Tronçon Mora-Kousseri : la circulation interdite aux gros porteurs
Cette mesure qui a été prise en raison des dégradations avancées que connaît ce tronçon du corridor Douala-N’djamena, pourrait avoir un impact significatif sur les échanges économiques et commerciaux entre le Cameroun, le Nigéria et le Tchad.
Dans une correspondance signée le 5 août 2022, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord Midjiyawa Bakari ordonne aux préfets des départements du Logone et Chari et du Mayo-sava de suspendre la circulation des gros porteurs sur la route nationale N°1, tronçon Mora-Kousseri. Pour justifier cette décision, l’autorité administrative convoque les fortes précipitations qui rendent un peu plus impraticable ce tronçon de route déjà endommagé. Elle fait surtout suite à la situation dont a été victime Midjiyawa Bakari le 02 août dernier sur cet axe routier. En effet, se rendant à l’installation du nouveau préfet du Logone et Chari, le gouverneur, qui empruntait ce chemin, s’est vu contraint de quitter son véhicule et de traverser à pied, à cause de l’état lamentable de la route. Par ailleurs, Midjayawa Bakari, dans son communiqué, entend à travers cette mesure, « protéger notre patrimoine routier de la ruine et maintenir la circulation des usagers » indique le document.
Lire aussi : Tronçon Mora-Dabanga-Kousseri: la Banque mondiale envisage un financement supplémentaire
Le problème
Cet axe routier dont la circulation vient d’être interdite aux gros porteurs, est celui qui relie dans un premier temps le Grand-Nord au grand-Sud du pays, et dans un second temps le Cameroun à la Sous-région Afrique centrale et même le Nigéria de l’Afrique de l’Ouest. Plusieurs produits destinés à la consommation des camerounais empruntent cet axe routier, et vice versa. Les échanges économiques et commerciaux entre le Cameroun et les zones cités supra pourront donc prendre un grand coup, et les pertes partagées. A court terme, cette décision pourrait impacter la circulation des marchandises du Cameroun vers le Tchad et réciproquement, tout comme du Cameroun vers le Nigéria. Soit des marchés annuels respectifs de plus d’une centaine de milliards qui dépendent non seulement de la viabilité de la route Maroua-Kousséri, mais également de sa capacité à supporter le trafic des gros porteurs.
Lire aussi : Route Mora-Dabanga-Kousseri : les entreprises sommées de se conformer aux clauses contractuelles
Il convient de préciser que les travaux de construction de cet axe routier long de 205 kilomètres ont été officiellement relancés le 1er mars 2018, financés à hauteur de 70 milliards de F par la Banque mondiale. Les travaux avançant à pas de tortue, les sous-traitants PAC International, Millenium et Sombti avaient été recrutés en 2020 pour éviter de perdre ce financement de la Banque mondiale. Ils étaient censés se déployer respectivement sur les axes Mora-Waza (60 km), Waza-Sale (40 km) et Dabanga-Kousseri (75 km). Le Génie militaire qui avait débuté les travaux, ne devait plus alors se contenter que du linéaire de 30 km entre Sale et Dabanga. A date, ce tronçon continue d’être le théâtre des calvaires, à l’instar de celui dont a été victime le gouverneur le 2 août dernier.
Lire aussi : Route Mora-Dabanga-Kousseri : les consignes du Mintp pour une avancée rapide des travaux de réhabilitation