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Etat des lieux de l’écosystème de l’entrepreneuriat technologique et numérique au Cameroun

Pour l’économiste camerounais Dany T. Dombou, l’ECOTECH, lorsqu’il est efficace, a le potentiel d’accompagner le développement d’une économie.

Le monde est à sa 4e révolution industrielle, et en tire des avantages économiques. L’Afrique quant à elle, tarde à rattraper le train de l’entrepreneuriat numérique 4.0. L’écosystème de l’entrepreneuriat numérique et technologique (ECOTECH) est l’environnement socio-économique constitué d’acteurs (Structures d’accompagnement, Etat, Business Angels, etc.) qui œuvrent pour le développement des agents (startups) et dont l’action contribue à améliorer les conditions de vie des populations. L’ECOTECH, lorsqu’il est efficace, a le potentiel d’accompagner le développement d’une économie. En effet, au niveau mondial, il génère près de 3 000 milliards de dollars de valeur, un chiffre équivalent au PIB d’une économie du G7. De plus, des 10 plus grandes entreprises dans le monde, 7 ont été des startups. Cependant, aucune entreprise africaine, encore moins camerounaise ne figure sur ces classements.

Au Cameroun, l’ECOTECH est en phase de démarrage. Si ses prémisses se situent au milieu des années 2000 avec la libéralisation de l’accès à internet dans le pays (avec l’essor des cybers café), son origine elle, peut remonter aux années 90. Avec l’arrivée de la télévision analogique qui a ouvert l’esprit des camerounais au monde et à ses multiples innovations. Ce n’est que vers le début des années 2010, avec la prolifération des smartphones et le lancement du mobile money dans le pays que l’ECOTECH a commencé à connaître un essor considérable. Les résultats de l’étude scientifique menée dans le cadre du projet KMETECH TIE financé par l’Union Européenne ont permis de définir le profil type de la startup camerounaise :

La startup moyenne a 02 ans d’existence, est généralement en fin de phase de prototypage (49,91%) et ne parvient pas à couvrir l’ensemble de ses charges grâce à ses revenus (65,81%), malgré le fait que la COVID-19 lui ait apporté plus d’opportunités que de menace (69,74%). Bien qu’informée par les actions du gouvernement en sa faveur (53,8%), dont elle ne bénéficie pas (87,2%), elle juge l’environnement règlementaire contraignant (52%). Elle est contrôlée (83,17%) par ses membres fondateurs (03 membres) et dirigée (97,4%) par l’un d’eux, un homme (85,5%) ayant en général un niveau universitaire (89,6%). Elle peut être informelle (51,3%) ou légalisée sous forme de SARL (44%), et sa comptabilité consiste en la tenue d’un simple registre d’entrée et sortie (44,4%). Elle ne dispose pas d’une adresse mail professionnelle (79,65%) et exerce principalement dans le secteur tertiaire. Elle est une PME qui emploie en moyenne 3 personnes à temps plein et 04 à temps partiel et s’intéresse à la conception de logiciel et au développement d’applications (80,3%). Ainsi, son principal besoin en ressources humaines est constitué de développeurs (35%) et d’experts en communication (30,8%). Elle n’a jamais bénéficié de crédit bancaire et se finance principalement à travers ses fonds propres (84,6%). Si elle obtient des financements supplémentaires, ses priorités seront d’améliorer son produit (43,6%) et d’aller sur le marché (29,1%). En effet, elle dépense énormément en termes d’internet et communication, matériel de travail et ressources humaines. De plus, ses principales difficultés sont la gestion des activités quotidiennes, la location d’un espace de travail et la disponibilité d’un personnel compétent. Les services qu’elle recherche le plus auprès d’un incubateur sont le lobbying (32,4%) et l’accès à l’espace de travail (25,7%). Cependant, elle n’a pas accès aux services des incubateurs (66,7%) bien qu’elle juge leur action efficace (63,5%).

Les principaux résultats des analyses ont suggéré qu’en ce qui concerne les startups, 69,74% d’entre-elles ne sont pas efficaces. En effet, les difficultés administratives, l’effet de distraction (implication accrue dans des activités sans lien direct avec celle de la startup) et le manque de professionnalisme sont étroitement liés à leur inefficacité. En ce qui concerne le rôle de l’Etat, les startups estiment à 42,52% efficace les efforts menés par ce dernier dans l’amélioration du cadre réglementaire. La prévalence du secteur informel et le manque d’infrastructures expliquent entre autres ce résultat. En ce qui concerne le rôle des incubateurs, bien qu’elles aient des moyens financiers limités pour mener leurs actions, les startups évaluent à 63,5% leur efficacité. Ce résultat s’explique entre autres par l’intérêt pour les startups de l’accompagnement technique et du lobbying qu’offrent les incubateurs. Les principales recommandations visent à : améliorer les infrastructures ; Améliorer la réglementation au sujet des startups ; Améliorer et adapter le financement ; Améliorer les compétences technologiques ; Améliorer la soutenabilité de la relation startup – incubateur ; Améliorer la communication.

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