Contre-performances des entreprises publiques : les 5 facteurs aggravants qui ont fait plier l’État du Cameroun
En plus de la conjoncture économique internationale, les conditionnalités des bailleurs de fonds, ou des placements et investissements hasardeux, les entreprises et établissements du secteur public et parapublic sont confrontés à une absence d’innovation technologique, l'immobilisation non productive dans l'outil de production, absence des économies d’échelle, structure pléthorique de coûts, déséquilibre de la structure financière. Pour inverser cette tendance budgétivore, les Cabinets Français Ledcoop et Camerounais Bekolo & Partners devront proposer une thérapie de choc au Gouvernement afin de redynamiser ou de restructurer les nombreux chevaux blancs dont regorge son portefeuille d'entreprises.
Sous pression des bailleurs de fonds, notamment le Fonds monétaire international (FMI), et face à une conjoncture persistante, l’État du Cameroun a décidé d’engager une démarche de correction de sa gouvernance des établissements et entreprises publics (EEP) . Ceci, à travers le lancement d’une étude sur sa politique actionnariale, depuis le 18 juillet 2023. Tout part de l’examen d’un document annexé à la loi de finances 2021, qui apporte plus de précisions sur cette nouvelle politique gouvernementale. Ledit document révèle des faiblesses, manquements et carences dans le modèle actuel de la politique actionnariale publique. Notamment en ce qui concerne la rentabilité des investissements consentis par l’État au sein de ces entités.
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Il ressort de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), organisme initiateur de la démarche-diagnostic sur l’actionnariat public du Cameroun, que les actions détenues par l’État du Cameroun, ne débouchent pas sur les résultats escomptés, malgré la diversité de son portefeuille. Ces contre-performances s’expliquent de façon générale, d’après cet organisme, par « leurs faibles performances économiques et une mauvaise politique financière ». La Cameroon development corporation (CDC), deuxième plus gros employeur public, au sein duquel l’État du Cameroun dispose de 100 % de parts d’actions, est fort caractéristique des résultats négatifs du portefeuille des entreprises publiques.
En effet, dans son rapport sur l’exercice 2021, la CTR indique que CDC a enregistré des pertes cumulées de 41,1 milliards de FCFA en 3 ans, entre 2019 et 2021. D’après le même rapport, un total de 11 entreprises publiques ont enregistré un résultat net négatif. Pour un cumul estimé à environ 30 milliards de F : Camair-Co (-12 695 milliards) et Cicam (-5,154 milliards), ou la Semry (-1,4 milliard de F). « Le taux de rentabilité financière s’établit à -14,5 %, soit 6,5 points de moins qu’en 2018. Depuis l’exercice 2017, cette rentabilité est plombée par la situation structurellement déficitaire de ces entreprises », précise le rapport.
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On note également des facteurs aggravants qui plombent de façon négative les performances de ces entités. 5 au total sont définies par la CTR : l’absence d’innovation technologique, la présence dans l’outil de production des immobilisations non productives et non nécessaires à l’exploitation, l’absence des économies d’échelle et une structure pléthorique de coûts, dont notamment la masse salariale qui constitue une composante majeure des charges de ces entreprises, un besoin en fonds de roulement toujours important lié au déséquilibre de la structure financière des entreprises publiques, une stratégie marketing peu efficace, voire moribonde. Face à cette situation catastrophique, le ministre des Finances a décidé de placer certaines EEP sous-contrats de performances, à compter du 1er janvier 2023.
L’État du Cameroun à travers la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic, se donne ainsi 3 mois pour disposer, grâce au groupement Français Ledcoop et au Cabinet Camerounais Bekolo & Partners, un rapport diagnostic approfondi de la gouvernance des EEP, ainsi que des mécanismes de gestion des participations de l’État, d’un rapport sur la présentation des scanarii de vision actionnariale de l’État, et un rapport sur la politique actionnariale de l’État avec les instruments juridiques de la réforme.EEP, ainsi que des mécanismes de gestion des participations de l’État, d’un rapport sur la présentation des scanarii de vision actionnariale de l’État, et un rapport sur la politique actionnariale de l’État avec les instruments juridiques de la réforme.
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L’équipe-projet devra passer au peigne fin les EEP par une méthodologie visant qui portera sur un diagnostic du cadre institutionnel et juridique des entreprises et établissements, un diagnostic de leur classification, celui de leur gouvernance, ainsi qu’un diagnostic de la gestion des participations de l’État. Suivra la modélisation des différents scénarii, et la définition d’une vision à moyen et long terme de la politique actionnariale de l’État. Par ailleurs, Ledcoop/Bekolo & Partners proposent à l’État du Cameroun, la définition des critères d’actionnariat public, le redimensionnement du portefeuille des EEP, une stratégie de pilotage des participations Etat, un cadre juridique et institutionnel des EEP, une stratégie de mise en œuvre de la politique actionnariale, etc.EEP, une stratégie de pilotage des participations Etat, un cadre juridique et institutionnel des EEP, une stratégie de mise en oeuvre de la politique actionnariale etc.
À terme, l’État du Cameroun sera capable pour chaque établissement public ou entreprise publique, d’adopter des indicateurs qualitatifs ou quantitatifs relatifs à la gestion des ressources organisationnelles, humaines, techniques, matérielles, temporelles et financières dont dispose la structure. Il pourra également prendre des engagements précis et soutenables en termes d’appuis institutionnels ou réglementaires, de contributions financières ou patrimoniales (foncier, équipement, infrastructures), de facilitations administratives diverses dans les limites prescrites par les lois et règlements en vigueur.
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