Fête de l’unité nationale : la Cicam poursuit sa production malgré sa mise sous scellés par la Cnps
La Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam) semble avoir trouvé un compromis verbal avec la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) qui lui réclame des arriérés de cotisations sociales de près de 2 milliards, et s’emploie ces derniers jours à exécuter ses nombreuses commandes en perspective à la fête de l’unité nationale qui se célèbrera le 20 mai prochain.
Le 10 mai dernier, la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) a procédé à la mise sous scellés des locaux de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam) à Douala, en raison d’une accumulation de près de 2 milliards de F d’arriérés de cotisations sociales. Les scellés sont toujours maintenus sur les locaux de l’entreprise, mais la Cicam poursuit son activité de production grâce à un compris trouvé entre les deux dirigeants des deux entreprises, a appris EcoMatin d’une source bien renseignée au sein de la structure. La Cotonnière industrielle du Cameroun s’emploie à satisfaire sa clientèle et à exécuter ses nombreuses commandes en prélude à la fête de l’unité nationale qui se célèbrera le vendredi 20 mai 2022.
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A l’occasion, elle a reçu plusieurs commandes pour la production de 200 000 pagnes, soit 109 600 mètres linéaires de pagnes pour les partis politiques, en l’occurrence le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), l’Union démocratique du Cameroun (Udc), et le Mouvement pour la défense de la république (Mdr). Ces commandes sont bien inférieures à celles des années antérieures, d’environ 30 à 40%, renseigne notre informateur. Et pourtant, les festivités, aussi bien de la fête du travail, de la fête de l’unité nationale que de la fête des mères, sont des moments fastes qui permettent à l’entreprise de renflouer ses caisses et contribuent considérablement à son chiffre d’affaire annuel. Au sortir de la fête de l’unité nationale, la Cicam devra immédiatement enchainer avec la fête des mères qui se célèbrera le 29 mai prochain. Pour cette circonstance, la société produit elle- même des pagnes qu’elle commercialise dans tout son réseau à travers à travers le pays.
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La Cicam demeure confrontée à d’énormes difficultés aussi bien financières que structurelles. Elle fait face depuis des années à un vieillissement de son outil de production, qui plombe l’activité dans ses unités industrielles. «L’outil de production est vraiment vétuste, avec des machines qui datent de 1965 et avec la rareté des pièces de rechanges », soutient notre source au sein de l’entreprise. En plus des soucis structurels, l’activité de production de la Cicam a été perturbée il y a quelques semaines par la pénurie de carburant qui affecte l’ensemble du pays.
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A cause de cette situation, la Cicam ne parvient pas à honorer de façon optimale ses contrats avec ses clients, pour la plupart des administrations publiques et privées. Elle réussit tout de même à satisfaire 60% des commandes en dépit du flux. « Quand on est sous pression, l’usine ne parvient pas à supporter la pression », justifie- t-on. La société reçoit autant de commandes, non sans compter celles de l’étranger, en provenance notamment du Congo, pour des clients engagés dans les législatives de juillet prochain. L’entreprise produira dans la limite de ses moyens pour tenter de satisfaire sa clientèle.
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Dans son rapport sur la situation des entreprises publiques et des établissements publics au 31 décembre 2020, le Comité technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) dévoilait un tableau préoccupant de la situation de la Cicam. L’entreprise détenue à hauteur de 75% par la Société nationale d’investissements (Sni), et 25% par l’Etat du Cameroun, affichait sous cette période, un résultat net déficitaire de 3,5 milliards de FCFA. Son chiffre d’affaires était évalué à 7,4 milliards de FCFA, en régression de 26,22%. Quant à ses capitaux propres, ils connaissent un déficit de 7,9 milliards de FCFA.