Fret maritime : au Cameroun, les importateurs bénéficient de trois mois supplémentaires de décote sur les marchandises
La décision du gouvernement résulte d'un statu-quo observé sur le coût du fret, une hausse des prix de produits de consommation, et des incertitudes sur les marchés mondiaux du fait de la crise Russo-Ukrainienne.
La mesure conjoncturelle du Ministre des finances venait apporter une réponse aux préoccupations des opérateurs économiques frappés par la surchauffe des prix du fret et des difficultés d’importation des produits de consommation. Le 16 novembre 2021, Louis Paul Motaze, accordait, un abattement de 80% du coût du fret à intégrer dans la valeur en douane des marchandises importées par voie maritime. La décision faisait suite aux préoccupations formulées par les importateurs concernant une hausse inquiétante du prix du fret sur les marchés internationaux.
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D’après les chiffres du Gicam, le surcoût supportés par les entreprises par rapport à 2020, ou depuis la hausse du prix du fret et des coûts d’importation est estimé à 213 milliards de FCFA. Un rapport publié par le groupe patronal révélait que d’octobre 2020 à octobre 2021, plusieurs produits ont connu une importante inflation : le malt dans l’industrie brassicole (20%), les emballages dans le secteur sucrier (15%), la soude caustique dans la production des huiles raffinées (71%), le blé dur dans le segment minoterie et pâtes alimentaires (91%), le clinker ou le fer à béton dans le secteur de la cimenterie avec des hausses respectives de 87,9% et environ 40%.
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Après un peu plus de trois mois de décote de 80% sur les produits importés, Louis Paul Motaze a prolongé la Décision du 16 novembre 2021, conformément à son dispositif : «la mesure de décote de 80% du coût du fret visée à l’article 1 ci-dessus est valable jusqu’au 28 février 2022 et renouvelable le cas échéant.
Subventions
La prorogation de ce 28 février 2022 s’étend, par conséquent, jusqu’au 31 mai 2022, soit trois mois de prorogation. Elle intervient malheureusement au moment où l’inflation se généralise, les importations s’amenuisent, dans un contexte international défavorable.
«….La décision du gouvernement portant sur la neutralisation d’une partie de la hausse du fret dans le calcul des droits de douanes, bien qu’appréciable, ne produit qu’un impact très limité. Dans le cas du clinker par exemple, elle ne représente que 10 % sur les surcoûts qui s’élèvent à 1.500 FCFA TTC par sac de ciment. Pour les matières premières déjà exonérées de droits de douane, l’impact de la mesure sur les coûts de production des produits dérivés est de 0%», constatait récemment Célestin Tawamba, le Président du Gicam.
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Ce dernier évoquait, par ailleurs, les difficultés supplémentaires liées à la généralisation du Pecae (Programme d’évaluation de la conformité avant embarquement des marchandises), à tous les produits engendrant des annulations de commandes par certains opérateurs économiques du fait de la complexité des nouvelles procédures d’inspection imposées par l’Agence des normes et de la qualité (Anor). Il est important de relever que la mesure du Ministre des finances visait également à empêcher l’exécution de la menace du Gicam relative à l’arrêt des activités d’importations et de production dès le 1er janvier 2022, «pour les entreprises qui ne sont plus en mesure de s’ajuster», face au surcoût du fret. Le Gicam proposait, entre autres mesures, l’augmentation limitée des prix de vente, les allègements fiscaux, des subventions ponctuelles, des mesures d’accompagnement spécifiques, et la réactivation et/ou le maintien en 2022 des mesures exceptionnelles instaurées en 2021.
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