Politique monétaire : la Beac révèle pour la 4eme fois ses taux directeurs pour contrer l’inflation
Ainsi, le taux des appels d’offres (TIAO) passe de 4,50% à 5%, tandis que le taux de la facilité de prêt marginal s’établit désormais à 6,75% contre 6,25%.
Au terme de la première session ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM) de l’année 2023, tenue le 27 mars 2023 à Yaoundé, la banque centrale à une nouvelle fois revu à la hausse ses principaux taux directeurs. Selon le communiqué sanctionnant les travaux du CPM, le taux des appels d’offres (TIAO), qui est le taux auquel la Beac fournit de la liquidité aux banques commerciales passe ainsi de 4,50% à 5%. De l’autre côté, le taux de la facilité de prêt marginal, qui est le taux auquel les banques centrales paient pour emprunter de la liquidité pour une durée de 24H est désormais fixé à 6,75% contre 6,25%. C’est la quatrième fois depuis décembre 2021 que la banque sous-régionale revoit à la hausse ses principaux taux directeurs. L’on est passé de 3,50% en décembre 2021 à 4% en mars 2022, puis à 4,5% en septembre 2022.
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Cette politique monétaire vise à contenir l’inflation qui est projetée à 6,4% en 2023 selon les prévisions de la banque centrale. Un taux largement au-dessus de la norme communautaire de 3%. Cette inflation inédite est importée de la Guerre en Ukraine. Grâce ce mécanisme monétaire, la Beac veut rendre plus couteux le refinancement auprès des banques commerciales. Ce qui de cause à effet, devrait se répercuter sur le coût des crédits octroyés aux agents économiques.
La croissance économique de la sous-région quant à elle, devrait connaitre un recul à en croire les projections de la banque commune aux 6 pays de la Cemac. « La Beac table sur une croissance économique de 2,7% en 2023 après 2,9% en 2022, portée principalement par le dynamisme du secteur non-pétroliers». Ce qui devrait augmenter les réserves de change de la Cemac à 5 mois d’importations de biens et services contre 4 mois en 2022.
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Une politique de plus en plus agressive
En plus de revoir à la hausse ses principaux taux directeurs, depuis le début de l’année 2022, la Beac réduit de manière progressive son offre de financement aux banques commerciales, dans le cadre des opérations hebdomadaires d’injections de liquidités. Ce financement qui culminait encore à 250 milliards FCFA à fin 2021 est aujourd’hui fixé à 50 milliards. La BEAC accentue également ses offres de reprises de liquidités hebdomadaires de 50 milliards.
La Beac se montre beaucoup plus hostile que sa consœur de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine, la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (Bceao). En effet, le 1er mars dernier le Comité de Politique Monétaire de la Bceao a décidé de relever de 0,25% le niveau actuel de ses taux directeurs. Le taux minimum de soumission aux appels d’offres d’injections de liquidités est passé de 2,75% à 3% depuis 16 mars dernier. Son taux d’intérêt sur le guichet de prêt marginal, passe de 4,75% à 5%. C’est la 4e fois depuis juin 2022 que l’institution relève ses taux dans l’optique de contenir la poussée inflationniste, qui au sein de la zone UEMOA a atteint les 6% en janvier.
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L’on pourrai également s’interroger sur l’efficacité de la mesure de la Beac, carmalgré un refinancement rendu difficile auprès de la banque centrale, les banques commerciales camerounaises maintiennent le cap sur le marché du crédit en 2022.À fin novembre 2022, l’encours des prêts du système bancaire a culminé à 4642,3 milliards de FCFA, en hausse de 7,1% par rapport aux 4312,3 affichés 11 mois plus tôt.