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Ce qu’il faut retenir de la session parlementaire de mars 2022

En dehors des 8 projets de loi adoptés dont un sur l’énergie solaire, on a eu droit à deux sessions plénières. L’initiative d’un groupe parlementaire dénommé « union pour le changement » n’a pas été examinée au grand dam de ses précurseurs.

Les lampions se sont éteints sur la première session ordinaire de l’Assemblée nationale pour l’année législative 2022 le samedi 09 avril dernier. Une session marquée par de nombreuses crises tant sur le plan national qu’international. Au bout des 30 jours des travaux, durée prévue par le règlement intérieur de l’Assemblée, on a eu droit à deux séances plénières. Huit projets de lois ont également été adoptés dans le but de répondre à un certain nombre de problèmes socio- économiques.

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C’est le cas avec des coupures intempestives d’énergie électrique. Avec l’augmentation significative de la population, la demande a décuplé. La production actuelle peine à répondre à la demande nationale. Un déficit qui met à rude épreuve les entreprises. Elles sont obligées de voir leur production baisser d’un cran. D’autres ont du s’offrir des groupes électrogènes pour pallier l’insuffisance.

Energie électrique

Pour résoudre ce problème récurrent de coupure d’énergie électrique, le gouvernement s’est tourné vers le solaire. L’Assemblée nationale a adopté le projet de loi sur l’accord-cadre amendé, portant création de l’Alliance solaire internationale (ASI). Ce texte permet au Cameroun d’explorer cette niche jusqu’ici en friche. Selon le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba, le Cameroun aura besoin de 6 000 milliards d’ici 2030 pour atteindre 3500 Mégawatts. 4 000 milliards seront investis pour la production et 2 000 milliards pour la distribution et le transport. Les 4 000 milliards consacrés à la production devraient être mobilisés à partir des financements en PPP (Partenariat public-privé) comme c’est le cas dans le cadre du projet Nachtigal. Plusieurs projets solaires sont déjà en cours d’exécution dans le but d’améliorer l’accès à l’électricité dans certaines parties du pays. On peut citer entre autres : les projets de construction de grandes centrales solaires dans les villes de Ngaoundéré, Garoua et Guider ou encore le projet d’électrification rurale de 1000 localités par système solaire photovoltaïque ou encore le projet d’installation de deux centrales solaires modulables avec batterie de stockage, d’une capacité cumulée de 30 MWC+20 MWh à Maroua et Guider.

La vie de plus en plus chère

En dehors de la question de l’énergie qui a suscité beaucoup d’interrogations au sein du parlement, la hausse significative des prix des produits de grande consommation ne cesse de secouer la société camerounaise. L’honorable Ngo Issi du Pcrn redoutait d’ailleurs un soulèvement populaire comme ce fut le cas en 2008. Il faut désormais débourser 200 FCfa voire plus pour s’offrir une baguette de pain car le blé vaut désormais de l’or. Une inflation due à l’explosion par le covid 19 et surtout par la guerre Russo- ukrainienne car selon une étude rendue publique en août 2021 par le Bureau de mise à niveau des entreprises (BMN) camerounaise, le Cameroun a importé 860 000 tonnes de blé de la Russie, du Canada, de la France, et des Etats-Unis en 2020 pour 150 milliards. Aujourd’hui, le pays est à 800 000 tonnes d’importation ; des chiffres qui pourraient connaître une baisse de 300 000 tonnes si les mesures de substitution sont implémentées selon le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Gabriel Mbairobe : « Il est possible d’insérer 30% des farines de plantain, manioc ou patate douce dans la fabrication du pain. Ce qui nous amènerait à réduire l’importation du blé peut-être de 300 000 tonnes. Les habitudes alimentaires ont fait que, chaque camerounais consomme 33 kg de blé par habitant et par an ; largement au-dessus de la consommation du riz qui n’est que de 25kg par habitant et par an ».

Dans son discours de clôture, le président de l’Assemblée nationale (Pan) a invité le gouvernement, face à la hausse des prix sur les marchés, à mettre en œuvre des stratégies pour rendre accessibles les produits de grandes consommations à des prix justes pour tous.

Une usine de bitume en gestation

Avec l’adoption par l’Assemblée nationale du projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier le statut de l’organisation de la coopération islamique (Oci) pour la sécurité alimentaire (Oisa), adopté par la 4ème session du Conseil des ministres des Affaires étrangères, le Cameroun voudrait bénéficier des programmes et des financements dans le but de booster sa capacité de productions des denrées de première nécessité tels que le riz, le blé, le maïs et le manioc. Face à l’effet du changement climatique sur la production, l’irrigation est la solution pour répondre à la demande de plus en plus croissante des denrées alimentaires. D’où le programme d’aménagement de la politique agricole. Cela permettra d’avoir suffisamment de farine de bonne qualité sur le marché, a martelé Gabriel Mbairobe devant les députés en séance plénière.

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L’autre projet de loi qui a suscité l’attention des députés est celui portant protection du patrimoine routier. Il vient réactualiser la loi du 8 avril 1998 déjà caduc. L’ancien texte ne prenait plus en compte les nouvelles réalités de l’environnement car le trafic a augmenté de manière substantielle. Ces dernières décennies, le réseau routier est passé de 55 000 à 121 000 km entre 1980 et 2021. Il était donc urgent pour le Mintp, Emmanuel Nganou Djoumessi d’y apporter quelques modifications pour préserver le linéaire national constitué de 90 % de route en terre. Parmi les innovations, on note entre autres l’amélioration des outils de protection de la route, grâce à la définition des spécifications techniques des véhicules et des règles administratives à observer pour leur mise en circulation. Sur ce coup, L’article 7 en son alinéa 3 est clair : le poids total autorisé ne peut dépasser cinquante tonnes. L’alinéa 6 du même article stipule que : la circulation d’un véhicule exceptionnel, d’un convoi exceptionnel ou d’un véhicule hors gabarit est subordonnée à l’autorisation préalable du ministre des transports.

Coté sanction, le projet de loi adopté par les députés ne va pas d’une main morte car la mise en circulation d’un véhicule exceptionnel non homologué est réprimée par l’article 39 à hauteur de 250 000 Fcfa d’amende. L’article 45 enfonce le clou : « Est puni d’une amende de 2 millions de Fcfa, le transport exceptionnel sans autorisation ou le non-respect des conditions spéciales fixées par l’autorisation du transport exceptionnel ». Avec le coût élevé de la construction des routes, le Mintp a pris des dispositions pour revoir les coûts. C’est ce qui justifie la construction prochaine d’une usine de production du bitume à Kribi.

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L’Assemblée nationale a également adopté la loi sur le secret bancaire, la cybercriminalité, sur la création du fonds pour le développement des exportations en Afrique (Feda) ou encore la loi autorisant le Président de la République à ratifier le statut de l’organisation de la coopération islamique pour la sécurité alimentaire (Oisa)… En dehors des huit projets de lois adoptés, la session de mars a été également marquée par l’absentéisme des parlementaires au cours des travaux.

Absentéisme des députés

Une situation qui a courroucé le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, réélu pour la énième fois au perchoir. Du haut de sa longévité à la tête de la chambre basse (30ème année), le PAN a invité ses collègues à plus de responsabilité : « Qu’allez-vous dire aux populations qui vous ont donné mandat pour les représenter…», s’est insurgé le Très honorable. L’absentéisme avait tendance à se généraliser, dénonce l’honorable Koupit Adamou de l’Union démocratique du Cameroun l’(UDC). « Il y avait une tendance à l’absentéisme qui se généralisait et qui n’avait pas de justification. Lorsque nous venons en session, on a l’obligation de participer aux séances plénière et à toutes autres activités organisées par l’Assemblée nationale. Il ne fallait pas plus pour qu’il tire la sonnette d’alarme. Cela a eu des effets parce que par la suite, nous avons vu des sièges qui étaient d’habitude vides être occupés lors des séances qui suivaient ». Pour la clôture de la session le samedi 09 mars 2022, l’hémicycle a fait son plein. « Pour ce qui est de l’absentéisme des députés, je pense que chacun devrait parler en son nom. Chacun sait pourquoi il ne vient pas. Vous avez vu que tout le monde était là aujourd’hui », a précisé l’honorable Nourane Fotsing Moluh Hassana.

Grève des enseignants

C’est également au cours de cette session que les enseignants ont observé pendant plusieurs semaines, le mouvement de grève baptisé « craie morte ». Des mesures ont été prises pour calmer la colère des seigneurs de la craie. Le gouvernement devrait tirer des leçons, selon Cavaye, pour que cela n’arrive plus car le temps perdu doit être rattrapé. « Le traitement du personnel de l’Etat ne saurait s’accommoder de quelque cacophonie que ce soit ou faire l’objet d’une certaine légèreté. Ceci ferait peser de lourds soupçons de racket et de marchandage sur les procédures officielles pourtant bien encadrées ». Et d’ajouter : « Le service public est gratuit. Nous le savons tous. Cela ne devrait pas être un slogan creux mais une réalité permanente », a martelé le Pan.

Lire aussi : L’avenir du groupe parlement  dénommé « Union pour le changement » est entre les mains du bureau définitif de l’Assemblée nationale

Fort de tous ces éléments, le très honorable n’a pas passé sous silence la question du coronavirus. Si la pandémie reste une menace, il a appelé, du haut de l’estrade les populations à continuer d’observer les mesures barrières. Il encourage d’ailleurs les uns et les autres à se faire vacciner pour barrer la voie à ce mal aux effets dévastateurs. Dans une note rendue publique par le Secrétaire général de la présidence de la république (Sgpr), Ferdinand Ngoh Ngoh, il faudra désormais débourser 30 000 Fcfa pour un dépistage contre le coronavirus.

Le front de l’opposition en attente

Les députés ont quitté le Palais des congrès de Yaoundé en laissant derrière eux de nombreuses crises. Ils se sont donné rendez-vous au mois de juin prochain. Le Sdf, le Pcrn, l’Ums et l’Udc espèrent être fixés au cours de cette session par le bureau définitif sur leur initiative de créer un groupe parlementaire dénommé « Union pour le changement ». Cette question transmise par le bureau d’âge au nouveau bureau n’a pas été examinée. Il est important de souligner qu’au cours de cette session, l’ingénieur en travaux agricoles, Muyali Mary Boya, a été élue parmi les 5 vice- présidents de l’Assemblée nationale du Cameroun. Elle remplace dans le bureau définitif de la chambre basse mis en place le 18 mars, l’honorable Monjowa Lifaka Emilia, décédée dans la soirée du 20 avril 2021. Elle a eu son baptême du feu le 1er avril en dirigeant la plénière après le départ de Cavaye Yeguie Djibril.

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