Patronat Sud: Daniel Claude Abate rejette l’alerte de la Cosumaf au sujet de son projet de création d’une microfinance
Le président exécutif de cette organisation patronal a publié, le 27 juillet, une mise au point pour botter en touche les réserves du gendarme financier sous-régional.
Suite à un communiqué diffusé le 27 juillet par la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf) afin d’alerter l’opinion sur le caractère illégal de sa levée de fonds en cours, l’organisation dénommée « Patronat du Sud » et dirigée par Daniel Claude Abate a, à son tour, commis une mise au point.
Dans un document de trois pages, il rejette en bloc les accusations de levée illégale de fonds en vue de créer un établissement de microfinance appelé United Forest Finance (U2F). « Le communiqué de la Cosumafcomporte un certain nombre de contrevérités et d’inexactitudes de nature à semer le doute chez nos membres et à provoquer une suspicion infondée sur l’objectif et la démarche qui sont les nôtres dans la conduite de projet », écrit Daniel Claude Abate.
Tout en reconnaissant que « la Cosumaf est dans son rôle de veille et de contrôle de l’épargne investie des citoyens de la CEMAC pour s’assurer que ces derniers ne soient victimes ou entraînés dans des opérations ou manœuvres frauduleuses ou d’arnaques financières de la part d’aventuriers sans foi ni loi ou d’agent privés véreux », Daniel Claude Abate reproche aussi au gendarme financier de la CEMAC d’avoir manqué « préalablement de se rapprocher de manière contradictoire des promoteurs de comme le voudraient les bonnes pratiques en la matière.. » avant de mettre en circulation sur les réseaux sociaux « un communiqué sans cachet ni signature » qui « qualifie d’illégale l’opération de souscription aux actions de United Forest Finance » et relève que « la Cosumaf n’a pas compétence pour autoriser un établissement de microfinance ».
De plus, indique le responsable, la levée de fonds se fait dans le cadre restreint et limité. Ce qui ne saurait être assimilé à un appel public à l’épargne au sens de la règlementation de la Cosumaf. « Nous ne voyons donc aucune illégalité ni violation de ladite réglementation dans notre démarche », martèle le président exécutif de Patronat du Sud.
Il précise le projet d’EMF en cours n’a pas à être comparé ou assimilé de près ou de loin aux initiatives foireuses d’arnaques ou de spéculation financière pyramidale ou crypto monétaire qui ont escroqué des épargnants camerounais en leur faisant miroiter des gains exceptionnels. « Nous ne pouvons accepter le rapprochement et l’amalgame que ce communiqué veut faire de notre opération avec ces cas », martèle M. Abate.
Daniel Claude Abate conclut qu’en tout état de cause, et afin de dissiper les incompréhensions ou conflits d’interprétation de notre opération de souscription aux actions U2F en cours, une délégation du comité exécutif du Patronat du sud entend se rendre dans les tous prochains jours à Libreville au Gabon, siège de la Cosumaf, pour engager un dialogue constructif avec le souci de trouver un modus operandi pour la poursuite sereine du processus de constitution de la Microfinance querellée.
Source du conflit
Pour mémoire, le 21 juillet dernier, le président de cette institution de régulation sous-régionale, Jacqueline Nkembeépouse Adjaba, a signé un communiquer pour dénoncer l’initiative de création d’un établissement de microfinance (EMF) par appel public lancée depuis le 26 juin dernier par Daniel Claude Abate, président exécutif du mouvement patronal « Patronat du Sud ». M. Abate est accompagné dans cette aventure de collecte de fonds publics en vue de constituer le capital de l’EMF dénommé « United Forest Finance » par plusieurs personnalités : Patrice Melom (actuel Directeur général du Port autonome de Kribi), Alain Noël Olivier Mekulu Mvondo Akame (actuel Directeur général de la Cnps), Cyrill Edou Alo’o (Directeur du budget), Philémon Zo’o Zame (Directeur général de l’Art), Andrée Caroline Mebande (Directeur général du Ceneema), Daniel Olle Olle, Bonaventure Mvondo Assam, Martin Bile Bidjang, Alain Ngondi, Elissar Mbang Ekoutou, et Joël Monefong.
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Dans le comité ad hoc dudit projet, les membres suivants avaient été désignés comme conseillers techniques : Valentin Mbozo’o (Directeur général du Gimac), Lucien Piado(Président de la sous-section Rdpc Kribi rural nord 6), Jean Claude Ebe-Evina, Sandrine Djummo. Comme membres de la commission « Mobilisation Diaspora & Partenariats Internationaux », figurent Martin Bilé Bidjang (Asie), Jocelyne Essam (Europe) Daniel Medjo Me Ze (États-Unis).
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Pour motiver son alerte, la Cosumaf écrit : « dans son appel à souscriptions adressé au public, United Forest Finance se présente comme le premier établissement populaire de microfinance de la région du Sud [Cameroun]. La Cosumafrappelle que le placement d’instruments financiers (actions, obligations, etc.) dans le public, qui se traduit par des sollicitations sous diverses formes pour inviter à souscrire lesdits instruments, constitue un service d’investissement règlementé et soumis à la délivrance d’un agrément préalable. La structure United Forest Finance ne figure pas sur la liste des organismes agréés par la Cosumaf et habilités à fournir le service de placement de titres émis par appel public à l’épargne ». Ce que Daniel Claude Abate rejette en bloc.
Péril sur le projet
Patronat du Sud voulait lever 300 millions de FCFA pour constituer le capital de sa microfinance. Les souscriptions devaient s’acheter le 31 août 2023. Le siège social de l’établissement a été fixé à Kribi, capitale économique de la Région du Sud, et la Direction générale de l’établissement était prévu à Ebolowa, chef-lieu de Région. Après les souscriptions dont le minimum a été fixé à 50 000 FCFA (10 000 FCFA l’action), il était question d’une assemblée générale constitutive (AGC) de United Forest Finance (U2F) SA au cours de la 1ere quinzaine du mois d’août 2023. Elle devait regrouper exclusivement les souscripteurs d’actions (ou leurs représentants mandatés) qui auront effectivement libéré la totalité de leurs souscriptions à la date de la tenue de l’AGC (avis de virement bancaire ou de versements d’espèces au compte séquestre et quitus du notaire faisant foi).
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Pour conduire cette opération de collecte de l’épargne public, c’est la filiale camerounaise de Bange Bank qui a été choisie. Pour inciter le public à acheter des actions, U2F promettait deux types de gains. En cas de bénéfices conséquent au cours d’un exercice, l’actionnaire peut s’attendre à un dividende par action suivant le montant décidé ou fixé par l’assemblée générale des actionnaires. « Il en sera ainsi à chaque exercice comptable au bénéfice conséquent », peut-on lire sur le prospectus produit à cet effet.
Le deuxième gain promis est qu’en cas de bonne performance continue de la microfinance, l’action souscrite aujourd’hui à 10 000 FCFA peut prendre de la valeur auprès des potentiels investisseurs et valoir 12 000 voire 20 000 FCFA en cas de cession ou de rachat desdites actions, soit une plus-value pouvant atteindre 50% à 100% de l’investissement de départ ».
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Avec le conflit engagé avec la Cosumaf, cela pourrait décourager les souscripteurs. Cela pourrait aussi retarder la création de cette microfinance.