Présidentielle au Gabon : des économistes en lice pour remplacer Ali Bongo
Hugues Alexandre Barro Chambrier, Albert Ondo Ossa, Raymond Ndong Sima ou encore Pierre Claver Maganga Moussavou ont l’économie chevillée à la peau et veulent challenger le chef de l’Etat sortant.
Ils ont tous la particularité d’avoir servi aux côtés du président de la République, Ali Bongo Ondimba. L’ancien Premier ministre Raymond Ndong Sima, est celui qui par qui la règle non écrite qui accordait la primature à la province de l’Estuaire a été battue en brèche. Originaire de la province du Woleu-Ntem dans le nord du pays, le diplômé de la Sorbonne, option économétrie, hérite d’un poste qui n’obéit plus à aucune préséance sociolinguistique. En 2016, il se présente face à Ali Bongo à la présidentielle avec un programmé à califourchon sur l’économie.
Lire aussi : Gabon : le Français Maurel & Prom annonce une hausse de 14% de sa production de pétrole au 1er semestre 2023
Auteur de plusieurs ouvrages, ce spécialiste de l’économie internationale souligne que : «Il est urgent de proposer un horizon serein afin d’inscrire le Gabon dans une dynamique de croissance saine et forte pour que ce pays devienne une zone de prospérité capable d’entraîner à sa suite l’ensemble de l’Afrique centrale. Reste à définir les modalités d’une telle stratégie».
Raymond Ndong Sima, qui a été Premier ministre du 27 février 2012 au 24 janvier 2014, met à jour les dysfonctionnements qui, en grippant les rouages institutionnels et économiques de son pays après l’indépendance, ont affecté son développement. Son propos ne se borne pas au diagnostic : observant avec lucidité le contexte intérieur aussi bien que mondial, il énumère des remèdes susceptibles d’endiguer le mal. L’ordonnance est sévère ; mais en suivre les prescriptions semble être d’une nécessité vitale pour sortir le pays de la morosité dans laquelle il git.
Barro Chambrier
Alexandre Barro Chambrier a été sorti du gouvernement Raymond Ndong Sima le 28 février 2012 alors qu’il y est entré en 2009 au poste de ministre du Pétrole et des Mines. Né en 1955 en France, ABC comme aiment à l’appeler les intimes à Libreville, a obtenu son doctorat en sciences économiques (nouveau régime) à l’IEP de Paris en 1987. Il a pour directeur de thèse, l’économiste et homme politique français, Raymond Barre. Il est agrégé en sciences économiques en 1991. Il inaugure sa carrière politique en 1990 par le poste de secrétaire d’Etat. Entre 1994 et 2002, il fait valoir ses compétences au FMI comme administrateur d’un portefeuille de 24 pays. à ce poste, il sera l’un des concepteurs de l’Initiative PPTE qui visait à restructurer la dette des pays pauvres très endettés.
Lire aussi : Transport : le passeport gabonais le plus puissant en zone Cemac (rapport)
De retour à Libreville, il va servir à nouveau le président Omar Bongo Ondimba puis d’Ali Bongo Ondimba dans nombre de ministères sans discontinuer entre septembre 2004 et février 2012. Député de la nation, il mènera la dissidence des députés PDG à l’Assemblée nationale en 2016 qui s’en iront créer le courant «PDG-Héritage et Modernité». Ce qui va le conduire dans les bras de Jean Ping derrière qui il va se ranger en 2016.
Issu d’une famille influente du Gabon, Hugues Alexandre Barro Chambrier est le fils de Marcel Eloi Rahandi Chambrier, premier pédiatre gabonais et ancien président de l’Assemblée sous Omar Bongo. Un passé prestigieux qui vaut bien des critiques auprès de la population à celui qui veut rassembler autour de sa candidature toute l’opposition.
Albert Ondo Ossa
Le professeur Albert Ondo Ossa est l’un des plus brillants économistes que compte le continent notamment en ce qui est de l’économie monétaire. Né le 17 juillet 1954, agrégé d’économie en 1987 et professeur titulaire en 1996 dans la spécialité finances internationales, Albert Ondo Ossa est professeur d’économie à la faculté de droit et des sciences économiques de Libreville. L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur d’Omar Bongo Ondimba, a axé son programme politique sur l’éducation et le développement des infrastructures.
Lire aussi : Gabon : l’entreprise BW Energy projette une hausse de sa production de pétrole de 3000 barils/jour
Il brique la magistrature suprême pour résoudre les problèmes et les besoins des Gabonais. Pour cela, il préconise un sondage de masse dont l’objectif consiste à décliner et comprendre les exigences de la société ; identifier et proposer des solutions concrètes et idoines aux problèmes courants ; et enfin élaborer et mettre une stratégie en vue de sortir le pays de l’impasse.
Pierre Claver Maganga Mousavou
Pierre Claver Maganga Moussavou, ancien vice-président de la République, après la présidentielle de 2016, va briguer le poste de président de la République. Lors de l’élection présidentielle de 2016, il a occupé le poste de directeur de campagne du candidate de l’opposition Jean Ping. Contre la volonté de ce dernier, il participe au dialogue voulu par le président Ali Bongo lancé en mars 2017 dans le but d’apaiser les tensions nées de la crise post-électorale. Il sera nommé vice-président du Gabon en août 2017 à l’issue de la grand’messe d’Angondje.
Lire aussi : Gabon : SCG-Ré va verser 981,4 millions de dividendes aux actionnaires pour l’exercice 2022
Depuis 1993, l’économiste passé par la Sorbonne, président du Parti Social Démocrate (PSD), qui a fait ses classes dans le Commissariat général à l’Aménagement du territoire en 1990, prône depuis 2009, la « provincialisation ». Ce projet ambitionne d’importantes réformes qui consistent en gros sur la refonte du Code forestier, la création d’un fonds d’insertion et de réinsertion à hauteur de 15,7 milliards de francs CFA, l’exigence faite à chaque entreprise exploitant les richesses du sol et sous-sol, de présenter un ou plusieurs projets de diversification de ses activités, en y consacrant tout ou une partie de la Provision pour investissements diversifiés (PID), etc.
Concernant le pilier relatif à la route, Pierre Claver Maganga Moussavou qui a été plusieurs fois ministre sous Omar Bongo Ondimba, promet d’y consacrer, sur cinq ans, 300 milliards de francs CFA pour permettre au Gabon d’avoir un réseau d’environ 3000 kilomètres de routes bitumées en reliant prioritairement les capitales provinciales entre elles.
À l’occasion de la présidentielle 2023 au Gabon EcoMatin fixe ses lecteurs sur les enjeux de ce scrutin à travers une série d’analyses et de décryptages des candidats et de leurs programmes. Abonnez-vous à nos plateformes sociales :
A LIRE AUSSI