Barrage de Nachtigal : une ONG somme Nhpc de respecter ses engagements envers les populations locales
Dans une plainte adressée à la Banque africaine de développement, l’ONG accuse l’entreprise en charge de la construction de cet ouvrage énergétique de plusieurs griefs : le retard dans le paiement des indemnisations, la destruction des sites sacrés, l’aggravation des fléaux sociaux...
«Plainte concernant le projet hydroélectrique de Nachtigal, numéro du projet P157734 ». Tel est l’objet de la lettre de l’Organisation non gouvernementale IFI Synergy Group Cameroon commis à l’attention de David Simpson, Directeur Général de l’Unité de vérification de la conformité et de médiation (Crmu), à la Banque africaine de développement. Cette correspondance a été rédigée au nom des communautés et des corps socio-professionnels impactés par le projet de construction du barrage hydroélectrique de Nachtigal sur le fleuve Sanaga au Cameroun.
En effet, ce projet énergétique d’une capacité de 420 MW, mis en œuvre par la Nachtigal Power Company (Nhpc), est l’objet de plusieurs plaintes selon la lettre déposée auprès du Mécanisme indépendant de Recours (MIR), de la BAD. « Dans cette plainte officielle adressée à l’Unité de vérification de la conformité et de médiation (CRMU) de la BAD, nous exposons les préjudices et les impacts négatifs qui n’ont pas encore été traités de manière adéquate par le promoteur du projet », peut-on lire dans ce document. IFI Synergy Cameroon parle au nom de plus de 1000 personnes, situées dans les arrondissements de Batchenga, Mbandjock et Ntui. Plus précisément au nom des communautés de Nachtigal, de Mebassa, d’Olembe, de Ndji, de Ndokoa et au nom des corps socio-professionnels (sableurs, pêcheurs et mareyeuses) impactées par le projet de construction du barrage hydroélectrique de Nachtigal.
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Parmi les plaintes formulées ici l’on recense, la perte des activités génératrices de revenus pour les pêcheurs, les sableurs et les mareyeuses, qui vivaient de la pêche et de l’extraction de sable se sont vus interdit d’accès à l’eau depuis le lancement du projet ; des consultations mal faites entre les différentes parties prenantes (populations locales et Nhpc) ; des indemnisations insuffisantes et tardives (plus de 500 personnes dans les localités de Mbandjock, Ntui, Batchenga réclament leur indemnisations) ; le déplacement et destruction des sites sacrés ; l’aggravation des fléaux sociaux, etc.
Solutions envisagées Toujours dans sa lettre de plainte, IFI Synergy a présenté les points sur lesquels des améliorations sont à faire en faveur des populations impactées par le projet. Dans l’ensemble l’on a entre autres l’indemnisation des sites sacrés, respecter et mettre en œuvre le cahier des charges préparé pour la mise en œuvre du projet, la mise en place des œuvres sociales tel que contenue dans le plan de gestion environnemental et social du projet, etc.
Dans le détail pour le corps socio-professionnel composé de sableurs, pêcheurs et mareyeuses l’on peut relever : pour les sableurs, la possibilité d’avoir des services sous- traitants dans le chantier, une réévaluation des carrières de sable, dépôts de sable et tout autre activité, Le relèvement du niveau de vie de 1 à 5 comme promis lors des consultations. Pour les pêcheurs et mareyeuses : une indemnisation de 10 millions par pêcheur et 5 millions par mareyeuses, un approvisionnement en médicaments pour lutter contre les maladies récurrentes dans la zone telle que l’onchocercose qui sévit de plus en plus dans la localité depuis le début des travaux du projet… Le plan environnemental n’est pas en reste dans les solutions proposées.
Rappelons que IFI Synergy a pour mission de s’assurer que les droits des communautés locales et autochtones sont respectés dans la mise en œuvre des projets financés par les institutions financières internationales au Cameroun (Banque mondiale, BAD, AFD, FMO, etc.). Selon la lettre d’enregistrement de cette plainte, il est prévu que l’institution bancaire apporte une réponse avant le 25 juillet. Affaire à suivre…
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