Santé publique : le Cameroun a dépensé 521 milliards de Fcfa pour l’achat des médicaments auprès du G7 et des BRICS entre 2018-2022
Cette situation est une preuve que le marché local continue d’être dominé par les importations ; ce qui entraîne une faible maîtrise de ces produits venus d’ailleurs malgré la multitude de risques de santé que certains d’entre font subir aux populations.
Selon l’Institut national de la statistique(INS), entre 2018-2022, les médicaments figurent dans le Top 5 des produits importés aussi bien à partir du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) qu’en provenance des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). En termes de chiffres, le Cameroun a dépensé 246 milliards de Fcfa (soit 6% des importations) pour les importations depuis le G7 et 275 milliards de Fcfa des BRICS (5% des importations). Calculette en main, le pays a débloqué 521 milliards de Fcfa pour l’achat des produits pharmaceutiques auprès de ces deux marchés étrangers.
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Ces données du statisticien camerounais viennent confirmer la difficulté du pays à s’approvisionner sur le plan local. Selon les chiffres de la Direction de la pharmacie, du médicament et des laboratoires du Minsanté, 2% des produits pharmaceutiques disponibles sur le marché national sont produits localement contre 98% des produits provenant de l’importation.
Contacté par EcoMatin, le spécialiste de l’économie de la Santé Dr Albert Ze croit savoir que « la cause principale de cet accroissement des importations des médicaments reste le manque de vision et de volonté de la part de nos dirigeants ». La prédominance des médicaments importés induit sans doute des conséquences à l’échelle nationale. « Il y a premièrement le perte de contrôle sur la nature et la qualité des produits importés. Le système local étant très faible, il est très difficile de maîtriser la qualité des médicaments importés. C’est pourquoi on se retrouve généralement avec certains produits qui sont retirés du marché alors qu’ils avaient au préalable reçu l’autorisation ou parfois pas. En outre, ces importations favorisent l’entrée des produits dangereux comme les stupéfiants car n’étant pas suffisamment contrôlés à l’entrée, plusieurs importateurs insèrent ce type de produits. D’où une montée importante de la masse de ces produits dans la population », déplore notre source.
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Cette analyse n’est pas loin de la réalité sur le terrain car, le 23 août dernier, le ministre de la Santé publique Manaouda Malachie, dénonçait la circulation sur le marché camerounais, des produits non conformes issus du laboratoire ‘’Fraken’’ sous diverses formes notamment les sirops(Naturcold), les comprimés, les injections. Sans autorisation de mise sur le marché, ni dérogation d’importation, lesdits produits, proviennent cependant, « tant du circuit licite que du circuit illicite », a martelé le Minsanté.
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La Situation reste donc préoccupante dans un contexte où le gouvernement s’est prescrit le Made in Cameroon ou du moins, l’accélération de l’import-substitution. Mais à l’observation, les sommes colossales défalquées pour l’importation des produits médicaux auraient progressivement permis de relever l’industrie pharmaceutique locale pour le moment moribonde. Mais que faut-il donc faire ? « Pour inverser la tendance, il faut une réelle volonté politique. Le gouvernement doit mettre en place des mécanismes favorisant la production locale », suggère Albert Ze.
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