Colloque international des Assurances : les assureurs plaident pour la vulgarisation des nouvelles offres de placement auprès des régulateurs
C’est l’une des recommandations des compagnies d’assurances à l’égard de la Cima, la Cosumaf, la Bvmac et les Etats, au sortir de la 1ère édition du colloque international des Assurances organisée les 17 au 18 octobre 2023 à Douala par la Cima, Financia Capital et le Cabinet Bridge Consulting & Partners.
La Conférence interafricaine du marché des assurances (Cima), en partenariat avec Financia Capital et le Cabinet Bridge Consulting & Partners a organisé les 17 au 18 octobre 2023 à Douala au Cameroun, la 1ère édition du colloque international des Assurances sur le thème “Assurances et marchés Financiers”. L’enjeu des travaux qui ont rassemblé plus de 150 professionnels du marché est de stimuler, encourager et faciliter l’entrée en bourse des compagnies d’assurances (CA) de la zone Cemac. « Le but du colloque est de présenter les évolutions du marché financier (MF) expliquer aux CA la plus-value du MF tout en mettant en avant leurs produits financiers afin que ces derniers y investissement, » dévoile Serge Yannic Nana, DG de Financia Capital par ailleurs Président de l’association des sociétés de Bourses de l’Afrique centrale.
Au rang des acteurs du marché financier figure la Présidente de la Commission de surveillance des marchés financiers de l’Afrique centrale (Cosumaf) ; le Directeur Général (DG) de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac) ; le Sécrétaire général (SG) de la Cima, l’Administrateur DG de la Société Commerciale Gabonaise de Réassurance (SCG-RE) et les intervenants de marché. Sans être exhaustif, les présidents et DG des compagnies d’assurances et de Réassurances ; les DG des Établissements de crédit ; les DG des sociétés de Bourse, Gestion de Portefeuille et de Conseil en Investissements.
Difficultés de recours au marché financier
Au cours des travaux, quelques obstacles au recours insuffisant au marché par les assureurs ont été relevées. Pour César Ekomie Afene, Président de la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (Fanaf) par ailleurs PDG de Nsia Vie Gabon, les difficultés se situent au niveau du processus long et fastidieux de la procédure d’introduction à la bourse qui demande des fonds internes profonds, la transparence exigée par l’émetteur, la valorisation exacte de l’entreprise, les contraintes de fiscalité inadaptées et le niveau de culture boursière qui n’est pas encore suffisamment entré dans les mœurs.
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Nécessité d’un rapprochement entre les assureurs et les marchés financiers
La nécessité de parfaire les relations entre les CA et les MF relève d’une démarche qui conduit les investisseurs institutionnels vers les organismes et professionnels de placements, et réciproquement. A en croire Blaise Abel Ezo’o Engolo, le SG de la Cima, l’intérêt de l’entrée en bourse des SA de la Cemac réside à 4 niveaux. « C’est une solution aux contraintes réglementaires ; c’est un moyen de levée des fonds pour le financement de vos exploitations ; c’est un indicateur de bonne gestion, catalyseur de potentiel de développement pour l’entreprise et c’est une contribution majeure au financement et au développement des économies des pays membres, » détaille-t-il.
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Face aux exigences d’augmentation réglementaire du capital des entreprises cotées en bourses, les marchés financiers offrent des opportunités de levée des fonds adéquates. Tenons par exemple le cas de la SCG-RE, première société de réassurance agréée par la Cima ayant placé le 26 janvier 2023 , une partie de son capital à la Bourse. L’introduction en bourse de celle-ci devait mettre une puce à l’oreille des autres assureurs de la zone et pourrait par la même occasion, constituer une excellente raison d’émulation pour les autres assureurs qui trainent encore le pas.
Produits financiers
Une fois leur introduction en bourse effective, des solutions de placement et de diversification d’investissement agréées par la Cosumaf leur seront proposées. En occurrence, « les actions, les obligations et certains produits novateurs comme les sukuks qui sont en droite ligne avec les préceptes de la loi islamique ‘’ la charia’’, les obligations vertes dont l’une des premières à été émise par la Façade Maritime du Champ Triomphal, » détaille Gaël Etame, expert financier. A ceux-ci s’ajoute, la nouvelle catégorie de la gestion d’actifs, notamment les organismes de titrisation, de placement collectif immobilier, de capital investissement et professionnels d’investissement à long terme…
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Evolution règlementaire sur le marché financier
Les textes du marché financier prennent en compte de nouveaux intervenants et instruments. C’est dans ce cadre que la Cosumaf de par son pouvoir régalien a renforcé ses prérogatives et son pouvoir pour la protection de l’épargne. Pour asseoir ces atouts, des innovations sont projetées : « la création du Dépositaire central unique (qui est pour l’heure logé à la Banque centrale, Ndlr), la chambre de compensation, les agences de notation, les fonds de garantie du marché et les organismes de garantie. L’élargissement du métier d’intermédiaire aux conseillers en financement participatif et aux prestataires de services sur actifs numériques, » fait savoir la présidente de la Cosumaf, Jacqueline Adiaba Nkembe. L’introduction en bourse devient donc de fait une opportunité et moyen d’honorer les exigences réglementaires en zone Cemac et Cima, de lever les fonds pour le financement de leur exploitation, de s’offrir un bon indicateur de bonne gestion ainsi qu’un catalyseur de potentiel de développement.
Les recommandations
Au sortir du colloque, quelques recommandations ont été faites par les CA. A l’endroit de la Cima, les assureurs plaident pour le renforcement du socle des assurances obligatoires qui génèrent un matelas de primes. Une action doit être menée auprès des réassureurs pour faciliter la couverture en liquidité. En ce qui concerne la Cosumaf et la Bvmac, porter le plaidoyer d’une fiscalité communautaire Cemac dédiée attractive et incitative aux produits financiers destinés aux placements des excédents des sociétés d’assurance agréées, promouvoir la culture boursière auprès de ces assureurs, vulgariser les offres nouvelles de placement afin que marché financier soit plus dynamique et en adéquation avec son environnement des valeurs, des richesses de la zone Cima. A l’égard des Etats, il a été formulé le vœu d’adapter la fiscalité nationale aux produits financiers destinés aux placements des SA agréées, la reconnaissance desorganismes de placement collectif en immobilier (OPCI)parmi les instruments financiers dans le cadre de la loi de finance 2024 en cohérence avec le règlement général de la Cosumaf. De manière spécifique, l’exonération de l’OPCI d’impôt sur les sociétés, l’exonération d’impôt sur la plus-value d’apport en nature entre le capital et les OPCI, le non amortissement des immobilisations acquis dans le cadre des investissements réalisés par l’OPCI …
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L’activité principale des CA consiste en la collecte des primes d’assurance en vue de payer les sinistres. Ils disposent de ressources financières relativement importantes en attente de leur mobilisation progressive. Pour preuve, les actifs représentatifs des engagements réglementés des CA de la zone Cemac s’élèvent à 815 milliards de Fcfa au 31 décembre 2022. Cette trésorerie qui est le gage de leurs engagements pris vis–à-vis des assurés et bénéficiaires de contrats d’assurances, doit être gérée en toute sécurité et permettre aux assureurs d’être aptes, et à tout moment, à faire face aux engagements dus. Dans ce registre, les actifs mobiliers, (actions, obligations et Autres Titres de créances négociables) sont évalués à plus de 370 milliards de Fcfa. Ce volant de placement reflète le potentiel qui pourrait dynamiser et fluidifier les activités du marché financier de la Cemac.