Financement de l’agriculture : les banques centrales africaines en quête de solutions face aux changements climatiques
Du 15 au 17 mai 2023, un séminaire continental a été organisé à cet effet à Yaoundé par la faîtière des instituts d’émission du continent.
« Impact du changement climatique sur la sécurité alimentaire et l’inflation en Afrique : rôle du secteur financier dans le financement de l’agriculture et l’économie verte ». C’est le thème du séminaire continental de trois jours, qui s’est ouvert le 15 mai 2023 à Yaoundé, à l’initiative de l’Association des banques centrales africaines (Abca). En effet, selon la faîtière des instituts d’émission du continent, qui regroupe à ce jour environ 40 banques centrales, « le changement climatique provoque une hausse importante des phénomènes de désertification, des changements de régimes de précipitations et des catastrophes naturelles qui affectent fortement les économies africaines ». Ceci dans la mesure où, poursuit l’Abca, « la sensibilité de la production alimentaire aux conditions climatiques crée une forte dépendance des pays africains aux importations, ce qui entraîne leur grande exposition à l’inflation importée ».
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Dans un tel contexte, soutiennent les participants au séminaire continental qui s’achève le 17 mai 2023 dans la capitale du Cameroun, le rôle du secteur financier africain, en général, et celui des banques centrales du continent, en particulier, dans le financement de l’agriculture et l’économie verte devient plus qu’une nécessité. Ceci, afin d’assurer la sécurité alimentaire et renforcer la résilience des pays aux chocs climatiques. Concrètement, face aux changements climatiques, dont-on s’accorde à reconnaître une certaine régularité des manifestations en Afrique, notamment à travers des inondations, des périodes de sécheresse prolongées et rudes, effets dont l’incidence sur la production agricole n’est plus à démontrer ; « le secteur financier devrait mener des actions en vue d’accroître les conditions d’accès aux prêts pour le financement de l’agriculture, en respectant les normes environnementales », souligne l’Abca.
Pour pouvoir relever ce défi, les banquiers centraux se sont attelés, pendant trois jours de travaux en plénière et en ateliers, à « identifier les principaux chocs climatiques en Afrique et les nouveaux défis liés à ces évènements qui constituent une menace à la sécurité alimentaire ; faire l’état des lieux de l’insécurité alimentaire en Afrique et de l’inflation, tout en mettant en évidence les principaux facteurs qui en sont à l’origine ; contribuer à mieux comprendre l’impact des chocs climatiques sur la sécurité alimentaire et l’inflation ; mettre en exergue le rôle du secteur financier dans la promotion de l’agriculture et l’économie verte en Afrique ; et contribuer à mieux comprendre le rôle des banques centrales dans la stabilisation des prix, puis celui du système financier dans un contexte marqué par le changement climatique ». Les conclusions de ce séminaire continental pourraient bien déboucher sur des solutions visant à doper le financement d’une agriculture durable en Afrique.
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En effet, dans le cadre de son projet de « promotion du financement de l’agriculture en faveur des agro-entreprises en milieu rural », qui s’étend sur la période 2016-2025, le GIZ, l’organisme de la coopération allemande, postule que « la plupart des exploitations agricoles et des agro-entreprises ne sont que peu tournées vers les marchés et ne sont guère intégrées dans l’économie monétaire. Les banques et les institutions de (micro) finance sont en effet principalement concentrées dans les zones urbaines.
Malgré les progrès réalisés au cours des vingt dernières années, il n’existe pratiquement pas de services financiers adaptés aux besoins des entreprises agricoles, qui ont par exemple à faire face aux variations saisonnières, aux risques liés à la fluctuation des prix et aux aléas climatiques. D’où un frein, voire une barrière à l’investissement dans la chaîne de valeur agricole. Qui plus est, les entreprises agricoles ont rarement un modèle d’affaires qui se prête aux financements. Par ailleurs, elles ont souvent des connaissances en gestion d’entreprise insuffisantes pour prendre des décisions d’investissement solidement étayées ».
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Créée en 1965, l’Abca, qui organise le séminaire continental de Yaoundé, est un cadre de concertation sur les questions monétaires et financières. Cette association vise entre autres objectifs, apprend-on, à « favoriser la coopération monétaire, bancaire et financière en Afrique ; contribuer au renforcement des efforts visant l’instauration et le maintien de la stabilité des prix et de la stabilité financière en Afrique ; étudier l’efficacité des institutions économiques et financières internationales dans lesquelles les pays africains ont des intérêts, et proposer les voies et moyens permettant leur amélioration ; envisager, à l’issue d’un processus de convergence, l’avènement d’une monnaie unique et d’une banque centrale africaine… ».
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