L’inflation au Cameroun atteint 6,3%, une première depuis au moins 27 ans
Soutenue par les prix des produits alimentaires, la pression inflationniste au Cameroun s'est accélérée en 2022 atteignant un niveau historique. Avec la hausse des prix à la pompe, l'INS estime que cette situation pourrait s'intensifier en 2023, une mauvaise nouvelle pour les ménages.
Au Cameroun, le taux d’inflation entendue comme le taux de progression des prix des biens et services, a augmenté de 6,3% après 2,3% en 2021, 2,5% en 2020, 2,5% en 2019, 1,1% en 2018 et 0,6% en 2017. Selon l’Institut national de la statistique(INS), il s’agit là, du niveau général des prix le plus élevé sur les 27 dernières années (depuis 1995) après 32,5% en 1994 puis 9% un an plus tard. Il a été largement au-dessus des prévisions de 4,6% du gouvernement camerounais, de la BAD ou encore du FMI.
Le statisticien public camerounais explique globalement cette situation par plusieurs facteurs. Il s’agit en première ligne, de la hausse des prix des produits alimentaires (+12,9%) et des prix et services de restaurants (+6,3%). Pour ce qui est des produits de première nécessité, les principales hausses ont concerné les huiles et graisses (27,0%), les pains et céréales(farine de blé, farine de maïs, farine de mil, farine pâtissière etc.) de 16,3%, les poissons et fruits de mer (14,4%), les viandes (12,2%), les laits, fromages et œufs (10,7%) et les légumes (7,6%). Quant à l’augmentation des prix des restaurants et hôtels l’INS l’attribue en majorité à la hausse de 10,1% du prix des services de restaurant.
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Faible production nationale
Dans le détail, « L’évolution de l’inflation au cours de l’année 2022 » retrace deux principales sources d’inflation. Celle-ci a avant tout, une origine locale. L’INS renseigne à cet égard qu’en 2022, l’inflation des produits locaux s’élève à 6,4% et contribue à hauteur de 5 points du taux global. « La tendance à la hausse des prix des produits alimentaires au Cameroun reste en phase avec la variation de l’indice FAO des prix des produits alimentaires, qui suit l›évolution mensuelle des cours internationaux des produits alimentaires de base les plus couramment échangés. Cet indice FAO a en effet augmenté de 14,3% en 2022, sous l’effet de la hausse des prix des huiles végétales, des céréales et des produits laitiers », lit-on dans le rapport. A côté de ces indicateurs, beaucoup d’autres justifient la hausse de l’inflation au Cameroun en 2022. Il s’agit en l’occurrence, de la production nationale qui n’arrive pas encore à satisfaire la demande dans diverses filières (riz, banane, poisson…).
A ceux-ci viennent s’ajouter les conditions météorologiques défavorables qui entrainent l’augmentation de mauvaises récoltes, la perte de bétail, la dégradation des pâturages et le tarissement des points d’abreuvement, et les disponibilités réduites en produits halieutiques, aquacoles et forestiers. L’INS met également en indexe, la question de la crise sécuritaire (Nord-Ouest et Sud-Ouest) ; un frein à la production et l’acheminement des produits agricoles sans oublier les pratiques spéculatives de certains commerçants ainsi que la dégradation des axes routiers ou ferroviaires qui mènent vers bassins agricoles. Conjoncture internationale L’autre raison est d’origine importée. Contrairement aux produits locaux, l’inflation des produits importés a été moins prononcée. Elle a atteint 5% et a contribué à 1,3 point du taux global (6,3%). Cette envolée est attribuable à la conjoncture internationale difficile marquée à la fois par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, la hausse généralisée des prix des produits énergétiques, des matières premières (due à la perte de la valeur du FCFA face au Dollar), la flambée des prix des intrants agricoles. Ces deux derniers facteurs ont occasionné à l’échelle nationale, l’accroissement des prix des biens et services.
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Pour 2023, l’INS estime que la barre sera maintenue au dessus de 6% compte tenu de la hausse des prix des carburants consécutivement à la réduction des subventions à la pompe.