Amir Ben Yahmed : « Dans ce monde en crise, l’Afrique doit faire de sa souveraineté économique une priorité absolue »
Pour le Directeur général de Jeune Afrique Media Group, qui a ouvert lundi à Lomé au Togo la première édition de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS), l’indépendance économique du continent passe par le développement de l’industrie des services financiers.
La première conférence de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS), plateforme de dialogue public-privé au service du développement d’une industrie financière africaine souveraine, inclusive et innovante, mise sur pied par Jeune Afrique Media Group, s’est ouverte ce lundi à Lomé (Togo), en présence du Président Faure Gnassingbé Eyadema et de plus de plus de 800 dirigeants de banques, assurances, opérateurs de mobile money, opérateurs des marchés de capitaux, Fintechs, autorité des marchés financiers, ministres de l’économie et des finances/du budget, gouverneurs de banques centrale. Pendant deux jours, ces personnalités discuteront et débattront, le temps de panels et de tables rondes, des sujets majeurs pour aider le secteur de la finance à relever les défis des grandes transformations technologiques et en matière de régulation, notamment. Le Directeur général de Jeune Afrique Media Group, dit avoir la conviction que, « dans ce monde en crise, notre continent doit faire de sa souveraineté économique une priorité absolue ».
Pour Amir Ben Yahmed, la réussite de ce pari passe par le développement de l’industrie des services financiers. Il fait même de cette industrie la priorité des priorités, car, elle lui apparaît « centrale pour la croissance, instrumentale pour le projet de marché commun » et peut « être un catalyseur des transformations auxquelles le contient aspire ». A l’issue de cette première édition, de ces deux jours, il souhaite que chacun des participants reparte, convaincu qu’en engageant un dialogue public-privé exigeant, l’on peut collectivement élaborer une feuille de route ambitieuse pour (i) radicalement accélérer l’essor des services financiers et (ii) faire du secteur le moteur de la transformation économique dont le continent a tant besoin. Les promoteurs de l’AFIS sont conscients que cette feuille de route s’inscrit dans un contexte macroéconomique difficile, qui a déjà fragilisé certaines économies africaines au cours des derniers mois. Un contexte qui représente une menace pour le continent, notamment en raison des risques qu’il fait peser sur la perception qu’ont les investisseurs internationaux de l’Afrique. Le contexte constitue également une menace pour la solidité d’une industrie financière impactée par l’augmentation des taux, la raréfaction des capitaux, la fragilisation des devises et par l’augmentation des risques climatiques et cyber.
Places boursières
Pendant ces deux jours, ajoute Amir Ben Yahmed, « nous allons parler d’influence. Celle que nous devons gagner en relayant des positions africaines communes sur la scène internationale. Notamment, pour moins subir les régulations globales qui nous impactent sans tenir compte de nos réalités. Nous allons parler de développement. Celui de nos groupes financiers africains ». Car, pense-t-il, « le retrait de certains acteurs internationaux est une opportunité extraordinaire de développer nos champions nationaux. Ils sont la fierté du continent et un levier de souveraineté économique indispensable. Nous devons en faire des groupes encore plus puissants et dotés de toutes les expertises nécessaires pour qu’ils soient des acteurs de classe et de taille mondiale. Nous allons aussi parler de financement. Ce fameux « nerf de la guerre qui se raréfie dans ce contexte de crise. Plus d’inclusion financière et donc plus de collecte, une meilleure attractivité de nos places boursières, une plus grande maitrise de certaines opportunités comme le green finance qui est en train de devenir le principal pool de liquidité mondiale, font partie des axes de développement dont nous allons parler pendant ces deux jours ».
Zlecaf
L’AFIS va également se pencher sur les questions de la libre circulation et des capitaux. « Alors que nous sommes en train de construire un marché commun, il est important que l’investissement institutionnel africain puisse mieux se déployer, sans barrière, au Nigeria, en Egypte en côte d’ivoire, au Togo, en tous cas là où il aura les meilleurs espoirs de rentabilité, pour favoriser la collecte auprès des investisseurs. Nous allons bien sûr parler d’innovation et de disruption. Une quinzaine des meilleures Fintech africaines sont parmi nous. Elles ont attiré plus de 2 milliards de dollars d’investissements en 2021. Elles sont dirigées par de jeunes chefs d’entreprises ambitieux et novateurs (…) Nous nous interrogerons avec eux sur les ponts à créer avec le reste de l’industrie financière. Enfin, nous allons parler du marché commun, la Zlecaf [Zone de libre-échange continentale africaine, Ndlr] ». Amir Ben Yahmed est presque sentencieux : « si nous voulons construire avec succès, à l’instar de ce que l’Europe a réussi pour son marché commun, une véritable « Afrique » des services financiers, cette zone de libre-échange devra s’appuyer sur un dialogue public-privé régulier et profond ».
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