Catastrophes urbaines : au-delà de la sensibilisation, la rigueur des pouvoirs publics s’impose
Depuis 2019, plus de 100 personnes ont perdu la vie au Cameroun du fait de la construction dans les zones à hauts risques pourtant, la loi du 21 avril 2004 régissant l'urbanisme, ne demande qu’à être implémentée dans toute sa rigueur.
Le Cameroun vient de perdre environ 40 personnes des suites d’un éboulement de terrain au quartier Mbankolo à Yaoundé. Ce chiffre vient s’ajouter aux 43 morts de Gouache à l’Ouest(2019) ou encore la dizaine de morts à Damas(décembre 2022) et tout récemment, plus de 30 morts des suites de l’effondrement d’un immeuble à Douala pour ne citer que ces cas. A chaque sinistre, la construction anarchique est la principale cause. Les pouvoirs publics s’attellent souvent à sensibiliser et parfois à faire déguerpir les occupants mais le phénomène perdure tout de même.
Qu’est-ce qui peut donc justifier cet état de choses ? Au sujet du tout récent drame, le député Pcrn Cabral Libii estime par exemple que l’Etat a tous les moyens pour imposer l’ordre. « Mbankolo, quelle tristesse! Effroyable, terrifiante, la scène du sinistre. Triste résultat patient, d’une conjugaison de laxisme, de négligence et d’incivisme. L’État doit protéger les citoyens coûte que coûte. Prévenir rigoureusement sera toujours moins coûteux que réparer le sinistre. Ça devient impératif de réformer la protection civile au Cameroun », a écrit l’élu de la Nation.
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Pour sa part, l’on se souvient que le ministère de l’Habitat et du développement urbain, dans une lettre circulaire le 27 juillet 2023, rappelait aux Maires, les mesures urgentes à mettre en œuvre en vue de la « stricte application des normes d’urbanisme ». Sauf que deux mois après(le 26 septembre), il s’observe que les exécutifs municipaux rencontrent des difficultés dans la mise en œuvre de la réglementation, en ce qui concerne notamment les règles d’utilisation des sols et de construction. A cet effet, il y a « l’urgence de créer une dynamique permettant de renforcer la prise de conscience du rôle des facteurs humains dans la survenu des catastrophes en milieu urbain, et de mieux aligner les politiques urbaines (planification, restructuration, etc.) », a noté le Minhdu au cours d’une table ronde axée sur « la résilience des villes face aux catastrophes ».
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Bien qu’étant le bras séculier du dispositif réglementaire, la position des élus locaux eux-mêmes laisse entrevoir qu’ils n’auraient pas les moyens d’exécuter la tâche qui leur est confiée. « Les populations s’installent comme elles veulent et la Communauté urbaine qui est la seule habilité à délivrer les permis de bâtir n’a pas visiblement tous les moyens pour contrôler tout de qui se passe sur le terrain », regrettait Jacques Yoki Onana, le maire de Yaoundé 6 dans les colonnes de Cameroon Tribune en août dernier. Pour Augustin Balla, Maire de Yaoundé 5, « il faut que le gouvernement nous accompagne(les maires) car, à certains endroits, nous sommes souvent surpris de trouver des habitants qui nous présentent des documents officiels signés du gouvernement qui leur octroie ces espaces. Que le permis de bâtir soit également du domaine de compétence des maires d’arrondissements ».
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La loi du 21 avril 2004 prévoit néanmoins 04 documents de planification urbaine : le plan Directeur d’urbanisme; le plan d’occupation des sols; le plan de secteur et le plan sommaire d’urbanisme; lesquels ne demandent qu’à être implémentés dans toute leur rigueur pour prévenir le pire.
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