Cameroun/Shelter Afrique : le projet de 3000 logements sociaux aux oubliettes
Plus d’un an après la signature de la convention y relative, le gouvernement n’a respecté aucun engagement pris auprès de son partenaire technique, par ailleurs chargé de mobiliser les financements.
Le 05 mars 2021, la société pour l’habitat et le logement territorial en Afrique, Shelter- Afrique, s’était engagé à travers la signature d’une convention avec la ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), Célestine Ketcha Courtès, à construire 3000 « logements décents aux prix abordables » à Yaoundé et Douala. Dans le cadre de cette convention, l’institution panafricaine de promotion de financement de l’habitat et plus globalement de l’immobilier devait non seulement mobiliser les financements pour les études de faisabilité du projet, mais également ceux liés à sa réalisation, soit 6 milliards de Fcfa. En contrepartie, le gouvernement du Cameroun devait simplement mettre à disposition un foncier sécurisé ; ce pourquoi la Minhdu s’était engagé en promettant d’obtenir le plus tôt possible la paperasse administrative nécessaire avec la collaboration de son collègue des Domaines, du Cadastres et des Affaires foncières (Mindcaf).
Mais, plus d’un an après, le projet est au point mort. Les espaces n’ont toujours pas été trouvés, pas plus que le projet en lui-même n’a été maturé. Une mise au point attribuée à un haut responsable du Minhdu, en réponse à un article de presse du journal « Le Zénith » qui rend compte de vives tensions entre la ministre Ketcha Courtès et sa secrétaire d’Etat Marie Rose Dibong au sujet de ce projet qui piétine, révèle qu’« il s’agit d’un projet qui repose encore sur de simples papier, sans aucune solution jusqu’à ce jour ».
Un aveu suffisamment grave au moment même où des informations persistantes font état de ce que face à certains blocages venant du Cameroun, Shelter-Afrique émet désormais des réserves quant à la réalisation du projet tel que convenu au départ. « Il n’est plus question de créer une société par actions Shelter et Société immobilière du Cameroun (Sic) comme initialement prévu, mais de placer le financement de ce projet sur une ligne de crédit pays », poursuit la source susmentionnée. Il est à noter que dans la foulée de la signature de la convention relative à ce projet, le gouvernement (49% des parts) et Shelter-Afrique (51% des parts) avaient finalisé la création, le 06 octobre 2021 à Yaoundé, d’une coentreprise dénommée Industrial Housing Corporation (IHC), avec un capital initial de 15 millions de dollars, soit plus de 8,5 milliards de Fcfa. Une usine devait être construite soit à Yaoundé, soit à Douala, avec pour vocation de produire des matériaux de construction et équipements associés à base de matières premières locales et à moindre coût.
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L’objectif d’une telle structure, qui se veut pérenne, est de développer à grande échelle au Cameroun, un programme de logements sociaux décents et juguler la crise du logement en construisant chaque année 1500 nouvelles maisons accessibles y compris aux couches de la société les plus défavorisées. Car, selon les chiffres officiels, il faudrait construire jusqu’à 2,5 millions de nouvelles unités pour venir à bout de la crise du logement au Cameroun. Le déploiement de cette coentreprise dans le cadre d’un partenariat public- privé est lui aussi dans un labyrinthe administratif qui ne dit pas son nom.
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Jean Omer Eyango