Crise en RDC : Nicolas Sarkozy en mission de bons offices à Kinshasa
Alors que les officiels congolais affirment le contraire, il est cependant évident que l’ex-président français tente d’assurer la médiation dans le conflit qui oppose le Rwanda au Congo dans l’Est de la RDC.
Arrivé à Kinshasa le 22 mars dernier, Nicolas Sarkozy essaie de rattraper les carences du discours du chef de l’Etat français Emmanuel Macron qui n’a pas vraiment condamné l’agression dont est victime la RDC dans le Nord-Kivu par le Rwanda.
L’ancien président français Nicolas Sarkozy est arrivé mercredi à Kinshasa pour une « visite privée ». Réputé proche du président rwandais Paul Kagame, il tentera donc de convaincre ce dernier de renoncer à ses visées dans ce pays qui l’accuse de pillage de richesses. Une proximité citée par nombre de pays qui indiquent que l’ancien patron de l’Élysée aurait accepté une mission de conciliation entre Kinshasa et Kigali sur fond de crise politique qui décime des vies dans l’Est de la RDC depuis des mois.
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Mais, alors que nombre d’observateurs soutiennent que Sarkozy arrive en RDC pour faciliter une amorce de dialogue entre le Président Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame à l’initiative de la RDC sur le dossier de la guerre à l’Est de la RDC, le porte-parole de la Présidence de la République n’est pas de cet avis et assène que «la venue dans notre pays de l’ancien Président Français n’est aucunement à l’initiative du Président de la RDC. Il n’existe aucun projet de médiation dans l’agression rwandaise qui serait confié à Mr Sarkozy ».
De plus, ajoute un conseiller du chef de l’Etat congolais qui affirme que la rencontre entre les deux hommes n’a rien d’une quelconque démarche diplomatique, «le président a déjà discuté directement avec son homologue Français. Ce serait aberrant de penser qu’il irait solliciter les services de Nicolas Sarkozy pour échanger avec Emmanuel Macron ».
D’après cet officiel cogolais proche du chef de l’Etat Tshisekedi, la position de la RDC «est claire. Nous nous en tenons aux dispositions actuelles, c’est-à-dire le processus de Nairobi et celui de Luanda. Nous attendons également que le conseil de sécurité tire toutes les conséquences des informations reçues de tous les rapports indépendants. Nous l’avons dit et nous insistons là-dessus. »
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Sur le terrain, la rébellion du M23 a pratiquement annexé des pans entiers de la province du Nord-Kivu depuis 2021 avec le soutien du gouvernement rwandais selon des rapports richement documentés d’officiels onusiens et de chancelleries occidentales.
Manifestement, la RDC compte exploiter la proximité entre Paul Kagame et l’ex-président français pour un retour à la paix dans le Nord-Kivu. Sous sa présidence (2007-2012), la France et le Rwanda avaient fumé le calumet de la paix après que des accusations de « complicité » de génocide portées par Kigali à l’encontre de Paris ont empoisonné la relation entre les deux pays. Nicolas Sarkozy avait reconnu en 2010 de « graves erreurs d’appréciation » et une « forme d’aveuglement » de la France dans ce dossier, dégelant ainsi des rapports devenus trop tendus.
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Les relations entre le Rwanda et la République démocratique du Congo sont exécrables depuis la résurgence fin 2021 de la rébellion du M23. Kinshasa accuse Kigali de soutenir cette rébellion qui facilite et alimente le pillage des ressources naturelles du Congo. De hauts responsables soutiennent que la fin de cette guerre signerait le déclin économique du Rwanda.
Plusieurs initiatives pour une désescalade ont été lancées en Afrique et l’actuel président français lui-même, Emmanuel Macron, avait joué en septembre dernier les facilitateurs pour une rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame. En septembre 2022, l’ancien président français François Hollande avait également effectué une visite privée en RDC qui l’avait conduite à Kinshasa et à Bukavu o sans condamner l’agression dont la RDC était victime de la part du Rwanda.