Whisky en sachet : le gouvernement accorde un délai supplémentaire de 4 ans aux producteurs
Dans un nouveau communiqué conjoint, le Mincommerce, le Minmidt et le Minsanté repoussent jusqu’en 2026 le moratoire accordé aux entreprises pour la finalisation de la migration du conditionnement des liqueurs en sachets vers leur conditionnement en bouteilles.
Le gouvernement de la République du Cameroun vient une fois de plus de renoncer à l’application de la norme NC 210 : 2014-48 relative à la production des boissons spiritueuses, pourtant obligatoire depuis 2014. Dans un nouvel arrêté conjoint signé en catimini depuis le 18 décembre 2022, les ministres des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt), du Commerce (Mincommerce) et de la Santé publique (Minsanté), accordent un délai supplémentaire de quatre (4) aux entreprises, soit théoriquement jusqu’en 2026, pour « la finalisation de la migration du conditionnement des whiskies en sachets vers leur conditionnement en bouteilles ». Le lobby local des liqueurs et spiritueux, dominé par Fermencam qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 12 milliards Fcfa en moyenne avec les marques King Arthur ou encore Lion d’or, a donc réussi à faire reculer une fois de plus le gouvernement sur cette question et, pendant quatre ans encore, il va inonder le marché de ces boissons dont la toxicité a pourtant été déclarée par les autorités publiques. En effet, selon les experts, en plus de leur forte teneur en alcool, la plupart des marques de whisky en sachet (et même ceux conditionnés dans les bidons) contiendraient du méthanol, une substance très nocive pour l’homme.
ll est à noter que l’Agence des normes et de la qualité (Anor), avait suspendu les contrôles de conformité sur ces whiskies, consécutivement aux deuxième moratoire accordé par le gouvernement aux producteurs en 2016, lequel moratoire expirait le 31 décembre 2022. Conséquence, dans cet écosystème devenu trop permissif, de nouveaux acteurs ont investi le secteur au point qu’il est devenu l’un des plus dynamiques, si l’on en juge par le foisonnement des marques sur le marché. Pour mémoire, c’est le 12 septembre 2014 que les ministres cités supra signent un arrêté conjoint rendant d’application obligatoire la norme sur la production des liqueurs et spiritueux. Cette mesure du gouvernement donnait ainsi aux producteurs 24 mois, c’est-à-dire, jusqu’en 2016, pour écouler les stocks existants. Dans la foulée de cette décision, le directeur général de l’Anor, Charles Booto à Ngon, avait effectué une sortie pour assurer que passée l’échéance du 17 septembre 2016, plus aucun whisky en sachet ne serait plus présent sur le marché.
Un programme d’accompagnement des acteurs du secteur avait ensuite été mis en place par le ministère des Minmidt. Celui-ci se déclinait ainsi qu’il suit : l’identification et la localisation de toutes les entreprises concernées ; l’implication des autorités administratives pour la lutte contre la contrebande et la contrefaçon dans le secteur ; la réception dans les services de ce département des plans de migration de chacun des acteurs (c’est chaque acteur qui propose son plan de migration, c’est chaque acteur qui acquiert ses équipements et qui doit les réadapter pour se conformer à terme à la norme) ; la notification de l’arrêté à l’effet de lancer formellement le programme d’accompagnement, puis introduire une nouvelle disposition qui soumettrait l’importation de l’alcool éthylique à une procédure de déclaration annuelle. A ce jour, l’on ignore tout de ce que ce dispositif a pu apporter.