Banque: la Cobac retire l’agrément à Agnès Ndoumbè Mandeng, DG de la BC-PME
Le gendarme bancaire sous-régional reproche à la dirigeante camerounaise des fautes de gouvernance et manquements graves aux textes relatifs à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Cette banque en quasi-faillite fonctionne désormais sans Directeur Général
Ce qui s’apparentait jusqu’ici à une rumeur est confirmée par des sources bien informées d’EcoMatin : Agnès Ndoumbè Mandeng, DG de la Banque camerounaise des PME (BC-PME) a été durement sanctionnée par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac). De fait, le gendarme bancaire sous-regional lui a retiré son agrément de DG. La camerounaise ne peut donc plus diriger la banque.
Contactée par EcoMatin la Banque n’a pas souhaité réagir mais une source en interne indique « qu’il est reproché a leur DG des fautes de gouvernance et manquements graves aux textes relatifs à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ».
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Dans les détails, apprend-on d’une autre source proche de l’instance de régulation, la gestion d’Agnès Ndoumbè Mandeng a conduit la BC-PME dans la liste des banques à risque systémique. La banque est devenue un risque systémique. Ce qui peut embraser le système bancaire camerounais et de la zone Cemac. « Sa nomination a été une erreur de casting. Elle n’a jamais réussi à faire démarrer cette banque », nous laisse entendre notre source. En effet, la banque affiche un résultat négatif de 2,010 milliards de FCFA en 2022 contre -2,218 milliards il y a un an, soit un recul de 9,3%. En d’autres termes, le déficit de cette banque à capitaux publics ne cesse de se creuser du fait des erreurs managériales. « Les crédits sont octroyés n’importe comment, ratio prudentiels non respectés ; recrutement fantaisistes avec des inadéquations entre les profil recherchés et les postes au sein de la banque », renchérit notre source qui nous rassure d’ailleurs que cette responsable a été notifiée de son retrait d’agrément au terme d’un processus contradictoire. « Elle a eu plusieurs entretiens à la Cobac qu’elle connaît bien étant donné qu’elle même a été commissaire de cette institution ».
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La BC-PME est presque « en faillite » alors qu’elle a à peine 7 ans de fonctionnement au compteur. Dans le cadre du programme économique avec le Fonds monétaire international (FMI) pour la période 2017-2020, l’État camerounais a pris l’engagement de restructurer cet établissement bancaire. Et pour cause, à la date du 31 août 2015, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) avait relevé l’infraction à la norme relative à la représentation du capital minimum. C’est-à-dire que la BC-PME ne disposait pas de fonds propres qu’elle doit pouvoir justifier à tout moment.
Trois ans plus tard, le 30 août 2018, la Cobac, le gendarme financier dans la sous-région Cemac, a ouvert une procédure disciplinaire à l’encontre de la Banque camerounaise des PME et de ses dirigeants, dont la DG, Agnès Ndoumbé Mandeng, pour non-respect des termes d’une injonction datant du 16 octobre 2017. Pour le FMI, le modèle économique de cette banque des PME est resté jusqu’ici très évasif.
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La BC-PME se retrouve ainsi sans DG mais son adjoint par contre demeure en poste, épargné par les sanctions. Au ministère des Finances du Cameroun la bataille de positionnement pour le poste de Directeur Général fait rage.