Par Xavier Messe
– Port Autonome de Douala : le Tchad et la RCA pourront quitter le quai
En 2018, les autorités gouvernementales du Tchad et de la République Centrafricaine ont évalué à 175 milliards de francs CFA, les pertes subies en empruntant les corridors du transport routier dans les sens Douala- Bangui et Douala- N’Djamena. Selon ces mêmes autorités, les pertes sont consécutives d’une part aux lenteurs administratives au Port autonome de Douala pour expédier ou pour sortir les marchandises, et d’autre part aux tracasseries diverses que les camionneurs de nos deux pays voisins subissent le long du corridor.
Selon les rapports que les camionneurs ont récemment remis à la Direction générale du « Bureau de Gestion du Fret Terrestre » (BGFT), et au Ministre des Transports de leur pays respectif, chaque camionneur débourse à la gendarmerie, à la Police, aux Douaniers camerounais pour chaque passage, la somme 344.500 francs CFA pour avoir le droit de traverser le territoire camerounais en « paix ».
Si ces pays quittaient le port de Douala, ce sont 395 milliards de francs de recettes qui partiraient ainsi en fumée. Il faudrait alors ajouter à ces pertes virtuelles, celles de 600 milliards de francs, conséquences de l’entrée en application des Accords de partenariat économique
Depuis quelque temps, les autorités tchadiennes et centrafricaines ont entamé la prospection et des études sérieuses pour quitter le port de Douala. N’Djamena souhaite travailler avec les ports de Khartoum au Soudan et celui de Cotonou au Bénin, pendant que Bangui voudrait se tourner vers Libreville au Gabon.
Si ces pays quittaient le port de Douala, ce sont 395 milliards de francs de recettes qui partiraient ainsi en fumée. Il faudrait alors ajouter à ces pertes virtuelles, celles de 600 milliards de francs, conséquences de l’entrée en application des Accords de partenariat économique (APE), ratifiés par le Cameroun, et dont la chute des recettes douanières est croissante depuis 2 ans. La presse camerounaise avait dénoncé ces Accords, mais elle n’avait jamais été suivie.
Serait-il possible que des contacts au haut niveau empêchent ou retarde le départ du Tchad du port de Douala ? Le 9 janvier dernier, Ousman Adam Dicki, le nouveau Directeur général des « Douanes et droits indirects » du Tchad a effectué une visite de travail au Cameroun. On peut croire que pendant les 3 jours qu’il a passés à échanger avec les autorités camerounaises, ce sujet de sortie du port de Douala était au menu des entretiens.
En juillet 2018, le Fonds monétaire international a confirmé le relèvement de la croissance économique du Cameroun à 4% en 2018. Cette performance a pu être possible grâce non seulement aux recettes engrangées par les activités portuaires, mais également par le rôle du moteur économique que le Cameroun joue en Afrique centrale. C’est une position qui n’est pas immuable. Il faut la maintenir, il faut l’améliorer en permanence. Mais il est malheureusement difficile de maintenir cette position pendant longtemps sans une volonté réelle de combattre le fléau de la corruption volontairement entretenu, de parfaire pareillement la bonne gouvernance, et d’engager sérieusement une politique de transformation locale de nos matières premières.
L’économie ne pouvant prospérer que dans un environnement assaini et rassurant, il y a beaucoup de choses à faire sur ce plan. Nous restons attentistes pour voir ce que les prochains jours nous réservent.