Route Ebolowa-Akom II-Kribi : le gouvernement se dédit à nouveau au sujet du financement des travaux
Les négociations avec UK Export Finance étant au point mort depuis une dizaine d’années, le ministre des Travaux public avait annoncé en mars 2023 que les travaux seraient finalement financés sur fonds propres de l’Etat et démarreraient cette année. Trois mois après, le Minepat sollicite une habilitation à signer deux accords de prêt d'un montant global 138 milliards Fcfa avec la banque britannique et sa consœur Standard Chartered Bank. Ce projet a été annoncé par le chef de l’Etat lors du comice agropastoral d’Ebolowa, en 2011.
Sur un ton péremptoire, le ministre des Travaux publics (Mintp), Emmanuel Nganou Djoumessi, a annoncé le 29 mars dernier, lors d’une réunion relative à la construction de la route Ebolowa-Akom II-Kribi qu’il présidait avec les parties prenantes, en présence du maître d’œuvre, l’entreprise italienne ICM, que les travaux dans le cadre de ce projet seraient exécutés avec des ressources propres de l’Etat issues du budget d’investissement public (Bip) 2023. Il ajoutait que cette mesure va permettre le démarrage du projet cette année, cependant que le gouvernement poursuivra la recherche d’un financement complémentaire. Ce choix traduisait une sorte de plan B du gouvernement, les négociations avec le partenaire financier, la banque britannique UK Export Finance (UKEF), étant au point mort depuis plusieurs années pour des raisons inconnues du public. Mais, cette option semble avoir fait long feu, à en juger par la demande d’habilitation du ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Alamine Ousmane Mey, à signer deux accords de prêt d’un montant total de 210,7 millions d’euros, soit un peu plus de 138 milliards Fcfa, avec UKEF et sa consœur Standard Chartered Bank, pour le financement de ce projet. Les lignes ont sans doute bougé côté négociations avec le partenaire financier.
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Ce montant est en dépassement de près de 16 milliards Fcfa par rapport au coût initial du projet estimé il y a une dizaine d’années à 122,4 milliards Fcfa, pour un linéaire de 179,2 kilomètres. Le Minepat renseigne en effet que la maturation dudit projet qui est inscrit dans le plan d’endettement de l’exercice 2023, s’est opérée sur le plan technique et financier par l’accomplissement satisfaisant de toutes les diligences règlementaires requises, conformément au décret N° 2018/4992/Pm du 21 juin 2018 ; ce qui a conduit à la délivrance du visa de maturité, du rapport de conformité et de l’avis favorable du Comité national de la dette publique (Cndp). Pour ce qui est de la structuration financière, le coût global du projet est estimé à près de 167 milliards Fcfa TTC, décliné de la manière suivante : l’emprunt d’un montant 138,2 milliards Fcfa dédié au financement des travaux évalués à 109,4 milliards Fcfa ; des indemnisations (5 milliards Fcfa); de la maîtrise d’œuvre (670,8 millions Fcfa) et de la prime d’assurance due à UKEF, laquelle s’élève à environ 17,1 milliards Fcfa).
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Intérêts trop élevés
La contrepartie de l’Etat, d’un montant d’un peu plus de 46,5 milliards Fcfa, sera dédiée aux taxes et droits de douane, aux aléas, au cabinet d’audit et au fonctionnement de l’unité de gestion du projet. Dans le détail, l’architecture de l’emprunt comprend un prêt commercial de Standard Chartered Bank (SCB) de 5%, soit 7,8 milliards Fcfa et un prêt garanti UKEF de 95% du montant, soit 130,4 milliards Fcfa. C’est une opération qui, si menée à terme, devrait coûter les yeux de la tête au trésor camerounais au regard du taux d’intérêt de ce prêt. Alamine Ousmane Mey explique en effet que les négociations pour l’accord avec UKF ont abouti à l’obtention, depuis 2021, à un TEG (taux annuel effectif global, qui représente le coût du crédit) pondéré de 3,95%. Mais, à date, et en raison de la remontée des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE), poursuit le ministre, ce taux a bondi à 7,78%.
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Le prêt commercial qui sera signé avec SCB conformément aux conclusions des négociations susmentionnées, quant à lui, sera dédié à la réalisation des études d’avant-projet détaillé (Apd) définitives, à la finalisation des études d’impact environnemental et social, à la construction de la base vie et aux installations du partenaire technique ICM ainsi qu’au maintien de la circulation sur l’axe routier. Pour mémoire, la construction de la route Ebolowa-Akom II-Kribi permettra d’une part, le désenclavement des villes d’Ebolowa, Akom II et Kribi, et d’autre part, de fluidifier à terme, le transport des marchandises en provenance du port en eau profonde de Kribi et l’amélioration de la sécurité des biens et personnes. Le projet a été annoncé par le président de la République, Paul Biya, lors du comice agropastoral d’Ebolowa, en janvier 2011.
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