Ecotourisme : sur les traces du Complexe économique et touristique de Yôyô
13 ans après, le projet reste dans les tiroirs de plusieurs ministères, au grand dam des populations de cette localité qui ont adressé récemment un mémorandum au Président de la République.
C’est en 2009 qu’est intervenue la signature d’une convention-cadre entre le gouvernement du Cameroun et l’entreprise britannique de droit émirati Ruwaad holdings limited, en mode partenariat public privé pour la construction d’hôtels, restaurants, parc d’attractions, supermarchés, espaces sportifs, villas, hôpitaux, jardins etc. sur une aire de plus de 10.000 hectares, en bordure de mer dans le Département de la Sanaga Maritime. Pour un coût global de 1500 milliards de FCFA, cet ambitieux projet baptisé Complexe économique et touristique de Yôyô (localité de l’arrondissement de Mouanko) prévoyait générer 250.000 emplois en phase d’installation et 120.000 en phase d’exploitation.
« L’Arrêté N°002/MINDCAF/CAF/SG/D1/ D14/D141 du 15 février 2012 a déclaré d’utilité publique les travaux de construction de ce méga complexe économique et touristique sur une dépendance du domaine national sise au lieu-dit Yôyô, Arrondissement de Mouanko, Département de la Sanaga Maritime. La signature le 25 mars 2010 par le Premier Ministre de l’Arrêté 064/CAB/PM portant création, organisation et fonctionnement du comité interministériel de pilotage et de suivi de la construction du méga complexe économique et touristique de Yoyo venait rassurer sur le sérieux du projet », indique Ndoumbe Marcelin, une élite Malimba de Mouanko.
Lire aussi : Communauté urbaine de Douala : 52 milliards de recettes collectées en 2021
Blocages
Bientôt 14 ans après la signature entre le gouvernement du Cameroun et le partenaire britannique, du pacte d’actionnaires pour la constitution de la Cameroon International Project Company (CIP), société de gestion du projet, le complexe annoncé n’a toujours pas démarré. Projet piloté par le Ministère de l’économie, du plan et de l’aménagement du territoire (Minepat), un comité interministériel est chargé de le concrétiser. Une correspondance de 13 novembre 2013 d’Emmanuel Nganou Djoumessi, Minepat d’alors, annonçait au Président directeur général de Ruwaad «la prise des dispositions pour la viabilisation du site par l’administration camerounaise».
Les mesures évoquées concernaient la mise à disposition du site et son transfert à la CIP, la mise en place des réseaux d’eau, d’électricité (Ministère de l’eau et de l’énergie), l’implantation des équipements de télécommunications (ministère des Postes et télécommunications), la réalisation de la voie d’accès au site par la Ministère des travaux publics (route Edéa-Mouanko-Yôyô). Le projet sera malheureusement bloqué au niveau de la reconnaissance légale de la société de projet, la sécurisation contestée du site (MINDCAF), le recensement des biens meubles et immeubles, la signature du décret d’indemnisation des populations (Présidence de la République), la validation des termes de référence pour les réseaux d’eau et d’électricité (Ministère de l’eau et de l’énergie), la validation des études de la route Edéa- Dizangué -Mouanko-Yoyo censée désenclaver le site du projet (Ministère des travaux publics).
Lire aussi : 13,082 milliards de Fcfa de plus pour l’hôpital régional annexe de Mbalmayo
Rupture de convention
Coup de théâtre en février 2016, Louis Paul Motaze, devenu ministre de l’Economie, du plan et de l’aménagement du territoire, annonce la dénonciation de la convention de 2013, arguant que «Ruwaad n’a plus manifesté un quelconque intérêt à poursuivre le projet, comme en témoigne le fait que, plus de 3 ans après la signature de la convention avec le gouvernement camerounais, cette firme contrôlée par des investisseurs émiratis n’a pas pu créer la société de gestion du projet dans un délai de soixante jours au plus après la signature de la convention». Depuis, plus rien. Si ce n’est des concertations sectorielles sans réelles conséquences décisives sur l’avancée du projet à l’instar de celle organisée le 12 décembre 2017 à Édéa, par Jean Tchoffo. Le Secrétaire général du Minepat examinait avec les différentes parties prenantes, l’atelier de pré-validation visant à affiner les scénarii alternatifs du projet et le scénario de référence sur la base duquel la vision du site de Yoyo et les localités avoisinantes est projetée, et de recueillir les recommandations sur les orientations stratégiques relatives au futur méga complexe.
Lire aussi : En 6 ans, le PEA-Jeunes revendique avoir financé plus de 2600 jeunes entrepreneurs pour 10 000 emplois directs crées
Au ministère de l’Economie, on rassure sur «la fermeté du Président de la République à concrétiser et finaliser le projet ». Notre source évoque l’existence des pourparlers en cours pour la recherche d’un nouveau partenaire « plus engagé que le précédent, car le gouvernement a quasiment rempli ses premiers engagements ». Rappelons toutefois que le gouvernement camerounais s’est approprié, via une déclaration d’utilité publique, le titre foncier N°4812/SM d’une superficie de 10.872 ha sans indemniser les populations victimes des destructions. Ne laissant que 7105 ha d’espace vital aux Malimba, peuple autochtone de Mouanko. Un mémorandum de ces derniers, signé par 584 personnes sera adressé au Président de la République afin d’expérimenter leur fin d’exprimer leur désapprobation sur les limites de la superficie destinée au projet, le retard pris sur les travaux, notamment.
Lire aussi : Autoroute Kribi-Lolabé : les dessous de l’attribution du marché à la chine