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Foncier : 87% de Camerounais exclus des 400 000 ha de la réserve foncière de Ntui-Yoko-Tibati

Le constat est fait par le Centre pour l’environnement et le développement (CED), une organisation de la société civile, après l’annonce par le gouvernement de mettre à la disposition des investisseurs ces 400 000 ha de terres cultivables.

Selon le CED, au 87% des Camerounais, constitués de personnes de moins de 48 ans, n’auront pas accès à la réserve foncière de 400 000 ha qu’envisage de créer le gouvernement au bord de la route Ntui-Yoko- Tibati, une zone qui couvre les régions du Centre et de l’Adamaoua. Et pour cause, indique cette organisation de la société civile qui suit de près les politiques publiques en matière foncière au Cameroun, la tranche de la population ainsi mise à la touche est victime des effets de l’ordonnance n°74-1 du 6 juillet 1974 fixant le régime foncier au Cameroun.

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Du coup, « offrir des facilités pour l’accès à la terre pour une agriculture intensive », objectif de l’Etat du Cameroun en créant une réserve foncière, selon le CED, sera difficile à atteindre. Surtout que la note du ministère de l’Agriculture et le Développement rural (Minader), Gabriel Mbaïrobé, à ce propos indique qu’il est question d’« attirer les opérateurs économiques privés et permettre aux jeunes de se lancer dans l’agriculture ». Des jeunes qui, au regard de l’ordonnance citée supra, ne peuvent pas prétendre à l’obtention d’un titre foncier, une pièce incontournable dans la constitution des dossiers d’octroi de prêts bancaires pour des projets d’envergure.

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Ces obstacles à l’accès de cette manne foncière se posent sur le chemin des jeunes qui veulent entreprendre à grande échelle dans l’agriculture interviennent dans un contexte de disharmonie gouvernementale au sujet du passage du Cameroun à une agriculture de seconde génération telle que voulue par le chef de l’Etat dans son discours de circonstance lors du comice agro-pastoral d’Ebolowa en janvier 2012. L’on se serait alors attendu à ce que, sous la coordination du Premier ministère, le Minader et son collègue des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf) se mettent ensemble pour définir un protocole d’acquisition des terres en cas d’investissements lourds dans l’agriculture. Plus de dix ans après cette instruction présidentielle sensée faciliter l’accès des investisseurs à la terre pour le type d’agriculture qui y sied, l’on est toujours dans l’immobilisme total surtout au Mindcaf, bras séculier de l’Etat en matière foncière.

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Face à l’incapacité des pouvoirs publics à traduire dans les faits les instructions du chef de l’Etat, la société civile camerounaise suggère que « la loi reconnaisse à chaque village la propriété de son terroir traditionnel ». Le CED et d’autres entités qui militent pour la même cause exigent également de l’État « la reconnaissance des droits coutumiers, collectifs et individuels des communautés en leur donnant la propriété sur la terre ». Par ailleurs, ces organisations de la société civile demandent au gouvernement « de légiférer sur la sécurité alimentaire des populations impactées par des projets d’investissements ». Pour finir, ils souhaitent la promulgation d’une loi qui défend les droits fonciers de tous les citoyens, avec une attention particulière pour les femmes, les jeunes et les peuples autochtones.

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