Production et transformation du blé : interrogations autour de la subvention accordée à l’Irad
Alors que l’on salue la mesure présidentielle visant à émanciper le pays des importations de cette céréale et de la dictature des prix imposés par le cartel des producteurs mondiaux dans un contexte marquée par une conjoncture défavorable, des voix s’élèvent pour questionner la faisabilité de cette initiative au regard des limites des missions de l’Institut de recherches agricoles pour le développement (Irad), et de la confusion que crée cette correspondance du secrétaire général de la Présidence de la République.
Sur les deux versants qui constituent l’ossature des missions de l’Irad voici plus de 50 ans déjà, nulle part ne figure celles relatives à la production et à la transformation des spéculations de quelque nature que ce soit. Dans le volet recherche agricole tout comme dans la promotion du développement agricole, l’Irad est appelée à assurer la recherche, la collecte, le traitement, la conservation et la diffusion des connaissances scientifiques, technologiques et innovantes, ayant un impact sur le développement des secteurs dans ses domaines de compétence ; la valorisation et la vulgarisation des résultats de la recherche auprès des acteurs de développement, en liaison avec les ministères en charge du secteur rural.
Si l’élaboration des stratégies de recherches nationale, et la contribution à l’élaboration des stratégies de recherches sous-régionale, régionale et internationale, ainsi qu’au dialogue entre la science, la recherche et la société dans ses domaines de compétences d’une part, et le développement des technologies agro-alimentaires et agro-industrielles ainsi que des modèles scientifiques pour la conservation de l’environnement, la gestion économique et durable des ressources agricoles, l’Irad à qui 10 milliards de Fcfa ont été alloués par le chef de l’Etat pour la production à grande échelle et la transformation du blé, n’est en aucun cas, engagé dans l’opérationnel. Tout juste, pour se justifier au sein de l’institut, l’on affirme que les derniers travaux expérimentaux lui donnent licence à conduire le programme. En effet, L’Irad a mis au plus de 22 variétés de blé dont quatre adaptées aux cinq zones agro-écologiques du pays. Mais, en raison des difficultés financières, des limités ont émergé dans la mise en œuvre du fruit de ces recherches. Ce qui n’a pas permis une transformation à grande échelle de la chaîne de valeur du blé au Cameroun.
Lire aussi : Importations de blé : le plaidoyer de l’Irad en faveur des farines locales
« Malgré les avancées de la recherche agricole, les moyens financiers (…) très limités ne permettent pas une transformation à grande échelle de la chaîne de valeur du blé au Cameroun. D’où la nécessité de développer des initiatives d’investissements qui vont permettre à notre pays de gagner en autonomie d’intrants locaux pour ravitailler les industries camerounaises », expliquait alors l’Irad. Cette sortie du mois d’avril dernier, s’en trouve justifiée aujourd’hui si l’on en croit les explications de certaines sources proches du dossier à l’Irad.
«Nous avons fait des travaux de recherche dans certaines zones agro-écologiques et bassins de production de blé dans le pays ; et face à cela, on a sollicité un financement auprès de la présidence de la République afin de mettre cela en valeur et nous sommes heureux de voir que cela ait abouti », souffle une source proche du dossier. Un autre haut responsable de la structure s’étonne de la modicité de l’enveloppe. «Il était question de disposer de 20 milliards de Fcfa pour cela. C’est cela qu’avait suggéré le top management à la hiérarchie pour que le pays soit libéré de la dictature des producteurs occidentaux dans un contexte de guerre en Ukraine. On n’a pas d’autre choix que de faire avec », explique-t-il.
Lire aussi : Culture du blé : 160 tonnes de semences pour relancer la Sodéblé
Quant à la disponibilité des surfaces, l’on explique que c’est sur la base d’un projet pilote de production de blé à Wassandé, sur les cendres de la défunte Sodeblé, que l’Irad va travailler. «Il faut juste le refaire à grand » échelle maintenant bien évidemment en impliquant les meuniers et les paysans afin de pouvoir mettre sur le marché ce sur quoi on dépense plus de milliards pour importer. Après cinq ans, l’Irad laisse ces acteurs continuer normalement mais pour ne plus jamais importer », souligne-t-on.