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Emprunt obligataire 2023 du Cameroun : Afriland Bourse & Investment complète la prise ferme à 104 milliards de FCfa

Avant l’ouverture des souscriptions le 13 juin 2023, la société de bourse du groupe bancaire Afriland First Bank a ajouté 12 milliards de FCfa à l’enveloppe de 92 milliards déjà garantie par le consortium des arrangeurs. Ce qui augmente les chances de succès de la levée de fonds que le Cameroun lance dans un contexte difficile sur le marché des capitaux.

Le ministre délégué auprès du ministre des Finances, Yaouba Abdoulaye, a annoncé le 14 juin 2023, lors de la conférence de presse de lancement du road-show de l’emprunt obligataire à tranches multiples lancé par le Cameroun, que la prise ferme décidée par le consortium des arrangeurs de l’opération a finalement atteint 104 milliards de FCfa. Ce qui correspond à 70% de l’enveloppe de 150 milliards de FCfa à mobiliser dans le cadre de cette opération. Selon les experts de la finance, la prise ferme représente le montant que les arrangeurs d’un emprunt s’engagent à mettre à la disposition de l’emprunteur, avant même l’ouverture des souscriptions, qui permettent alors simplement de compléter l’enveloppe de la prise ferme.

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L’ajout d’Afriland Bourse & Investment, qui provient d’Afriland First Bank, sa maison-mère, porte ainsi à 32 milliards de FCfa le montant de la prise ferme garantie à l’Etat du Cameroun par le groupe bancaire fondé et contrôlé par le milliardaire camerounais Paul Kammogne Fokam, informent les sources d’Ecomatin au ministère des Finances. Cette cagnotte représente près de 31% de la prise ferme totale, faisant du groupe Afriland l’acteur majeur de l’emprunt obligataire 2023 de l’Etat du Cameroun. En effet, l’enveloppe garantie par ce groupe bancaire augmente considérablement les chances de succès du 7ème appel public à l’épargne de l’histoire du Cameroun, qui se déroule dans un contexte de durcissement des conditions de financement sur le marché des capitaux par la Beac, soucieuse de combattre l’inflation.

Concrètement, avec une prise ferme portée finalement à 104 milliards de FCfa, au lieu des 92 milliards de FCfa initiaux, le Cameroun recherche désormais sur le marché financier sous-régional une enveloppe de seulement 46 milliards de FCfa, au lieu de 58 milliards de FCfa. De bonnes sources, 10 autres milliards de FCfa seraient d’ores et déjà disponibles. En effet, lors de la conférence de lancement du Road-show le 14 juin 2023 à Yaoundé, Ernest Pouhé, le directeur général d’Attijari Securities Central Africa (Asca), la société de bourse d’Attijariwafa Bank, qui contrôle le capital de SCB Cameroun, a annoncé que la prise ferme de 104 milliards de FCfa révélée par le ministre Yaouba Abdoulaye n’était que provisoire, puisqu’une enveloppe supplémentaire était encore en cours de mobilisation par le consortium des cinq arrangeurs.

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Sur ce détail, les sources d’Ecomatin soutiennent que l’enveloppe en question est de 10 milliards de FCfa. Sauf que, fait remarquer un cadre du ministère des Finances, après l’ouverture des souscriptions, on ne peut plus parler de prise ferme, mais simplement d’un placement ordinaire. « La nuance est d’autant plus importante que la commission à verser par l’émetteur pour la prise ferme est d’environ 0,5% supérieure à la commission de placement. Il y a donc un enjeu financier derrière, selon qu’il s’agit d’une prise ferme ou d’une simple souscription », explique la source.

Le ministre Motazé tape du poing sur la table

En tout cas, avec une prise ferme de 104 milliards de FCfa, le Cameroun déroule son opération avec beaucoup plus d’assurance. Ce qui n’était pas du tout le cas lors des premières négociations avec le consortium des arrangeurs constitué d’Afriland Bourse & Investissement, Société Générale Capital Securities Central Africa, Attijari Securities Central Africa (Asca), Upline Securities Central Africa (Usca) et Financia Capital. En effet, alors que le Cameroun tablait encore sur un emprunt de 200 milliards de FCfa, le consortium n’a fait au ministre des Finances, Louis Paul Motazé, qu’une offre de prise ferme d’un montant de 45 milliards de FCfa. Avec une telle enveloppe de prise ferme, le Cameroun devait se présenter sur le marché avec un besoin de 155 milliards FCfa, ce qui aurait été suicidaire, puisque le pays peine déjà depuis le début de cette année à mobiliser des enveloppes de moins de 50 milliards FCfa sur le marché des titres publics de la Beac, par exemple.

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Conscient de cette réalité, « le ministre Motazé a dû convoquer les directeurs généraux des banques et sociétés affidées, pour taper du poing sur la table », confie une source qui a participé aux négociations. Face à l’interpellation du ministre des Finances, les arrangeurs vont revoir leur enveloppe à la hausse. Une prise ferme de 102 milliards de FCfa est finalement proposée au gouvernement. Mais, cette offre, qui valait pour un emprunt de 200 milliards de FCfa, sera ramenée à 85 milliards de FCfa, puis 92 milliards de FCfa, et finalement 104 milliards de FCfa, avec la décision du gouvernement de réduire son appel public à l’épargne à 150 milliards. Mais, pour en arriver là, il a fallu des négociations très serrées entre les parties. Ce qui a d’ailleurs conduit au différemment du lancement de l’emprunt obligataire de l’Etat du Cameroun au mois de juin 2023, au lieu du mois de mai, comme annoncé dans le calendrier prévisionnel des opérations sur les titres publics de l’Etat pour l’année 2023.

Il est à rappeler que pour cet emprunt obligataire, dont les souscriptions s’arrêtent le 30 juin prochain, le Cameroun a fait le choix d’une opération à tranches multiples, pour à la fois avoir la maîtrise des taux d’intérêt et offrir davantage de marges de manœuvre aux investisseurs. Sur une première tranche pour laquelle les investisseurs sont appelés à souscrire à hauteur de 40 milliards de FCfa, le taux d’intérêt servi est de 5,80%, pour une maturité de 3 ans. Sur une seconde tranche de 40 milliards de FCfa, pour une maturité de 4 ans, les souscripteurs sont rémunérés à 6%. Une troisième tranche de 50 milliards FCfa est proposée aux investisseurs à un taux d’intérêt de 6,75%, pour une maturité de 6 ans. Enfin, une 4e tranche d’un montant de 20 milliards de FCfa est rémunérée à 7,25%, pour une maturité de 8 ans. Pour les tranches 2 à 4, les périodes de différé sont respectivement de 2 et 3 ans.

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