Distinction: la Personnalité EcoMatin 2021 primée à Bangou
Désigné Personnalité EcoMatin 2021 en novembre dernier, Serge Yanic Nana a reçu son prix le 10 décembre dernier à Bangou au Tagidor Hôtel. À la sobriété et au prestige de cet événement qui en est à sa 4e édition, le journal EcoMatin a ajouté un zeste de réflexion autour d’une thématique stratégique pour nos économies.
Sur les hauteurs du village Nkep, le Tagidor Garden hôtel de Bangou dans le département des hauts-plateaux à l’ouest du Cameroun a accueilli ce 10 décembre, la cérémonie de remise du prix personnalité EcoMatin 2021. Cette distinction qui est à sa 4e édition a connu la participation de hautes personnalités de la scène économique, et financiers du Cameroun et de la sous-région Afrique Centrale ; toutes venues comme pour adouber le choix de Serge Yanic Nana comme personnalité EcoMatin de l’année. On peut citer entres autres Gilbert Didier Edoa, le Secrétaire Général au Ministère des Finances, représentant personnel du Ministre des finances ; le Directeur National de la BEAC Emmanuel Nkoa Ayissi, représentant du Gouverneur de la Banque centrale ; Charlotte Kouecheu, Directeur Général de Union Bank of Cameroon ; Alphonse Nafack, ancien Administrateur Directeur Général d’Afriland First Bank…
Le choix porté sur cet acteur qui cumule près de 25 années d’expérience sur les marchés financiers, tient de l’ampleur des activités qu’il a menées en 2021 sur le marché financier régional en tant qu’intermédiaire, combiné à ses actions de front dans l’environnement économique de la zone Cemac. Sa société de bourse a conduit plusieurs opérations majeures dont les principales ont suffi à lui accorder la présente distinction. En 2021, la banque d’affaires a joué un rôle majeur dans une transaction qui, in fine, a permis à l’Etat du Cameroun d’injecter 182 milliards de FCFA pour assainir le secteur de l’électricité à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations de football 2021 (CAN 2021). Cet accord arrangé par Financia Capital dont le protocole a été paraphé le 21 décembre 2021, est intervenu alors que la CAN 2021 était sous menaces de délestages.
Serge Yanic Nana et son équipe ont donc proposé à l’État camerounais et à tout le secteur de l’électricité, une ingénierie financière innovante pour une mobilisation de fonds dont l’utilisation a été soigneusement maîtrisée. A travers cette opération, Financia Capital a surtout démontré les compétences de l’ingénierie financière locale dont l’expertise devrait très souvent être sollicitée par les pouvoirs publics.
L’autre opération d’envergure de ce gestionnaire d’investissement et pas des moindres est l’introduction en Bourse de La Régionale Bank en juillet 2021 ; portant à 5 le nombre de valeurs cotées et impulsant un élan de liquidité sur le marché. Cette cotation faisait suite à une opération d’augmentation de capital au moyen d’une offre publique de vente d’actions ayant permis à cette ancienne microfinance de 2e catégorie, de lever plus de 2,5 milliards de FCFA pour financer son programme de développement en vue d’un passage en banque. L’opération était conduite de bout en bout par Financia Capital qui avait alors réussi à mobiliser près de 2400 souscripteurs répartis sur une dizaine de pays.
« C’est la somme de vos interventions non seulement sur le marché financier mais aussi votre rôle en terme d’ouvreur d’ouvreur d’horizons aux financements structurés pour le compte d’entités publiques et privées dans le secteur bancaire qui a naturellement convaincu, à l’unanimité les membres du Jury Ad Hoc de désignation de la Personnalité EcoMatin, de porter leur choix sur vous, pour l’ensemble de vos actions au cours de l’année 2021 » a indiqué Emile Fidieck le Directeur de Publication de EcoMatin, s’adressant au Lauréat.
« Je me sens honoré, l’équipe de Financia Capital se sent honorée. Ce genre de distinction est très important parce que ça permet de distinguer la qualité de notre travail que nous apportons chaque jour à nos clients sur des opérations assez complexes. C’est cela qui est reconnu aujourd’hui » s’est réjoui le lauréat.
Conférence-débat
Cette quatrième édition, depuis le lancement de ce prix en 2018 était plutôt particulière et innovante, avec notamment des échanges alimentés autour du thème « La place du marché financier dans le développement des économies de la Cemac ». En sa qualité de doyen des récipiendaires du prix personnalité EcoMatin, le Dr Fritz Ntonè Ntonè, a partagé avec le public les leçons tirées de sa levée de 5 milliards de Fcfa sur le marché financier en 2018. A travers sa « petite » expérience, l’ex délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala pense que les piliers de développement des économies de la sous-région restent « la maturation des études et la maîtrise des mécanismes de financements de ces projets, » a-t-il révélé.
Après cette prise de parole, Serge Yanic NANA a planté le décor sur le fonctionnement du marché financier avant qu’Alphonse Nafack n’explique le rôle que jouent les banques dans les souscriptions aux emprunts obligataires. À en croire l’ancien ADG de Afriland First Bank, la banque intervient dans ces opérations comme intermédiaire : « C’est lui le facilitateur du marché, il joue un rôle capital et assure l’excédent des capitaux de manière efficace et efficiente, » a-t-il expliqué. Pour lui, l’écosystème du Cameroun a besoin de ces acteurs pour faciliter ces transactions sur le marché financier.
Dynamisation de la place boursière
La problématique de la dynamisation de la place boursière remise au goût du jour, le secrétaire général du Ministère des finances (Minfi) Gilbert Didier Edoa, représentant le Minfi n’a pas manqué de mentionner l’initiative entreprise par les Etats membres de la Cemac. En occurrence, l’introduction en bourse des sociétés étatiques. Au Cameroun par exemple, l’Etat se prépare à coter 4 entreprises à la Bvmac : Sodecoton, CHC, ADC et le Port Autonome de Douala.
La cérémonie de remise du prix Personnalité EcoMatin s’est clôturée par un cocktail dinatoire suivi le lendemain d’une visite guidée de l’hôtel.
Interview
« C’est beaucoup d’années de travail» , Serge Yanic NANA
Comment vous sentez-vous après avoir été désigné Personnalité EcoMatin 2021 ? Et quel est peut-être l’apport de ce genre de distinction ?
Je me sens honoré, l’équipe de Financia Capital se sent honorée. Ce genre de distinction est très important parce que ça permet de distinguer la qualité de notre travail que nous apportons chaque jour à nos clients sur des opérations assez complexes. C’est cela qui est reconnu aujourd’hui.
Qu’est-ce que ce prix représente pour vous ?
C’est beaucoup d’années de travail avec les équipes de Financia Capital. Ça représente cette reconnaissance du marché, cette reconnaissance des professionnels, nous sommes très heureux. C’est une invitation à faire mieux, à nous surpasser, à former encore plus de jeunes.
Dès lors quels sont les défis ?
Les défis sont énormes. Au niveau de notre pays, au niveau de la région, on a de très gros défis. On vit des moments assez difficiles avec des crises diverses, ça veut dire que nous de notre côté il y’a aura beaucoup de questions sur lesquelles on va devoir réfléchir.
Qu’est ce qui fait la spécificité de votre entreprise ?
Notre devise c’est la créativité, la cohésion et l’excellence, c’est principalement la créativité. Donc vous allez toujours entendre parler de nous sur des opérations un peu hors du commun, donc c’est de l’ingénierie. Parce que pour résoudre nos problèmes on sait que parfois les méthodes classiques ne marchent pas. Donc il faut innover alors on innove
Durant les échanges, il a été évoqué la dynamisation de la place boursière, à date qu’est-ce qui est fait pour essayer de rendre plus dynamique la place boursière de la Cemac ?
Pour la place boursière de la Cemac il y’a eu deux étapes : avant 2019, c’est-à-dire avant la fusion et après 2019. Selon les chiffres, depuis 2019 avec le mandat de la Beac de remettre en ordre de bataille tout le secteur, tous les différents acteurs, de nettoyer les textes au niveau de la Cosumaf (Commission de surveillance des marchés financiers de l’Afrique centrale), de relancer la Bvmac (Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale), de relancer les activités du dépositaire centrale… Tout ça on parle à peu près de trois années de travail, on voit les volumes aujourd’hui à la Bvmac qui augmentent. Donc le travail aujourd’hui va payer, on voit les Etats qui vont arriver sur la bourse, le secteur privé, les transactions sur le marché de la dette augmentent…donc la bourse aujourd’hui est une réalité.
Par rapport à la Bourse de l’Afrique de l’Ouest par exemple, la Bvmac traîne encore ?
La bourse de l’Afrique de l’Ouest a démarré ses activités avant dans les années 1998. Au niveau de l’Uemoa, leur économie régionale est beaucoup plus intégrée qu’au niveau de la Cemac. Au niveau de la Cemac on a eu un faux départ avec la bourse. On a créé deux bourses dans une petite zone, avec deux régulateurs, deux règlements financiers donc ça ne fonctionnait pas. Pour quelqu’un qui voulait aller vers la bourse c’était compliqué pour les clients de la bourse de se retrouver. Par exemple vous verrez beaucoup de sociétés qui sont cotées à la Bourse d’Abidjan, elles ont des filiales ici qui ne sont pas cotées parce qu’à l’époque c’était difficile de prendre une décision. Cette fusion change la dynamique, favorise le jeu pour tout le monde. Pour les investisseurs c’est plus clair, pour les émetteurs c’est beaucoup plus clair, la tarification est plus claire, le contrôle est plus clair, les textes sont nettoyés et donc forcément le volume va avec.
Réactions
« Cette initiative est devenue un label» , Emile Fidieck, Directeur de Publication de EcoMatin
C’est l’accomplissement de cette initiative qui est devenue un label. Remettre le trophée, oui nous en avions eu besoin. Cela nous permet d’encourager d’une part les acteurs et d’autre part de rencontrer du monde. Mais aussi, il y’a un besoin de nos lecteurs du milieu financier notamment le débat. C’est pour cette raison que nous nous sommes dit qu’à partir de l’année prochaine, ce sera plus organisé. Ainsi, à la fin de l’évènement de deux jours, nous remettrons le prix EcoMatin à la personne qui sera choisie non seulement ici au Cameroun mais aussi dans la zone Cemac. Car le Cameroun représente près de 80% des mouvements des capitaux de la Cemac.
« C’est notre participation pour améliorer l’ancrage de la décentralisation au sein des populations » , Dr Fritz Ntone Ntone, Lauréat 2018
Dans le contexte de la décentralisation, qui en réalité voudrait que les populations soient conscientes de leur développement, participent activement à leur développement, il fallait donc trouver des mécanismes ou des plateformes qui facilitent cette adhésion. C’est pourquoi j’ai évoqué tout à l’heure une plate-forme qui démocratise les marchés financiers, qui rend les marchés financiers beaucoup plus accessible à tout le monde, même au petit commerçant du marché parce que pour le moment lorsqu’on parle d’un emprunt ce sont les banques qui sont présentes alors que la masse de la population peut faire en sorte que les choses aillent vite. Tel est le rôle que doit jouer la SMID. Et c’est notre participation pour améliorer l’ancrage de la décentralisation au sein des populations (…) démocratiser, ouvrir les marchés financiers, vulgariser, faire en sorte que ce soit l’affaire de tout le monde est la préoccupation aussi de ceux qui sont en charge des politiques gouvernementales.
«Le marché financier est un levier important pour financier le long terme», Alphonse Nafack, ancien Administrateur Directeur Général de Afriland First Bank
Le marché financier est exigeant en ce sens où, vous demandez aux investisseurs de mettre des fonds dans votre entreprise. Vous devez leur garantir une certaine rentabilité et une capacité à rembourser à échéance, donc vous devez être transparent sur l’information financière pour lever les fonds. Malheureusement, les PME ne sont pas encore prêtes à aller vers cette transparence, c’est ce qui est le frein majeur.
Le marché financier est un levier important pour financer le long terme, puisque les banques ne font pas dans le long terme. Donc nécessairement ces acteurs doivent aller vers la transparence pour bénéficier les avantages du marché.
Les banques doivent faire l’effort pour sensibiliser leurs clients, et ne pas voir l’alternative du financement du marché financier comme concurrence à financer leurs propres affaires par la banque. Les banques n’ont pas de capitaux longs, et doivent de ce fait attirer les clients vers le marché financier.
