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Carburants: l’enveloppe des subventions devient insoutenable pour l’Etat, la pénurie s’installe

Seulement pour le mois de juin, le pays a dépensé 80 milliards pour soutenir les prix des produits pétroliers à la pompe.

Les pénuries de carburants observées tout au long du week-end dernier ont fait sortir le ministre de l’Eau et de l’énergie, Gaston Eloundou Essomba de son mutisme. Pour lui, le manque de produits blancs dans les essenceries procède de la hausse vertigineuse des subventions étatiques. «Il convient de faire observer que ces perturbations sont dues principalement à l’importance de l’enveloppe de la subvention des prix à la pompe qu’il faut effectivement mobiliser en temps réel pour assurer les importations de produits pétroliers », explique le ministre.

Ainsi, les difficultés redoutées par le FMI lors de sa dernière mission au Cameroun émergent et créent déjà des goulots d’étranglement dans la chaine d’approvisionnement des populations en produits pétroliers importés. «Pour le seul mois de juin, cette subvention s’élève à 80 milliards de Fcfa et pour tout le semestre de l’année en cours, à 317 milliards de Fcfa », poursuit-il.

Lire aussi : Hausse annnoncée du prix des carburants : comment le gouvernement va soutenir les ménages

Face à la flambée des prix du baril de pétrole ces derniers mois et la revalorisation de la subvention allouée à l’administration des prix des carburants à la pompe, le FMI ne s’était pas embarrassé de diplomatie pour appeler le gouvernement à mettre un terme à la politique du soutien des prix à la pompe. La suppression de cette subvention était ainsi annoncée sans ambiguïté. Et aujourd’hui, dans l’incapacité de mobiliser les dizaines de milliards nécessaires à l’approvisionnement des essenceries, le gouvernement se trouve dos au mur et doit faire face à la réalité.

«Le coût élevé des subventions aux carburants serait difficile à maintenir dans le cadre des projections actuelles des prix internationaux du pétrole. Toutefois, la suppression progressive des subventions aux carburants devrait s’accompagner d’un renforcement substantiel du mécanisme de transfert social en espèces», soulignait le Fmi dans son communiqué de fin de mission.

Lire aussi : Carburants : le FMI s’oppose aux subventions de l’Etat

Pour mémoire, la hausse des subventions des prix des carburants, passées de 100 milliards de Fcfa en 2021 à 625,4 milliards de Fcfa en 2022, occasionne plus de mal que de bien aux caisses publiques et aux objectifs de développement. Des voix s’élèvent déjà pour demander le ciblage de cette subvention, question de disposer de deux cotations à la pompe : des prix pour industriels, grandes administrations, l’armée, les diplomates et autres nantis, et des prix pour le bas peuple afin de la faire profiter véritablement aux pauvres. En fait, il s’agit de le surtaxer pour les riches.

Car, il y a quelques années, la Banque mondiale dans ses cahiers économiques sur le Cameroun avait conclu que la subvention des produits pétroliers était contreproductive en ce sens qu’elle ne profite qu’aux riches. En effet, selon les institutions de Bretton Woods, une fraction importante de l’argent issu de la vente du pétrole camerounais, ressort sous forme de subvention. Selon une étude du FMI de 2018, 50% des ménages représentant les tranches les plus aisées de la société, ont profité de 96% des subventions sur le carburant. Entre 2008, année de sa mise en place et 2019, l’Etat a dépensé 1800 milliards de Fcfa pour le soutien des prix à la pompe. En 13 ans, on tutoie les 3000 milliards de FCFA.

Lire aussi : Carburants: « c’est en moyenne 500 milliards qu’il faut prévoir pour que les camerounais continuent de payer le prix actuel » Louis Paul Motaze

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