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En RDC, le projet d’expropriation d’Afriland First Bank prend une tournure ultime

Alors que les actionnaires attendaient un audit contradictoire de cette entreprise, la Banque centrale a préféré la mettre sous administration provisoire.

Le communiqué signé le 3 juin 2022 par Jean Paul Kamdem et Jean-Paulin Fonkoua, respectivement vice-président exécutif d’Afriland First group S.A et Président du Conseil d’Administration d’Afriland First Bank SA révélait que la filiale congolaise d’Afriland First Group était victime d’un projet d’expropriation. Parlant au nom de la communauté des actionnaires de ce groupe d’investisseurs, ils écrivaient : « Depuis le 1er juillet 2021, les actionnaires et les administrateurs n’ont plus aucun contrôle sur la banque, entièrement aux mains de l’ex-DGA Patrick Kafindo, assisté de la mission de surveillance rapprochée de la Banque centrale du Congo. » Poursuivant dans cette lancée, ils disaient ne pas comprendre que la Banque centrale leur demande de recapitaliser cette banque à hauteur de 90 millions $, alors même que, au 30 juin 2021, elle était encore sous leur contrôle, elle disposait de fonds propres de 48,4 millions de dollars et respectait tous ses ratios prudentiels ! Que s’est-il passé entre-temps ? Qui a géré la banque entre le 30 juin 2021 et le 3 juin 2022 ?

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Audit contradictoire

Pour avoir d’éléments de réponse à ces questions, replongeons dans les débuts de cette crise de gouvernance. Tout commence le 1er juillet 2021, lorsque le Directeur général Souaibou Abary est suspendu de ses fonctions à titre conservatoire par le président du conseil d’administration Joseph Toubi. La Banque Centrale du Congo réagira dès le lendemain, 02 juillet 2021 par le retrait de l’agrément d’administrateur du Président du Conseil d’Administration de la banque, et ordonnera le maintien en fonction de l’ex-directeur Général. Progressivement, les autres membres du conseil d’administration verront leur agrément retiré par la Banque centrale du Congo. Au point, à la date du 3 juin 2022, la banque n’a ni directeur général ni conseil d’administration depuis un an !

Après la mort de l’ex-Directeur général Souaibou Abary survenue en octobre 2021 c’est l’ex-DGA Patrick Kafindo, assisté de la mission de surveillance rapprochée de la Banque centrale du Congo, instaurée en aout 2021, qui posaient tous les actes de gestion, bien que, précisent les actionnaires, Patrick Kafindo ait été démis de ses fonctions par le conseil d’administration. Les actionnaires disaient alors ne pas comprendre les besoins de fonds propres avancés par la Banque centrale, à savoir 90 millions de dollars. Après avoir demandé la restauration des organes sociaux de l’entreprise, ils proposaient que soi mené un audit contradictoire au terme duquel les besoins seraient évalués de façon collégiale et les responsabilités établies : « Notre groupe panafricain dispose de moyens humains, matériels et financiers pour respecter ses engagements, tous ses engagements et rien que ses engagements. »

Le communiqué était publié au lendemain de la 56ème session du conseil des ministres présidés par le président Felix Antoine Tshisekedi. A l’issue de ce conseil, une recommandation adressée à la Banque Centrale du Congo intimait la nécessité de « prendre toutes les dispositions idoines pour « protéger la stabilité du système bancaire et l’épargne du public, dans les plus brefs délais ».  Faisant suite à la recommandation dudit conseil des ministres, les actionnaires de Afriland First Bank Congo démocratique SA espéraient alors que la « stricte application et exclusive de la Loi bancaire » libérera la Banque centrale du Congo, l’Etat du Congo démocratique et Afriland First Bank Congo Démocratique  SA, qui sont aujourd’hui otages d’une guérilla administrative et politico-judiciaire ouverte et entretenue sans ménagement par l’ex Directeur Général adjoint, pourtant désavoué et démis de ses fonctions par le Conseil d’Administration de la Banque, et qui continue depuis plusieurs mois et dans l’impunité totale, à poser des actes dans l’illégalité totale au nom d’ Afriland First Bank Congo démocratique SA ».

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Administration provisoire ou expropriation ?

Deux semaines après la parution de ce communiqué, la Banque centrale n’a visiblement pas donné suite à ces demandes formulées par les actionnaires qui totalisent 95% des parts d’Afriland First Bank CD. Elle a préféré mettre cette banque sous administration provisoire, ainsi que l’atteste le communiqué signé ce 20 juin 2022 par Malangu Kabedi Mbuyi, la Gouverneure de la Banque Centrale du Congo :

« La Banque Centrale du Congo informe le public que, conformément aux dispositions des articles 41 à 48 de la loi N° 003/2002 du 02 février 2002 relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit, Afriland First Bank CD S.A est mise sous gestion d’un comité d’Administration provisoire ».

Dans le même document, l’institut d’émission monétaire annonce la nomination de 7 personnes au sein du désormais comité d’administration provisoire dont 1 président et 6 membres. Leur mission sera « d’assurer la gestion courante de la banque, servir d’interface avec toutes les parties prenantes à la résolution de la situation de crise qui prévaut dans la banque et préparer dans un délai de 180 jours, le plan de redressement de Afriland First Bank CD ». Le communiqué ne précise pas les raisons qui ont conduit à cette décision mais selon la loi suscitée, la mise sous administration provisoire intervient lorsque « les affaires de l’Établissement de Crédit sont conduites de manière à compromettre sa solvabilité, les intérêts des épargnants ainsi que ceux des actionnaires, associés ou sociétaires » précise l’article 41. D’où la question : à qui incombe la responsabilité de la mauvaise gestion qui a conduit à la décision de mise sous administration provisoire, quand on sait que les actionnaires majoritaires et les administrateurs ont été écartés de la gestion de puis juillet 2021 ? EcoMatin a appris d’autres sources de journaux congolais que de nombreuses décisions judiciaires prononcées par le tribunal du commerce de Kinshasa ont, entre avril et mai 2022, nommé deux administrateurs ad hoc : Ide Bopilo et Lionel Foko pour assurer la gestion de la banque, au regard de la non-légitimité de Patrick Kafindo. Mais ce dernier a usé de ses connexions au sein des appareils politico-administratives pour leur faire obstacle.

Pire, il a utilisé une cohorte d’éléments de sécurité armés jusqu’aux dents pour expulser de la banque les administrateurs ad hoc nommés par le tribunal de commerce.

Avec la mise sous administration provisoire de la banque, ce feuilleton prend une tournure ultime. Les actionnaires majoritaires prennent acte de ce que le projet d’expropriation suit son cours. Une source interne d’Afriland First Group, a affirmé que le groupe se battra jusqu’au bout contre cette expropriation. 

Lire aussi : Secteur bancaire : après le Tchad, Afriland First Bank lorgne vers le Congo

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