Autoroute Kribi-Lolabé : le Mintp veut reviser le contrat de partenariat public-privé avec le Chinois Chec
D'après Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre des Travaux publics, les simulations d'exploitation effectuées par le prestataire ont été surévaluées au regard du trafic actuel sur cet axe. Trafic réel qui varie entre 20 et 27%. Loin des 40% prévus dans le modèle financier est égal à environ 40% du trafic de conception de l’autoroute. Soit un gap de 3,53 milliards de FCFA.
La réunion entre le ministre des Travaux publics(Mintp), Emmanuel Nganou Djoumessi, et les responsables de la société China Harbour Engineering Company (Chec) qui exploite l’autoroute Kribi-Lolabé était qualifiée de spéciale. L’ordre du jour portait particulièrement sur les retombées du contrat type Engineering Procurement Construction, signé le 28 novembre 2012, entre cette entreprise et l’Etat du Cameroun. Contrat qui attribue l’exploitation de cette autoroute à l’entreprise chinoise. La rencontre visait à explorer les voies et moyens pour une relecture, un réexamen et un réajustement du contrat PPP liant l’Etat du Cameroun à l’entreprise Chec. Il s’agissait en réalité d’établir une cohérence entre les recettes de l’autoroute et les obligations de l’Etat, au regard des incohérences apparues entre les projections des recettes effectuées et leur réalité après la mise en exploitation de cette autoroute, le 29 juillet 2022.
Lire aussi : Performances : le Port en eaux profondes de Kribi a généré 460 milliards Fcfa de recettes douanières en cinq ans
Ainsi, il ressort après analyses et confrontations que les prévisions sont largement supérieures aux recettes d’exploitation actuelles, provenant du trafic réel depuis la mise en service de l’autoroute Kribi-Lolabé. Pour le ministre des Travaux publics « d’après les constats effectués, le trafic utilisé dans le modèle financier est égal à environ 40% du trafic de conception de l’autoroute. Le trafic réel varie entre 20 et 27% du trafic attendu. Les hypothèses de trafic utilisées par l’entreprise chinoise sont très optimistes et doivent être justifiées », indique le membre du gouvernement.
Lire aussi : Kribi : le PAK mise sur Bolloré et Cie pour créer une zone industrielle sur 500ha
Il a ainsi été observé par les parties que le montant total des loyers facturés par l’opérateur au 31 mai 2023 s’élevait à la somme de 3,18 milliards de FCFA pour une exploitation et maintenance courante, une enveloppe de 1, 91 milliard de FCFA pour la gestion. Les recettes de péage, dont le montant total collecté par l’opérateur et reversé dans le « control account » depuis la mise en service, s’élève à 705, 8 millions de FCFA au 31 mai 2023. Il apparaît conséquemment un gap entre les recettes et les dépenses qui se situent à hauteur de 3,53 milliards de FCFA.
« Le trafic étant en dehors du tunnel de neutralité de +/-25% provoque un déséquilibre économique et financier du contrat. L’objectif de la rencontre était de relire et d’examiner les possibilités de réajustement du contrat PPP liant l’Etat à l’entreprise Chec, en vue d’assurer la cohérence entre les recettes de l’autoroute et les obligations de l’Etat. Il faut en effet relever que les projections des recettes faites sont confrontées au niveau d’exploitation actuelle du Port autonome de Kribi et du trafic induit en conséquence. Le gap dû au tarif représente 8.4% du gap total, d’où la relecture du contrat », justifie-t-on au Mintp.
Lire aussi : Activités industrielles: la hausse des coûts de production fait suffoquer les entreprises
Rappelons que les hypothèses sur lesquelles reposait le trafic simulé étaient essentiellement basées sur le trafic portuaire et les activités de la zone industrielle du complexe industrialo-portuaire de Kribi.
Au terme de la concertation à laquelle prenaient part les Directeurs généraux de l’Économie et de la Programmation des Investissements au Minepat (Ministère de l’économie, du plan et de l’aménagement du territoire), le Directeur général du Budget, les Directeurs généraux de Chec et Khm, le Directeur général adjoint du Port autonome de Kribi, des hauts responsables de la Caisse autonome d’Amortissements etc…., plusieurs recommandations ont été consensuellement arrêtées: la révision du contrat PPP, l’éclatement des loyers à verser au partenaire, le redimensionnement des charges afin qu’elles tiennent compte du trafic réel, le renforcement des actions de la gendarmerie, le déploiement d’une campagne de sensibilisation des riverains et usagers. Dans les prochains jours, un comité de suivi ad hoc sera mis sur pied afin d’opérationnaliser ces mesures.
A LIRE AUSSI