Denrées alimentaires : le Gouvernement à l’épreuve des prix circonstanciels et de la surenchère dans les marchés
Le ministère du Commerce a beau indiqué que les prix des produits de grande consommation sont stables sur le marché, il n'en demeure pas moins vrai que les disparités entre les prix pratiqués et les prix homologués sont conséquentes. Et les révisions de prix opérées à l’occasion des opérations de contrôles se dissipent aussitôt celles-ci terminées.
« Les prix sont maîtrisés et les produits sont disponibles », ainsi se résument les propos du ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, au terme d’une descente à l’impromptu le mardi 01 mars 2022 dans quelques marchés de la ville de Yaoundé, dans un contexte marqué par une inflation presque généralisée, caractérisée par un renchérissement des prix des denrées alimentaires. A l’évidence et sur ces entrefaites, les prix pratiqués dans certaines surfaces de distribution visités par la délégation ministérielle tendent à refléter la réalité du quotidien des consommateurs. Et pourtant, il existe un fossé abyssal entre les prix pratiqués pour la circonstance, et ceux qui sont proposés aux consommateurs au quotidien.
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Il est un secret de polichinelle que la filière des huiles végétales et des oléagineux est en proie à une envolée des prix et que désormais, pour s’offrir un litre d’huile de marque Mayor par exemple, le consommateur devra débourser entre 1400 et 1500 FCFA, au lieu de 1200 FCFA, soit une augmentation de 2,5%. Et pourtant, au cours de la visite du Mincommerce, certains distributeurs ont procédé dare-dare à une révision des prix au cours d’une halte au marché Mvog-Mbi, affichant le prix préalablement pratiqué, le temps du passage de la délégation ministérielle. Il en est de même du riz, en l’occurrence le riz blanc indien 25%, dont le kilogramme a baissé d’au moins 34% pendant la visite de Luc Magloire Mbarga Atangana dans un espace de distribution au marché Central de Yaoundé, mais dont le prix affiché a disparu sur le produit quelques heures après le passage de sa caravane.
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Au demeurant, il faut souligner que les spéculations nourries ces derniers jours autour d’une éventuelle pénurie de poisson sont contrariées par la disponibilité des stocks chez l’importateur, grossiste et détaillant Congelcam. « J’ai vu en ce qui concerne le poisson, divers types, à des prix qui vont de 900 à 1300, 1500F, voire davantage. En tout cas, j’ai vu la disponibilité du produit et j’allais dire l’accessibilité du produit. L’accessibilité en termes de disponibilité, en termes de prix. Par rapport à ce qui est relayé, je constate que la réalité est différente », soutient le patron du maroquin du Commerce.
Surenchère et saisies
La caravane du ministère l’a également conduit au marché Mokolo, l’un des plus grands marchés de Yaoundé, où il a procédé à la saisie d’importants stocks de margarine de marque Jadida, au supermarché « Cash Impact », pour défaut de dépôt préalable des barèmes, mieux, d’avoir procédé à une augmentation unilatérale des prix de ce produit sans concertation préalable avec le ministère du Commerce. « Il y a certains produits qui ne sont pas objet d’homologation préalable, et qui peuvent être soumis à ce qu’on appelle le dépôt préalable des barèmes. ça veut dire qu’un produit comme la margarine ou les boissons, si l’opérateur veut modifier les prix pour des raisons économiques, il ne doit pas le faire tout seul. Il doit saisir le ministre du commerce de sa volonté de modifier les prix. Il est obligé de déposer un nouveau barème de prix auprès du ministre. Lequel dispose d’un délai de 15 jours, soit pour accepter, soit pour refuser », étaye Luc Magloire Mbarga Atangana.
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La délégation a également fait un tour dans les boucheries du marché Mokolo, pour constater que les prix pratiqués étaient de 2800 FCFA pour le kilogramme de viande sans os, et de 2300 FCFA pour celui avec os. Sur ces entrefaites, certains consommateurs ont soutenu que ces prix étaient des prix circonstanciels révisés en raison de la présence de l’instance de régulation et qu’au quotidien le kilogramme de viande sans os est vendu à 3000 FCFA. Il va sans dire que les tendances inflationnistes font leur diktat sur le marché des produits de consommation, et que malgré un taux d’inflation soutenu de moins de 3%, en deçà du seuil pratiqué dans la sous-région, la relative maîtrise de cette inflation par le Cameroun reste menacée par une conjugaison de facteurs internationaux.
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