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Politiques Publiques

Cameroun : les chercheurs menacent d’entrer en grève

Le décret du chef de l’Etat portant statut spécial du personnel chercheur signé le 8 août apporte une réponse aux trois revendications posées par ce corps de métier depuis plusieurs années.

Les réunions interministérielles tenues entre le Minresi, le Minfi, le Minfopra et le ministère du Travail entre septembre et janvier 2023 n’ont manifestement pas trouvé des solutions concrètes aux revendications des chercheurs du ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation. Pour preuve, le 25 juillet 2023, le Dr Alban Ngatchou, président du Syndicat national des chercheurs du secteur public(Synac) lance un préavis de grève qui vise à suspendre les activités d’encadrement scientifiques des étudiants et celles des recherches-développement à compter du 30 octobre 2023.

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En substance, parmi les trois revendications posées par le Syndicat des chercheurs depuis, seule une vient de trouver écho favorable. En effet, le 8 août 2023, le président de la république Paul Biya a signé un décret portant statut spécial du personnel chercheur (qui révise le décret n°80/275 du 18 juillet 1980 portant statut des Chercheurs, Ndlr). « Le personnel chercheur, quelle que soit sa discipline de spécialisation, assure essentiellement les missions ci-après : la recherche à titre principal et permanent ; la valorisation et la vulgarisation des résultats de la recherche, la promotion scientifique, l’appui à l’innovation et au développement », peut-on lire.

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Si le Syndicat « prend connaissance » et dit « sa reconnaissance» pour ce texte, il n’a pas pour le moment, levé le mot d’ordre de grève annoncé. Pour cause, deux autres plaintes restent sans réponse à savoir la régularisation de la situation administrative de certains chercheurs du Minresi et l’octroi des primes trimestrielles de modernisation de la recherche aux chercheurs dudit département ministériel. Pourtant, des instructions y relatives avaient été données par le PM en novembre 2019 et dans une correspondance adressée à la Primature le 26 août 2021, Louis Paul Motaze faisait savoir que seuls 120 chercheurs sur les 156 chercheurs étaient concernés par le processus de régularisation, les « 36 autres étant soit retraités, soit évoluant dans divers autres corps de métier de la Fonction publique ». Le Minfi indiquait ensuite que leur régularisation entraînerait un coût de 328 millions de Fcfa par an. La dette de l’Etat due à ces personnels estimée à 3,2 milliards de Fcfa à cette période-là, « pourrait être apurée de façon progressive », écrivait-il.

Toutefois, deux ans après, « nous sommes en attente de la date de prise d’effet de la décision du Premier Ministre », indique-t-on au Synac.

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Une autre revendication réside sur le manque de financement de la recherche notamment l’octroi des Primes trimestrielles de modernisation. A ce propos, l’on apprend qu’il « est difficile actuellement à un Chercheur de breveter une innovation à l’Organisation mondiale de la Propriété Intellectuelle (Ompi) car les frais y afférents (entre 450 000 Fcfa et 600 000Fcfa) ne sont pas à sa portée… Les analyses des laboratoires par exemple dans le cadre du développement des innovations s’élèvent à 900 000Fcfa (certaines analyses coûtent 1 200 000Fcfa). D’ailleurs les analyses devant se faire à l’extérieur du Cameroun peuvent faire monter ces coûts à plus de 2 500 000Fcfa », grogne Ngatchou Alban avant d’ajouter qu’un bon financement du secteur permettrait pourtant de créer environ 25 000 emplois sur une durée de 10 ans.

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