Cotco: le Tchad révoque les administrateurs de Savannah
Au terme de l’assemblée générale de l’entreprise qui assure la gestion de l’oléoduc Tchad-Cameroun tenue à Paris le 24 mai 2023, la révocation totale avec effet immédiat de tous les administrateurs représentant Esso Pipeline Investments Limited ainsi que de son directeur général a été adoptée. Dans la même veine, la distribution de dividendes pour 2022 aux actionnaires a également été rejetée par l’assemblée générale y compris l’intérim de Hamed Stéphane Soumahoro Khalif Allah.
Dans la décision de la Commission de la Cemac portant autorisation de l’acquisition des actifs de Petronas Carigali Chad exploration & Production Inc par la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT), rendue le 15 mai 2023, après avis conforme de la Commission de la concurrence communautaire, le nom de Savannah ni celui d’Esso n’apparaît nulle part dans la géographie du capital. Nulle part dans sa décision, le président de la Commission de la Cemac n’évoque cette société, un peu comme si la transaction avec Exxon Mobil n’avait jamais eu lieu.
Lire aussi : Pipeline Tchad-Cameroun : Nicolas de Blanpré est le nouveau DG de CotCo (Savannah Energy)
Cette situation qui au départ semblait confuse du fait de la non-évocation des conséquences du deal entre Savannah Midstream Investments, Exxon Mobil et la SNH, l’assemblée générale de Cameroon Oil Transportation Company du 24 mai 2023 à Paris a levé toute équivoque sur quelque incompréhension sur la géographie du capital de Cotco. Car, SHT, qui détient désormais une participation majoritaire de 60% dans le consortium Doba Pipeline Investments, dans l’oléoduc Tchad-Cameroun avec respectivement 59,82% de parts dans Tchad Oil Transportation Company (Totco) et 53,77% dans Cotco, a fait valoir son droit de préemption dans le tour de table.
Aussi le gouvernement tchadien, au sens des nouveaux statuts de Cotco, a-t-il décidé «la révocation avec effet immédiat de tous les administrateurs représentant EPIL, en ce compris le Président-Directeur général ». Ce dernier,Roger Schaeffer, a quitté effectivement ses fonctions le 24 mai 2023 au terme de l’Assemblée générale de Paris. Ceci « après avoir constaté que, n’étant plus membre du consortium exploitant le champ de Doba au Tchad, EPIL n’a plus le droit, selon les statuts de Cotco SA, de détenir des actions dans Cotco SA.
Lire aussi : Affaire Savannah Energy : les dessous du deal entre le Cameroun et le Tchad
«Cette assemblée générale a rejeté la quasi-totalité des projets de résolutions précédemment proposés par EPIL, y compris la résolution proposant l’affectation du bénéfice et la distribution de dividendes au titre de l’année 2022 ».
Ce communiqué du gouvernement tchadien fait suite au communiqué de Nicolas Aubin de Blanpré, nouveau directeur général nommé par le conseil d’administration du 24 mai 2023, qui a confié à Hamed Stéphane Soumahoro Khalif Allah, les fonctions de directeur général par intérim de Cotco. De fait, Nicolas Blanpré, dans la poursuite de la délégation de pouvoirs formelle reçue par le secrétaire général actuel, Hamed Stéphane Soumahoro, du 27 mars au 24 mai 2023, informe à travers un communiqué signé le 1er juin, que ce dernier assure l’intérim du directeur général suivant « délégation de pouvoir spéciale signée le 24 mai 2023 ».
Dans ce cadre, écrit l’actuel Dg, «Hamed Stéphane Soumahoro Khalif Allah a tous pouvoirs pour représenter le directeur général et engager la société». Dans la foulée de ce communiqué, un collectif d’avocats composé de Me Michel Voukeng et Me Guy Alain Togoua, tous deuxavocats au barreau du Cameroun, prend le contre-pied du DG et informe la communauté des intérêts de Cotco que « M. Hamed Stéphane Soumahoro n’est pas et ne peut être le directeur général de Cotco. Même par intérim. »
Lire aussi : Affaire Savannah : le Secrétaire Général à la Présidence du Tchad en visite officielle au Cameroun
Entre autres raisons, les deux avocats convoquent le fait que «Nicolas Aubin de Blanpré a été désigné par le conseil d’administration administrateur directeur général de Cotco sous réserve de la validation de cette promotion par l’assemblée générale et le ministère de l’Emploi ». De plus, « aucun intérimaire n’a été nommé ».
Tout en indiquant que tous les actes pris par Hamed Stéphane Soumahoro seront attaqués en nullité en justice, le collectif précise que le départ du DG sortant le 24 mai 2023 «vaut révocation de toute délégation de pouvoir conférée à sieur Soumahoro ».
Un imbroglio que tranche le communiqué du gouvernement tchadien. «En qualité d’actionnaire majoritaire de Cotco, la République du Tchad et la SHT prennent les mesures nécessaires, en consultation avec les autorités camerounaises, afin qu’un nouveau directeur général soit nommé par le conseil d’administration de Cotco ».
En somme, l’avenir de Nicolas Aubin de Blanpré n’est pas assuré à Cotco si l’on s’en tient aux conclusions du communiqué du gouvernement tchadien que signe le ministère des Hydrocarbures.
A LIRE AUSSI