Négociations de paix au Tchad : 43 groupes politico-militaires sur 52 signent l’accord de Doha
Les 09 autres qui l’ont boudé ne ferment pas la porte aux discussions mais accusent les autorités de mépris de leurs exigences et créent un cadre de réflexion permanent.
Il aura fallu près de cinq mois d’intenses et âpres négociations sous l’égide de l’Emir du Qatar pour parvenir enfin à un accord de paix entre le gouvernement de transition et les groupes politico-militaires tchadiens. Lorsqu’il est arrivé à Doha le 5 août dernier, personne ne vendait cher la peau de l’issue heureuse des négociations avec ces groupes. Au final, au terme d’houleux pourparlers et de compromis, les officiels gouvernementaux commis à la négociation sont parvenus à convaincre 43 groupes politico-militaires de signer, le 8 octobre 2022, un accord de paix.
Du coup, c’est la voie royale pour le dialogue national inclusif prévu à N’Djamena à partir du 20 août courant, a annoncé dans un tweet, Chérif Mahamat Zène, ministre tchadien des Affaires étrangères. L’accord de paix de Doha prévoit entre autres, un cessez-le-feu général, la mise en place d’un programme de désarmement, démobilisation et réinsertion.
Lire aussi : Qui est Mahamat Hamid Koua, le nouveau Directeur du Cabinet civil de la présidence au Tchad ?
En outre, l’accord prévoit aussi l’adoption et l’application d’une loi d’amnistie pour toutes les condamnations liées aux participations aux rébellions et/ou atteintes à la sûreté de l’Etat, des mesures visant à assurer la sécurité physique des membres des mouvements politico-militaires signataires, de leurs biens et de leurs proches à leur retour au Tchad.
La libération réciproque des soldats et combattants faits prisonniers lors de différents affrontements armés, le renoncement définitif à la lutte armée et au recours à la violence sous toutes ses formes. De plus, le Conseil militaire de transition (CMT) du Tchad s’engage à n’entreprendre aucune opération militaire ou de police contre les mouvements politico-militaires signataires
Les 43 mouvements politico-militaires signataires s’engagent à n’entreprendre aucune intrusion, action armée ou attaque de quelque nature que ce soit contre le gouvernement de transition.
L’accord mentionne également la tenue dans les meilleurs délais à Ndjamena du dialogue national inclusif dont les résolutions seront contraignantes.
Lire aussi : Endettement : la dette du Tchad sur la table du G-20
Les mouvements politico-militaires ont exigé du gouvernement l’inscription dans l’agenda du dialogue national inclusif dont la tenue a été fixée à compter du 20 août, le débat sur la réforme de l’armée, la révision de la charte de la transition, l’inéligibilité des membres des organes de la transition aux premières élections post-transition.
En dépit de la jubilation des autorités et de certains mouvements politico-militaires, certains de ces groupes à l’instar du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact), sur qui pèse la responsabilité de la mort du défunt chef de l’Etat, Idriss Déby Itno, rejettent l’accord de paix signé entre le gouvernement et les mouvements rebelles.
Lors d’une conférence de presse donnée à Doha, ils ont indiqué que ce rejet est la résultante de la non-prise en compte de leurs revendications. Celles-ci portent sur « la parité des délégués au dialogue national inclusif, la mise en place d’un nouveau comité d’organisation du dialogue national inclusif, la libération de tous les prisonniers à compter de la signature de l’accord et la modification de la charte ».
Lire aussi : La commission du Bassin du Lac Tchad veut auditer ses comptes sur 3 ans
En dépit de ce rejet, le gouvernement indique dans un communiqué que «le Fact reste disponible au dialogue». «Nous restons ouverts aux discussions à tout moment et en tout lieu pour l’intérêt supérieur de notre pays. Nous affirmons également notre volonté de demeurer unis. Pour ce faire, nous décidons de la mise en place d’un Cadre permanent de concertation et de réflexion pour explorer les voies et moyens en vue d’aboutir à une paix définitive au Tchad », soulignent les groupes rebelles dans leur communiqué.
Simon Pierre Mbarga