont conduit Moody’s et S&P à déclasser brutalement le pays sur l’échelle de notation. Fitch signale néanmoins un risque d’abaissement si certaines conditions ne sont pas remplies.
Dans sa dernière évaluation sur le Cameroun publiée le 17 novembre dernier, Fitch Ratings a choisi de maintenir inchangée la note de défaut émetteur à long terme et en devises du Cameroun à « B »(hautement spéculatif). L’agence de notation américaine a cependant abaissé la perspective de cette note de stable à négative.
Une décision qui contraste avec une vision plus pessimiste de ses deux concurrentes, S&P et Moody’s. En Août dernier Standard & Poor’s avait déclassé de six crans (de B- à SD) la note de crédit souveraine du Cameroun, avant de la ramener deux jours plus tard à « CCC+/C », premier niveau de la catégorie « extrêmement spéculatif » situé 4 crans au-dessus du défaut de paiement. Avant elle, Moody’s, le 27 juillet Service avait baissé de deux crans la note en devise et en monnaie locale du pays de « B2 » à « Caa1 ». Motif avancé par les 2 agences : le gouvernement faisait face à des difficultés de trésorerie lesquelles ont orchestré des retards de paiement au titre du service de la dette extérieure à la fin de 2022 et en 2023. En effet, Yaoundé avait accusé quelques retards de paiements sur sa dette due à Deutsche Bank Spain.
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Selon Fitch, cet événement n’a pas été suffisant pour déclasser la note du Cameroun, ce d’autant que le pays s’est acquitté de cette dette et est désormais à jour de toutes ses obligations de service de la dette.
« Nous n’avons pas traité cela comme un défaut car nous avons appliqué un délai de grâce présumé de 30 jours, étant donné que nous comprenons que les documents de prêt ne spécifient pas de délai de grâce explicite pour les paiements du service de la dette. Nous comprenons que les autorités ont depuis pris des mesures pour améliorer la capacité de paiement de la dette, notamment en mettant les ordres de virement à la disposition de la banque centrale régionale (BEAC) plus tôt pour effectuer le paiement et en améliorant la communication et la coordination entre tous les intermédiaires ». L’agence poursuit en expliquant que « Le Cameroun a accumulé des arriérés extérieurs à hauteur de 0,1% du PIB en 2022, et de 0,2% du PIB au 1er semestre 2023. Tous les arriérés extérieurs ont été apurés à fin septembre 2023. Néanmoins, la faiblesse de la gestion des finances publiques constitue une faiblesse de la notation et accroît les risques de baisse ».
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Cependant, la perspective « négative » adossée à la note de Fitch suggère un risque d’abaissement sur un horizon moyen terme. Pour justifier cela, l’agence a notamment évoqué des pressions accrues sur les liquidités liées à des besoins de dépenses plus élevés, des conditions de financement difficiles sur les marchés intérieurs et extérieurs, des faiblesses structurelles dans la gestion des finances publiques et des risques de baisse du solde budgétaire dus aux pressions politiques et sociales.
Malgré cela, la croissance du PIB réel augmentera à 3,8 % en 2023, contre 3,6 % en 2022. Fitch prévoit que cet indicateur se renforcera à 4,1 % en 2024 et à 4,4 % en 2025, tirée par la construction et la mise en service des infrastructures. L’agence anticipe également une baisse des recettes pétrolières, due à la baisse des prix et de la production. Mais cette baisse sera en partie compensée par les recettes provenant de l’augmentation de la production de gaz en 2025. Aussi, les analystes de Fitch s’attendent à ce que la dette publique générale diminue à 39,5 % en 2025, contre 44,7 % du PIB à la fin de 2022.
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