Insolvabilité de la SIC : l’Etat sur le banc des accusés
Selon les confessions du Directeur général de la Société immobilière du Cameroun (SIC), Ahmadou Sardaouna, les agents de l’Etat sont les premiers débiteurs de l’entreprise dont il a la charge. Ces derniers s’acquittent de leur loyer de manière sporadique tout comme ils profitent de l’absence de mécanismes de contraintes pour cumuler des arriérés.
Dire que la Société immobilière du Cameroun (SIC) traverse une mauvaise passe est un euphémisme. Cette entreprise publique, bras séculier de l’Etat en matière de logements, est empêtrée dans une crise structurelle qui plombe son fonctionnement. En 2019, l’arrivée d’Ahmadou Sardaouna, un technocrate rompu aux questions liées à l’habitat, avait suscité un brin d’espoir. Sauf que 3 ans après, ce dernier avoue à demi-mot son incapacité à relever la structure dont il a la charge. L’incompétence de celui qu’on présentait comme l’homme providentiel, n’est pas à priori la principale cause de ce fiasco. C’est qu’entre lui et ses objectifs, se dressent l’État et ses agents. C’est du moins ce qui transparaît des récentes confessions qu’il a faites à la télévision nationale. «Si on loue un logement décent à 200 000 F dans le privé, à la SIC on les laisse à 50 000 F et puis à 25 000 F pour les fonctionnaires. Nous avons des logements qui coûtent 11 000 FCFA. A Nlongkak par exemple, sur une superficie de plusieurs hectares la SIC n’a qu’un revenu de 88 millions. 88 millions parce que la plupart des locataires qui sont fonctionnaires, ne paient pas leur loyer. Il y en a un bon nombre qui ont des arriérés énormes», a-t-il révélé.
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Malheureusement, la Sic ne dispose pas d’outils de contrainte, pour obliger les locataires indélicats à s’acquitter de leurs frais de loyers. Elle ne peut non plus les expulser, par peur de se faire rabrouer par la justice. «Le logement social est donné par le chef de l’Etat, donc on ne peut pas agir avec violence envers les locataires. En plus, la société est régie par la loi Ohada, qui exige que le juge se prononce par rapport à toute expulsion. Le Directeur général de la SIC ou les agents de la SIC ne peuvent pas expulser un locataire, sans qu’il y ait recours au juge. Nous avons demandé quand on reformulait les statuts de la SIC, qu’on nous accorde le privilège du Trésor, pour qu’on puisse agir. Car nous ne pouvons pas faire notre boulot normalement. Nous avons fait la proposition au gouvernement, tout comme mes prédécesseurs. Jusqu’à présent nous attendons ces texte-là» a-t-il indiqué. A en croire Ahmadou Sardaouna, l’exécutif qu’il dirige a également proposé de mettre sur pied un mécanisme qui va garantir le respect scrupuleux de la durée d’un contrat qui est d’un an, renouvelable chaque année. Une initiative qui selon lui peut rapidement mettre un terme aux contrats de bail qui sont transmis de père en fils.
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Cette situation inquietante contribue grandement au climat précaire qui prévaut à la Société immobilière du Cameroun. Actuellement, plus de 60% du parc locatif de cette entreprise, détenue à majorité par l’Etat, est en état de dégradation avancée. Sa situation financière est tout aussi catastrophique. Faustin Clovis Noundjeu, son directeur général adjoint, révélait en juin dernier, plus précisément en marge d’une conférence organisée dans le cadre du Salon de l’action gouvernementale (Sago), qu’il faudrait au moins 6 milliards FCFA pour une complète réhabilitation des logements vétustes. Une somme qui ne peut provenir des caisses de l’entreprise dont les recettes annuelles sont en deçà de 3 milliards de FCFA.
«Les amortissements causés par le patrimoine de la société de plus en plus vieillissant et depuis plus de 40 ans aujourd’hui, ce qui cause un manque à gagner d’environ 6 milliards FCFA chaque année par la SIC. Nous avons également des charges contentieuses avec la justice qui nous prennent au moins 1 milliard FCFA. Ça veut dire que quand la SIC fait son bilan, elle est à moins 7 milliards FCFA à combler» explique son directeur général.
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