Tchad : l’Etat veut créer Chad petroleum company pour gérer les actifs nationalisés d’ExxonMobil
Le projet de loi y relatif a été validé le 24 avril dernier lors du conseil extraordinaire des ministres, tenu en présence du président de la transition, Mahamat Idriss Deby Itno.
Il y’a rebondissement dans l’affaire de la nationalisation de tous les actifs d’Esso Chad, ex-filiale du géant américain des hydrocarbures actifs ExxonMobil qui exploite le champ pétrolier de Doba, dans le sud du pays, depuis 2003. Le 24 avril dernier, le conseil extraordinaire des ministres du Tchad a validé un projet de loi portant création d’une société anonyme dénommée « Chad petroleum company ». Selon nos confrères de ‘’tchadinfos’’, cette société de droit tchadien disposera d’une autonomie de gestion.
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A la différence de la Société des Hydrocarbures du Tchad, « il s’agit en effet de créer une entité permettant de rassurer les ex-employés d’Esso, des Tchadiens formés, qualifiés et expérimentés. Ainsi qu’aux ex-sous-traitants d’Esso qui assurent la continuité de la production et la gestion du pipeline permettant ainsi de combler le vide juridique créé par le départ d’Esso du Tchad », a précisé Aziz Mahamat Saleh, le ministre tchadien de la Communication. Bien plus, le conseil des ministres a instruit le ministre des Hydrocarbures Djerassem Le Bemadjiel, d’accélérer la mise en place de cette nouvelle société.
Cette dernière aura de fait des participations dans le projet pétrolier de Doba (qui comprend sept gisements de pétrole avec une production combinée de 28 000 barils par jour), ainsi qu’une participation dans le système de transport d’exportation Tchad-Cameroun, qui comprend l’oléoduc long de 1 081 km et l’installation flottante de production, de stockage et de déchargement Komé Kribi 1, au large du Cameroun. Bien plus, la création imminente de « Chad petroleum company » intervient au moment où les tensions ne cessent de croître entre le Tchad et le Cameroun au sujet de la gestion de certains actifs du pipeline Tchad-Cameroun.
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Des actifs pétroliers controversés
De la genèse, il ressort qu’en 2021, la compagnie américaine Esso Chad a fait part de sa volonté de quitter le pays. Informé, le pays n’y a pas trouvé d’objection. Mais dans la foulée, Esso décide de « vendre ses actifs et droits à une entreprise inconnue au Tchad dénommée Savannah ». Une opération qui, selon le gouvernement, doit recevoir l’aval préalable des autorités, en vue de sonder les capacités technico-financières du repreneur choisi à gérer le pétrole tchadien. Mais après vérifications, l’Etat ayant constaté que l’entreprise proposée ne dispose pas des capacités ni des garanties demandées, a émis des réserves et des objections à cette cession car le pétrole est un domaine stratégique pour le Tchad représentant plus de 80 % des recettes d’exportation. Il ne peut donc être cédé sans les garanties et les capacités de gestion démontrées et vérifiées.
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En dépit des objections et observations du gouvernement, Esso fait un passage en force et tente d’imposer Savannah comme partenaire du Tchad. Toute chose que le gouvernement assimile à une sorte de « mariage forcé ». Face à cet entêtement d’Esso et aux violations flagrantes de ses lois, le gouvernement décide de nationaliser les actifs d’ExxonMobil. Après la publication d’un décret annonçant la nationalisation, un texte de loi a été adopté le 29 mars dernier par les parlementaires.
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