Le Cameroun a dépensé 5 milliards pour importer des cure-dents en 2020
La révélation a été faite par Jules Doret Ndongo, le ministre des Forêts de la faune.
Le Cameroun s’est donné pour mission d’implémenter avec efficience la politique d’import-substitution, précisée dans la loi de finances 2020 et officiellement en vigueur depuis 2021. Cette mesure qui ambitionne de révolutionner l’économie locale en limitant les importations, mais également en mettant en place des mécanismes pour développer l’industrie locale, est désormais le «phare» qui éclaire le sentier qui mène vers «l’émergence 2035», tant vantée par les pouvoirs publics. Mais ses débuts sont difficiles. Même s’il est encore très tôt pour conclure à un échec cuisant, on peut tout de même remarquer que le Cameroun importe toujours l’essentiel de ce qu’il consomme au quotidien (le déficit de la balance commerciale du Cameroun s’élevait à 744 milliards de FCFA au 1er semestre 2021), même des produits qui paraissent insignifiants comme des cure-dents. D’ailleurs d’après Jules Doret Ndongo, le ministre des Forêts et de la faune (Minfof), en 2020, le gouvernement a déboursé la somme de 5 milliards de FCFA pour importer des cure-dents à base de bois de bambou, fabriqués en Chine. « Le cure- dent en 2020, c’est quand même 5 milliards de FCFA en termes d’importations. Nous avons dû l’importer pour 5 milliards de FCFA. Si nous commençons à le fabriquer, c’est une économie que l’Etat fera et pourra être déployée vers d’autres destinations» a-t-il affirmé au cours du programme télévisé, Actualités Hebdo, diffusé le 17 avril 2022, sur les antennes de la Crtv.
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Cela peut paraître risible, mais le Cameroun peine à fabriquer localement et en quantité suffisante, ce produit malgré le potentiel dont il dispose. Le gouvernement le reconnaît d’ailleurs et compte profiter du Salon international du Bambou et du rotin qui aura lieu dans les prochains jours à Yaoundé, pour impulser une nouvelle dynamique à la filière du bambou, qui sert de substrat à la fabrication des cure-dents, tout comme les déchets de bois. «L’un des objectifs de l’Etat c’est de structurer, d’actualiser, de sortir les opérateurs de cet informel en organisant cette filière. Nous avons toute la coopération avec Inbar (Organisation internationale sur le bambou et le rotin, ndlr). Ces appuis en termes de formation et de mise à disposition des matériels sont légions. Nous avons le potentiel, nous avons le bambou qui pousse naturellement, nous avons commencé à mettre sur pied des pépinières. Si ce secteur a fait du bien ailleurs, rien n’interdit que nous puissions bénéficier des avantages de ce produit au Cameroun, moyennant la mise en place de certains mécanismes et de leviers», a indiqué le membre du gouvernement.
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D’après les chiffres du Minfof, le Cameroun possède actuellement 1,2 million hectares de bambous (15 espèces de bambous et 21 espèces de rotin). A date, seule une infime quantité est transformée localement, principalement par des artisans évoluant dans le secteur informel.