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Sécurité alimentaire : au-delà de l’affaire Kinder, un scandale camerounais

Le retrait du marché des produits de cette marque décidée par l’Anor après une alerte en France sur des suspicions de contamination à la salmonelle, met à nu des défaillances dans le dispositif de contrôle de conformité des marchandises à leur entrée au Cameroun.

A la suite du retrait des rayons de certains produits chocolatés de la marque Kinder en France, du fait de suspicions de contamination à la salmonellose, le directeur général de l’Agence des normes et de la qualité (Anor), Charles Booto à Ngon, a ordonné le 06 avril dernier, « en absence de numéros des lots clairement identifiés et par principe de précaution », le retrait desdits produits du marché camerounais. Dans la foulée de cette décision, il a annoncé « le déploiement effectif des brigades d’inspection et de contrôles sur l’ensemble du territoire national pour veiller à l’application des présentes mesures conservatoires, en vue de protéger la santé des consommateurs ». Le même jour, dans un communiqué publié, le chocolatier italien Ferero qui détient cette marque a précisé que le rappel volontaire de ses produits en Hexagone ne concerne aucun de ses produits commercialisés au Cameroun sous le label Kinder Joy. Non sans préciser que Kinder Joy commercialisé au Cameroun est produit localement, et que, par conséquent, si les chocolats ciblés en France seraient présents dans le pays, ils ne sont pas vendus par Ferero Cameroun.

Lire aussi : Alerte : face à la dangerosité de certains produits Kinder, l’Anor ordonne leur retrait du marché camerounais

Au-delà de ce qu’elle trahit un déficit d’information de l’Anor sur les marques de ce chocolatier en vente sur le sol camerounais – une grosse aberration -, la sortie de Charles Booto à Ngon jette un doute sur la conformité à la norme des aliments en circulation sur le territoire national. Elle met à nu des défaillances dans le contrôle à l’entrée des marchandises, alors qu’il existe, à l’inverse et ce depuis plusieurs années, un dispositif dédié mis en place dans le cadre du Programme d’évaluation de la conformité avant embarquement (Pecae) des marchandises destinées à l’exportation. Un scandale au regard du caractère hautement sensible de la question de la sécurité des aliments. Aux frontières du Cameroun, en effet, le paiement des droits de douane continuent de primer sur toute autre considération, notamment la vérification et l’analyse des produits importés, assorties d’un certificat de conformité. C’est ce qui explique, par exemple, qu’avant le gel des importations des huiles végétales raffinées et de certaines céréales par la Direction générale des douanes en décembre 2021, le marché national était inondé des huiles végétales non enrichies à la vitamine A comme le recommande le règlement technique NC 77 de l’Agence des normes et de la qualité.

Jean Omer Eyango

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