Marché financier : les détails sur l’emprunt obligataire de 200 milliards du Cameroun
Après 3 ans d’absence, le Cameroun retourne d’ici le mois de mai de cette année sur le marché financier pour tenter de mobiliser 200 milliards auprès des investisseurs de la Cemac.
C’est désormais officiel ! Le Trésor public du Cameroun va lancer cette année, sur le marché financier de la Cemac, un emprunt obligataire. Dans une correspondance adressée le 25 mars dernier aux Directeurs Généraux des sociétés de bourses agrées par la Cosumaf, le Ministre des Finances demande de lui présenter dans un délai de 10 jours, leurs propositions pour la bonne réalisation de cette opération. L’on apprend du même document que l’opération se déroulera au mois de mai de cette année et consistera en une levée de 200 milliards de FCFA pour une maturité de 7 ans. Les titres ainsi émis seront cotés sur le marché primaire de la bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale(Bvmac) et donnant ainsi la possibilité aux souscripteurs de les céder avant échéance.
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Le Trésor public camerounais lance ainsi le 6e emprunt obligataire de son histoire dans la Cemac. Le dernier en date remonte à 2018. Arrangé par Société Générale Cameroun, Afriland First Bank et EDC Investment il avait été sursouscrit ; les investisseurs ayant servi au pays une enveloppe de 204 milliards de Fcfa, sur une demande initiale de 150 milliards de Fcfa. Malgré la confiance dont il bénéficiait sur ce marché, le Cameroun n’a plus recouru à ce mécanisme pour mobiliser les fonds préférant émettre des OTA (Obligations du trésor assimilables) de moyenne et longue maturité sur le marché des titres publics de la Beac. Pour le gouvernement, le retour sur le marché financier après trois années d’absence résulte d’une volonté de diversifier son portefeuille des titres afin de réduire son niveau d’exposition sur le marché de la Beac. En effet, les banques détiennent à fin février 2021, 83% de l’encours des titres de l’Etat du Cameroun sur ce marché contre 14% pour les investisseurs institutionnels et 1,09% pour les personnes physiques. Avec un marché secondaire presque absent, et des banques exposées aux contraintes prudentielles d’exposition aux risques souverains, il n’est pas exclu que ces dernières ne soient plus à mesure de pourvoir les fonds à l’Etat sur ce marché. De même, en sa qualité de pays hôte de la Bvmac, l’Etat du Cameroun entend participer activement au développement du marché financier de la sous-région.
Offre technique et financière
Les prestataires intéressés par la structuration de cette opération devront fournir au ministère des Finances une proposition technique et financière laquelle sera évaluée par la méthode de sélection du mieux-disant. Les missions de l’arrangeur sont connues : assurer le bon déroulement de l’émission et son placement sur le marché primaire, ainsi que la liquidité du titre qui en résulte sur le marché secondaire de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique Centrale(Bvmac) ; effectuer le montage et la structuration de l’emprunt suivant les meilleures pratiques en matière ; déterminer l’ensemble de ses caractéristiques essentielles que sont : la nature des titres et leur forme juridique, le taux du coupon ainsi que le prix d’émission, les dates de jouissance et d’échéance, les modalités et méthodes de remboursement du Principal. L’arrangeur devra aussi élaborer le document d’information ; effectuer le roadshow auprès des investisseurs de la Cemac et dans la mesure du possible, constituer un syndicat de placement pour effectuer une prise ferme …
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Cette autre levée de fonds rentre dans le cadre du financement du déficit de trésorerie de l’Etat pour l’année 2022. La loi de finances autorise, en effet, le gouvernement à mobiliser jusqu’à 350 milliards de FCFA. Aujourd’hui avec la fusion des deux places boursières, l’offre en intermédiation financière s’est étoffée. Outre les banques commerciales à travers leurs filiales, les banques d’affaires indépendantes sont de plus en plus présentes sur ce marché. C’est le cas notamment de ESS Bourse qui a récemment structuré et centralisé les emprunts obligataires du Congo (113 milliards de FCFA) et du Gabon (188 milliards de FCFA). A cela on pourrait ajouter Financia Capital et Africa Bright Securities entres autres.
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