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Elevage : la filière avicole dans la tourmente à l’Est

Une inflation généralisée des prix des intrants importés sur le marché depuis le déclenchement du Covid-19 en 2020, laisse la voie ouverte à la baisse de la production et à une pénurie de poulet et des produits dérivés dans les prochains jours.

L’unique raison avancée par Mama Rebecca que nous avons rencontré le 26 juin 2022 pour justifier sa présence sur l’ancien espace réservée à la vente des poulets au marché central de Bertoua au lieu dit ancienne pharmacie Galien, c’est son ancienneté dans l’activité. « Si je suis encore ici, c’est parce que la vente des poulets est mon métier depuis 28 ans. D’ailleurs, comme vous pouvez le constater, je n’ai rien devant moi en dehors de ces petits paquets d’aliments pour mes anciens clients. Il n’y a plus de marché. Tout est cher, notamment le prix des aliments ». La soixantaine révolue, cette vendeuse de poulets précise par ailleurs qu’« à cause de cette malnutrition, il faut aujourd’hui 60 jours pour que les poussins atteignentt la maturité alors qu’avant la rareté des aliments, il fallait juste 45 jours dans la ferme pour avoir les poulets vendables ». Cette dernière, unique vendeuse des poulets dans ces lieux puisque le marché a été transféré par la communauté urbaine de Bertoua au nouveau marché de Nkolbikon, regrette également le fait que la plupart des clients n’arrive plus à supporter l’augmentation du prix des poulets et préfèrent consommer autre chose.

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Au marché de poulet à Nkolbikon, le jour suivant, l’ambiance est totalement morose. Jusqu’à 10 heures, Fidèle Mba Sop, producteur et vendeur qui a exposé 20 poulets sur son comptoir n’avait pas encore reçu un seul client lors de notre passage. « Moi je suis producteur depuis 5 ans et j’ai une ferme de 700 poulets ici même au quartier Nkolbikon. Si depuis un mois je viens détailler les poulets ici, c’est parce que les revendeurs ne viennent plus à la ferme pour acheter en gros », déclare-t- il. Notre interlocuteur évoque l’augmentation du coût de production des poulets qui l’oblige à augmenter le prix des poulets de 2700 FCFA pour les poulets moyens à 3000 FCFA. Un prix que les revendeurs n’acceptent pas. « J’achète mes poussins à la société des provenderies du Cameroun (SPC) et ils me les vendent avec les aliments qui peuvent nourrir mes poussins jusqu’à 35 jours et par la suite, moi-même je conditionne les aliments pour les restes de jours pour que les poulets soient vendables. Malheureusement, le prix des aliments a augmenté. Aujourd’hui, un sac est vendu à 22.000 FCFA contre 19.000 FCFA il y a quelque temps. Pour faire face à cette situation embarrassante, je me suis engagé à fabriquer mes propres aliments en achetant le soja, le concentré et le maïs. Malheureusement, actuellement, le sac de maïs que j’achetais à 24.000 FCFA, coût 35.000 FCFA dans certains endroits donc la situation est très compliquée », regrette-t-il. Fidèle Mba Sop estime que « pour s’en sortir, il faut que le producteur de poulet cultive aussi les intrants pour la production des aliments à savoir, le maïs et le soja ».

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Origine

Selon des propriétaires d’unités de production de provenderie approchés par EcoMatin, « la pandémie du Covid-19 qui a déclenché en 2020, l’apparition des cas de grippe aviaire en Occident et en Asie en 2021 qui avait contraint le gouvernement à l’interdire provisoirement les importations des poussins d’un jour et des œufs à couver des pays touchés ainsi que le conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine ont déstabilisé l’approvisionnement des intrants importés. Toute chose qui a instauré la spéculation sur le marché ». Pire encore, la région de l’Est ne dispose pas de couvoir pour booster la production locale car tous les poussins d’un jour proviennent des régions du Centre et de l’Ouest. Déjà en mars 2021, François Djonou, le président de l’Interprofession avicole du Cameroun (IPAVIC) soulignait que « cette situation s’est aggravée avec la difficulté de transfert des fonds aux fournisseurs au niveau de la banque centrale, selon ce que nous disent les banquiers ». Pour éviter les pays sous la menace de la grippe aviaire, le gouvernement camerounais avait décidé, depuis fin mars 2021, d’effectuer les importations de produits avicoles depuis le Brésil.

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« Le problème majeur est le manque du capital », Augustin Tchonbeua, propriété d’une unité de production et de commercialisation de la provenderie à Bertoua

Les ingrédients de base pour la fabrication des aliments pour les poussins, dont le maïs, le soja et le concentré sont devenus très chers. Un sac de 100 kg de maïs coûte aujourd’hui plus de 23.000 FCFA contre 10.000 FCFA. Le soja de la même quantité est passé 22.000 FCFA à 27.000 FCFA et le concentré de 25.000 FCFA à 33.000 FCFA. Aujourd’hui, le sac de 50 kg de démarrage pour les poussins d’un jour est vendu à 23.500 alors qu’on le proposait aux clients à 17.000 FCFA il y a quelque temps. Il faut noter que parmi ces produits, le concentré et le soja sont importés de l’Europe, l’arachide vient du Tchad et le maïs vient du Grand-Nord car la quantité produite sur place est insuffisante. A notre niveau, le problème majeur c’est le manque de capital pour aller acheter les produits importés à Douala et à Yaoundé, et le maïs à Garoua. Aussi nous n’avons pas une organisation professionnelle des producteurs et vendeurs pour nous permettre de mutualiser nos forces alors qu’on peut compter une cinquantaine d’acteurs dans la filière provenderie dans la ville de Bertoua.

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