Déjà deux semaines que Mamadou Bass séjourne dans les cellules de l’Agence nationale de sécurité (ANS). Soupçonné de vouloir prendre la poudre d’escampette dans la foulée de l’enquête sur des malversations financières à la Société des Hydrocarbures du Tchad(SHT) le Directeur Général d’Orabank avait été arrêté par l’Agence nationale de sécurité(ANS). Le malien est accusé d’avoir facilité le retrait illégal d’un montant de 13 milliards de francs CFA(32 milliards selon d’autres sources) du compte de la SHT ouvert dans les livres de sa banque au profit de quelques tiers. Son audition avait pour but de recouper plusieurs autres témoignages et interrogatoires, notamment ceux de Boayam Michel et Tahir Issa Ali Souleymane, limogés de leurs postes respectifs de directeur général et directeur adjoint de la SHT et arrêtés le 17 juin dernier.
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Une situation plus que dérangeante pour le groupe bancaire présent dans 12 pays d’Afrique de l’ouest et centrale qui, en réaction, annonce sa volonté de faire preuve de transparence pour la manifestation de la vérité. « Face à cette situation inédite, toutes les instances de la banque et du Groupe sont mobilisées : le Conseil d’administration de la banque met tout en œuvre pour que les faits soient établis, une équipe d’auditeurs de la Holding est présente sur place et la filiale collabore avec les autorités tchadiennes et le régulateur pour la manifestation de la vérité » renseigne l’institution financière dans un récent communiqué. Sans révéler son niveau d’implication dans l’affaire, ni même démentir les allégations portées contre elle, Orabank se dit prête à « tirer toutes les conséquences de droit sur cette affaire ». Elle rassure toutes les parties prenantes qu’elle veille à « respecter les meilleurs standards internationaux dans la gestion, notamment en matière de gouvernance ».
CBT pas concerné
Pour l’instant, le nom de Commercial Bank Tchad(CBT) n’est mentionné dans le cadre de ce scandale, que dans la presse locale, sans véritable lien probant. La banque s’est récemment prononcée pour réitérer urbi et orbi qu’elle n’entretenait « aucune relation commerciale avec les personnes citées dans cette affaire». « La CBT a appris avec étonnement son implication dans une affaire financière à travers la publication d’un article intitulé « Urgent Tchad: Orabank et la Commercial Bank Tchad (CBT) risquent des sanctions de la Cobac. Dans cette publication, la CBT est associée à une opération sur les fonds de la SHT logés à Orabank Tchad qui ne la concerne ni de près, ni de loin», clarifie la CBT. Jusqu’ici, l’alibi de l’acharnement tient la route car les enquêtes de ANS n’ont pas encore mené au locaux de CBT, même si une mission de la Cobac y aurait séjourné tout récemment.
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Chasse aux sorcières
Quoi qu’il en soit, le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby promet la croix et la bannière pour les personnes impliquées dans ce scandale. « Le Conseil militaire de transition sera intraitable face au détournement avéré » a-t-il affirmé, mettant en garde ceux qui « confondent les caisses de l’Etat avec leurs propres vaches laitières ». Il ne s’agit pas que de mots car jusqu’ici, plusieurs hauts responsables ont déjà été mis aux arrêts notamment Idriss Youssouf Boy, son secrétaire particulier, Boayom Michel et Tahir Souleymane respectivement DG et DGA de la SHT. Selon la presse locale, le Premier ministre Albert Pahimi Padacké serait également dans le viseur du président de transition.Une véritable chasse aux sorcières qui a permis de récupérer « 80% des revenus dérobés » mais qui de l’avis des observateurs est un prétexte pour permettre au président de se débarrasser de ses ennemis puissants. « Le scandale « SHT gate » a clairement été l’occasion pour Mahamat Déby de placer ses alliés au gouvernement et de dénuer Albert Pahimi Padacké des siens. Mais également de faire tomber les derniers alliés de Hinda Déby. Mais alors que l’enquête sur « SHT gate » n’est pas encore close, Mahamat Déby fera-t-il également chuter Albert Padacké ? » s’interroge un média local.
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En 2021, le Tchad s’est positionné à la 161ème place sur 179 selon l’indice de perception de la corruption de Transparency International, faisant du pays d’Afrique central, l’un des plus corrompus du monde. Le secteur pétrolier est au cœur de la plupart des scandales financiers depuis le début de la production, au début des années 2000. Selon l’Observatoire tchadien des finances publiques, le pays a produit 47 millions de barils en 2021, soit 128 000 barils produits par jour.
