Téléphonie mobile: plus de 700.000 puces Nexttel désactivées
L’opérateur camerouno-vietnamien accusé de ne pas identifier systématiquement ses abonnés, pour des raisons purement commerciales.
Entré officiellement en activité en 2014, l’opérateur de téléphonie mobile Nexttel, filiale camerounaise du vietnamien Viettel, est accusé de continuer à procéder à la vente libre des cartes Sim, au mépris de l’arrêté du 29 mai 2009 de l’ancien ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel), Bello Bouba Maïgari. Ce texte en vigueur depuis le 30 novembre de la même année demandait à tous les opérateurs d’identifier systématiquement leurs abonnés. Dans le contexte d’insécurité sans précédent que traverse le Cameroun, la vente à la sauvette des puces téléphoniques encourage le phénomène des abonnés clandestins. « Personne ne sait plus qui répond à tel numéro qui vous appeler et vous faire des menaces. Le comble c’est que tout cela est fait pour des raisons essentiellement commerciales », s’indigne un cadre du Minpostel. Cette situation a poussé le gouvernement à désactiver ces dernières semaines plus de 700.000 puces de cet opérateur qui connait une très forte progression dans le secteur de la téléphonie depuis 2017 et qui, en août 2018, comptait officiellement près de 5 millions d’abonnés.
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L’information qui est passée inaperçue a été révélée le 13 janvier dernier à Yaoundé par le nouveau président du Conseil d’administration de la Cameroon Telecommunications (Camtel), Mohamadou Saoudi, au cours d’une réunion de crise de l’élite de la région de l’Adamaoua sur le phénomène des prises d’otages qui monte en puissance dans cette partie du pays frontalière avec la République centrafricaine. L’ex-secrétaire général du ministère des Postes et Télécommunications, fils de l’Adamaoua, répondait aux préoccupations des participants aux travaux, qui s’étonnaient de ce qu’un preneur d’otages présumé se soit vanté dans un document audio ayant fait le tour des réseaux sociaux, de détenir plus de 30 puces. A ce jour, aucune trace de cet « abonné fantôme », qui menaçait d’exécuter un otage au cas où sa famille ne reverserait pas la rançon exigée dans les délais.
l’Agence avait publié des résultats d’une enquête qui révélait que seuls 64,41% des abonnés de Nexttel étaient formellement identifiés, contre 74,60% pour Mtn et 93,16% pour Orange Cameroun.
Il faut dire que l’Agence de régulation des télécommunications (Art) est responsable en partie de cette situation. Chargée de veiller à la stricte application des textes législatifs et réglementaires en matière des télécommunications et des technologies de l’information et de la communication, c’est à cette structure que revient la charge de faire respecter l’arrêté cité supra fixant les modalités d’identification des abonnés et des terminaux des réseaux de téléphonie ouverts au public, ainsi que le précise l’article 10 dudit texte. En avril 2016, pourtant, l’Agence avait publié des résultats d’une enquête qui révélait que seuls 64,41% des abonnés de Nexttel étaient formellement identifiés, contre 74,60% pour Mtn et 93,16% pour Orange Cameroun.
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