Complexe sportif d’Olembe : Magil dénonce les « attaques infondées » du ministre des sports
L’adjudicataire du contrat d’achèvement des travaux de cette infrastructure dénonce les attaques infondées du ministre des Sports contre lui et les manquements contractuels de son département ministériel, qui mettent en péril le projet depuis 2021.
Magil Construction Corporation est finalement revenue sur sa décision portant résiliation du contrat la liant depuis 2019 avec l’Etat du Cameroun pour l’achèvement des travaux du complexe sportif d’Olembe, au nord de Yaoundé. Celle-ci était censée prendre effet dès le 05 janvier dernier, mais le prestataire, dans un communiqué daté de ce mercredi, 11 janvier, dit avoir rassuré le gouvernement sur son engagement à aller au bout de ses engagements relativement à ce contrat, tout en alertant « sur les difficultés inhérentes au projet ». Notamment, « les manquements contractuels du ministère des Sports et de l’Education physique […], qui contribuent à mettre en péril le projet ». « À l’entame de l’année 2023, Magil et les sous-traitants du stade n’ont reçu aucun paiement de leurs factures décomptées et validées par le Minsep, et ce, depuis le mois de juillet 2021, plaçant de facto de nombreux sous-traitants dans une situation d’asphyxie financière. Ce non-paiement des factures s’est accompagné, en sus du non renouvellement des exonérations fiscales et douanières liées au projet, de la découverte de nombreuses malfaçons structurelles sur le stade et à des demandes de travaux additionnels augmentant le budget total de la construction », écrit le prestataire.
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Conscient de l’objectif à atteindre et de l’importance de ce complexe sportif, « emblème du pays qui a fait la fierté des Camerounais pendant la Coupe d’Afrique des nations (CAN) », Magil Construction Corporation dit avoir initié des démarches en vue de trouver une voie de conciliation pour la bonne exécution de ce projet avec la mise en place de mécanismes de règlement amiable auprès du Minsep le 12 avril 2022, suivi d’un comité de conciliation le 23 août 2022. « Par la suite, de multiples correspondances envoyées au ministère sont restées sans suite. De fait, Magil Construction Corporation, après avoir épuisé toutes les voies de recours et initié tous les mécanismes de règlement amiable, s’est retrouvé contraint, le 5 décembre 2022, de mettre en demeure le Minsep de régulariser ses obligations sous 30 jours pour éviter la résiliation du contrat principal et sa mise en arbitrage. Cette correspondance est, elle aussi, restée sans suite. Pourtant,elle a fait l’objet d’un courrier à l’attention du Secrétariat du Premier ministre comportant des informations erronées et calomnieuses, transmis aux médias et altérant l’image de Magil Construction Corporation et celle de ses collaborateurs », dénonce l’entreprise.
Guerre épistolaire
Sa rétractation fait suite à une série de rencontres auxquelles l’entreprise dit avoir pris part, le 10 janvier, « avec les plus hautes autorités » du Cameroun, sans préciser lesquelles. Sur ce dossier, Magil et le Minsep s’accusent mutuellement de créer des blocages. Si Magil avance l’argument de travaux additionnels découverts au fil de l’eau pour justifier l’augmentation du budget total du contrat, le Minsep, de son côté, accuse Magil d’avoir mis en place des stratagèmes pour gonfler artificiellement ses prestations à travers le ralentissement des travaux, leur arrêt pur et simple, des surfacturations, des doubles facturations, la rémunération exponentielle du personnel expatrié, etc. « Pour illustration, entre 2020 et 2021, sous le fallacieux prétexte du manque de matériel, le chantier fut mis à l’arrêt pendant 6 mois. Après vérification, il s’est avéré que les stocks de matériels laissés par Piccini et disponibles sur le site pouvaient permettre d’achever le stade principal, ses deux annexes, l’hôtel, le centre commercial et les salles de cinéma », écrit Narcisse Mouelle Kombi dans sa correspondance du 03 janvier adressée au secrétaire général des services du Premier ministre.
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Quant au paiement des décomptes, le ministre signale que Magil a reçu à ce jour 42 milliards Fcfa sur l’enveloppe globale de 55 milliards Fcfa représentant le coût des travaux. Et d’ajouter : « malgré ces diligences, Magil n’a achevé aucune composante du complexe d’Olembe laissée par son prédécesseur Piccini. « Ces montant cumulés représentent 76% du budget total du projet, sachant que les autres composantes de la phase 2, prévues par Piccini et bien que revues, sont restées au stade de maquettes », dénonce Mouelle Kombi ». Le prestataire rassure en tout cas qu’il n’a « aucunement abandonné » le site du complexe d’Olembe et souhaite « mener à bien et aller au bout de ce projet d’envergure, à condition que le maître d’ouvrage respecte ses obligations ». C’est vers cette perspective qu’il faudrait aller, au lieu de se livrer à une inutile guerre épistolaire sur fond de ping-pong.