Marché monétaire/CEMAC: Forte hausse du coût des emprunts en janvier
Le renchérissement des taux en rythme annuel sur le marché de la BEAC traduit un essoufflement évident des banques qui concentrent à elles seules environ 80% de l'encours global des dettes étatiques.
Exclusivement dédié aux États, le marché des titres publiques de la BEAC a poursuivi sa dynamique croissante en janvier dernier avec un encours de dettes de 5314,7 milliards de FCFA contre 4 708,2 milliards à la même période en 2022, soit une progression de 13% sur un an. Selon le dernier rapport de la Cellule de règlement et de conservation des titres(CRCT) de la banque centrale, cette hausse est soutenue par les interventions du Gabon, du Congo et du Cameroun qui ont émis 76,6% des titres actuellement en circulation. Le Tchad (12,7%) et la Guinée Équatoriale (9,9%) restent à des niveaux de participation moyens tandis que la République Centrafricaine (RCA) n’y est pas très impliquée avec seulement un encours de dettes de 96,7 milliards de FCFA, soit 1,8% du montant global.
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La répartition des opérations entre différents instruments est favorable aux titres de long terme(OTA), qui représentent 82,1% des ressources mobilisées, contre 21% pour les titres de court maturité(BTA). Les OTA ont progressé de plus de 29% en un an passant de 3383,1 milliards de FCFA au à fin janvier 2022 à 4361,8 milliards. Le recours de plus en plus croissant des Trésors publics à cet instrument traduit, selon la Beac, une consolidation progressive de la confiance des investisseurs aux signatures souveraines de la Cemac.
Cependant, la hausse de la demande en ressources a induit un renchérissement du coût moyen qui est passé à 6,74% à fin janvier 2023 venant de 5,95% en 2020. Les coûts les plus exorbitants sur les OTA ont été appliqués par les prêteurs au Congo, soit 8,66%. Emetteur de référence dans la Cemac, le Cameroun subit lui aussi cette hausse des coûts de crédit sur ses BTA qui sont passées d’une moyenne de 1,98% à fin juin 2021 à 4% en janvier 2023. « Nous payons beaucoup plus d’intérêts que par le passé. C’est un fait que nous observons depuis janvier 2022. Ce qui fait que nous avons été dans l’obligation à un moment donné de financer le remboursement des BTA par nos ressources propres et je crois que ça participe aussi de la résilience de notre économie » a reconnu le Directeur Général du Trésor Moh Sylvester dans une récente interview.
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Ce relèvement des taux traduit un essoufflement des banques, principaux souscripteurs sur les titres étatiques. Pour l’institut d’émission, cette obésité qui caractérise aujourd’hui le portefeuille titre du système bancaire de la Cemac, l›expose au risque souverain. Afin d›accroître leur capacité à soutenir la dynamique croissante de ce marché, il est prescrit aux banques de céder annuellement au minimum 30% de leurs souscriptions des valeurs du trésor sur le marché secondaire, celui auquel ont accès les particuliers. Une exigence qui peine à être appliquée pleinement.
Rappelons que le portefeuille des titres étatiques aujourd’hui en circulation dans la zone est très majoritairement détenu par les banques (77,7%) contre 15,3% pour les investisseurs institutionnels (Fonds de pension, assurances…), 4,9% pour la Beac à travers son programme de rachat et 2,2% pour les personnes physiques.
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