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Business et Entreprises

Climat social : malgré un moratoire d’un an accordé par le gouvernement, les transporteurs routiers maintiennent une cessation d’activités pour ce 17 octobre 2023

Réunis le 13 octobre 2023 à Douala, ces acteurs du transport routier des marchandises sollicitent une rencontre avec les membres sectoriels du gouvernement afin de poser leurs doléances qui conduiront à la relecture du Décret 10 octobre 2022, fixant conditions d'accès aux professions de transporteurs routiers et d'auxiliaires des transports routiers, fortement contesté par ces derniers.

La tension n’est visiblement pas retombée entre le Gouvernement Camerounais et les organisations socioprofessionnelles des transporteurs routiers du Cameroun (Synatrocam, Opstac, Gttc, Syntraptcam, Reptroc, Sntrc), regroupement des acteurs professionnels du transport routier fret dans la zone Cemac. En effet, après le préavis de grève lancé le 9 octobre 2023 par ces derniers, le Ministre des transports, Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, a effectué une double sortie, suite à l’application des nouvelles dispositions du décret n•2022/8801/PM du 10 octobre 2022, fixant conditions d’accès aux professions de transporteurs routiers et d’auxiliaires des transports routiers.

Le 12 octobre 2023, Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, accordait un moratoire de 12 mois aux détenteurs (acteurs du secteur des transports routiers en particulier), des licences en cours de validité, à compter du 10 octobre 2023. Le membre du Gouvernement a par ailleurs adressé une correspondance  à l’honorable Pierre Sime, le président de la plateforme des organisations socioprofessionnelles des transporteurs routiers du Cameroun, informant de ce que le Ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, a instruit le Secrétaire général des Services du Premier Ministre, Séraphin Magloire Fouda, d’examiner les contours du Décret querellé, « en concertation avec le Ministère des transports et les acteurs du secteur », relève la correspondance. 

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Malgré cette décision d’apaisement, les organisations socioprofessionnelles des transports routiers ont maintenu leur mouvement dès ce 17 octobre 2023. Raison principale, d’après Pierre Sime, Président de cette organisation, « le Président de la République a instruit la relecture de ce Décret. Nous attendons une concertation avec toutes les parties. Procéder à la prorogation d’un an de l’application de ce Décret est en contradiction avec les prescriptions présidentielles. Le Ministre se contredit », justifie-t-il. Plus précisément, ces acteurs sollicitent une rencontre directe avec le Ministre des transports afin de porter leurs doléances. 

Toutefois, relevons que dans sa correspondance adressée à l’Honorable Pierre Sime, Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, rappelle qu’au terme d’une concertation déroulée le 4 avril 2023, les transporteurs routiers professionnels ont sollicité et obtenu un moratoire de quelques jours, afin de

déposer un memo récapitulatif de leurs prétentions relativement au transport pour compte propre considéré dans le décret du 10 octobre 2022. « En acceptant votre plaidoyer, la Présidente de séance a recommandé la transmission de ce memo dans les brefs délais pour la poursuite de la concertation, recommandation inexecutée jusqu’à ce jour », relève le Ministre.

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« Nous devons nous asseoir pour procéder à la relecture de ce texte et définir, pour le cas des industries, un segment pour ce qui est de la distance, un segment pour ce qui est de quantité et un segment pour ce qui est quantité. En légitimant le transport pour compte propre, le trésor public se prive et perd des recettes subséquentes variant entre 90 milliards de FCFA à 250 milliards de FCFA par an. Il s’agit d’un tour de passe-passe orchestré par de haut commis de l’État qui utilisent des prête-noms pour entrer dans cette activité, et éliminer le transporteur routier. », pense Hilaire Dzipan, transporteur et membre de cette organisation.

El Hadj Oumarou, Coordonnateur du Bureau de gestion du fret terrestre (Bgft), parle, au même titre que les organisations socioprofessionnelles des transports routiers, de « concurrence déloyale contre les transporteurs et un manque à gagner pour le Trésor public ». Pour le Chef de l’organisme Camerounais de répartition de fret, « le Décret du Premier Ministre, Chef du gouvernement vient sonner le glas d’une profession déjà en agonie en raison des entraves régulières et des difficultés structurelles qui la caractérisent, en plus de l’incidence négative considérable qu’il va engendrer sur les recettes de l’État ». Ces griefs sont également contenus dans une correspondance adressée, le 3 novembre 2022, au Président de la République.

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Il est important de noter que le Décret n•2022/8801/PM du 10 octobre 2022, fixant les conditions d’accès aux professions de transporteurs routiers et d’auxiliaires des transports routiers, le transport terrestre des marchandises ou du fret est désormais ouvert, outre les transporteurs routiers professionnels, aux tiers n’exerçant pas cette profession, qui deviennent de facto, des transporteurs pour compte propre. Ces derniers bénéficient d’une licence spéciale de transport routier de catégorie S6, selon le Décret.

Dans le même ordre, le Décret du 10 octobre 2022 en son chapitre ll, crée de nouvelles conditions d’accès à la profession de transporteur routier. L’exercice de cette profession est désormais subordonnée, d’après ce texte, à l’obtention d’une licence délivrée par le Ministère en charge des transports ou par les collectivités territoriales décentralisées. La licence de transport routier ordinaire ou spéciale, est délivrée pour une période de 5 ans, renouvelables. 

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