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Inflation : la Beac déconseille fortement le plafonnement des prix

L’institut d’émission redoute qu’une telle mesure ne produise un effet boomerang, notamment ralentir les investissements dans des filières potentiellement rentables et nuire aux perspectives de croissance à moyen terme.

Dans sa lettre de la recherche numéro 12 publiée il y a quelques jours, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), contexte inflationniste oblige, analyse la flambée inédite des prix des biens et services dans l’ensemble des six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) depuis le début de l’année 2022. Elle avertit, d’emblée, que le taux de croissance de l’indice des prix à la consommation en moyenne annuelle devrait se situer au-dessus de 3,0%1 en 2022, c’est-à-dire, un peu au-dessus du seuil communautaire, au moins jusqu’en 2023. « Sans mesure compensatoire des pouvoirs publics, la hausse du coût de la vie qui en découle devrait impacter négativement le bien-être des populations, no­tamment ceux ayant les revenus les plus faibles, dégrader la rentabilité des entreprises et favoriser le creusement des déficits budgétaires », prévient l’institut d’émission. Qui invite dans la foulée les Etats à envisager des mesures fortes pour juguler à court et à moyen termes cette envolée des prix.

Entre autres mesures de politique économique visant à atténuer les effets négatifs de la hausse des prix re­latifs sur les ménages à revenus les plus faibles, les chercheurs de la Beac recommandent un renforcement de leur pouvoir d’achat plutôt. « Cette augmentation du pouvoir d’achat pourrait être mise en œuvre à travers une hausse des subventions des Etats ou une réduction des marges bénéficiaires des entreprises. La réduction des marges des entreprises peut être implémentée à travers un plafonnement administratif des prix de certains produits ou une répercussion partielle des évolutions des prix des produits importés sur les prix de vente », écrivent-ils. Ils sont également favorables à l’implémentation des subventions des Etats à l’importation des biens et services, à tra­vers le renoncement au prélèvement de certaines taxes fiscales ou douanières ainsi que par des sub­ventions à l’importation des intrants des unités de production locale.

Effet boomerang

Sur ce chapitre, le gouvernement du Cameroun, par exemple, a décidé il y a quelques mois de suspendre le paiement de l’acompte de l’impôt sur les sociétés, le paiement de la redevance de pesage au Port de Douala Bonabéri, le paiement de la taxe sur le Programme d’évaluation de la conformité des marchandises avant embarquement en République du Cameroun, etc. Et, début août dernier, il a annoncé qu’il mettrait à disposition une subvention de 5 milliards Fcfa au profit des importateurs de blé. Il en faut de mesures supplémentaires dans ce sens pour un plus grand impact à l’échelle de la Cemac. Les Etats doivent, par ailleurs, explorer la possibilité d’ajustement des capacités de production domestique, plutôt que de plafonner les prix comme l’ont tenté (en vain) les autorités camerounaises ces derniers mois.

La Beac redoute, en effet, qu’une telle mesure ne produise un effet boomerang, notamment ralentir les investissements dans des filières potentiellement rentables et nuire aux perspectives de croissance à moyen terme. « L’efficacité des mesures de plafonnement des prix exige de mettre en place des dispositifs de contrôles des prix sur le terrain. Dans la pratique, les contrôles des prix sont généralement inefficaces, et donc à proscrire. Lorsque les marges commer­ciales découlant du respect du plafonnement des prix deviennent négatives, les unités de production arrêtent de produire avec pour corollaire la mise au chômage de leurs salariés. Celles qui continuent de fonctionner augmenteront implicitement leurs prix à travers des fraudes à la métrologie au détriment du consommateur. Par ailleurs, la mise en place des dispositifs de contrôle des prix dans un contexte de dégradation du pouvoir d’achat favorise l’émer­gence de la contrebande ou des poches de cor­ruption », souligne l’institut d’émission.

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