Santé néonatale et maternelle : le Septentrion accepte le chèque santé à près de 80%
L’information a filtré de la réunion interrégionale semestrielle de coordination pour la mise en œuvre des activités liées à ce projet, précurseur de la couverture santé universelle (CSU).
Le chèque santé imprime sa marque auprès des femmes enceintes des régions septentrionales du Cameroun. Selon les chiffres déclinés au cours de la réunion de coordination semestrielle interrégionale de ce projet tenue à Ngaoundéré du 7 au 9 février 2022, les formations sanitaires (FOSA) de 42 des 55 districts de santé (DS) que compte cette partie du pays ont été atteints. Soit un taux de pénétration d’environ 77%. Dans le détail, ce mécanisme de préfinancement à 6 000 FCFA des consultations prénatales (CPN), de l’accouchement sécurisé et du suivi post-natal jusqu’à 42 jours acquiert l’adhésion de 67% de FOSA dans l’Adamaoua, 63% dans l’Extrême-Nord et 70% dans le Nord. Pour un taux de couverture de grossesses de 62% dans l’Adamaoua, 57% dans l’Extrême-Nord et 51% dans le Nord. Pour un taux de mortalité maternelle et néonatale respectivement de 0,87%, 1,32% et 1,33%. Au cours de ces assises, le gouvernement camerounais, représenté par le ministère de la Santé publique et les partenaires ont marqué leur satisfaction face aux résultats obtenus plus de six ans après le lancement du projet chèque santé dans le Grand Nord.
Inverser la tendance
Pourtant, tout n’était donné dès le départ. Lorsqu’en mai 2014, le projet chèque santé est lancé dans les trois régions septentrionales du Cameroun, le document de présentation du Programme national multisectoriel de lutte contre la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile 2014-2020 (créé le 11 novembre 2013 par arrêté du Premier ministre, ndlr) n’a aucun chiffre par région sur le taux de mortalité maternelle comme l’indique le tableau des disparités régionales des indicateurs de santé maternelle du programme national de santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile (Pnsrmni) de 2014 à 2020. Tout au plus, l’on note dans ce tableau, qui reprend les chiffres de l’enquête démographique de santé (EDS) de 2011, qu’au Cameroun en général, en 2011, pour 100 000 naissances vivantes, 782 femmes contre 430 en 1998 à 669 en 2004. Par ailleurs, selon la même source, sur 1 000 nouveau-nés, 38 (3ème rang national) décèdent à l’Extrême-nord, 35 au Nord (4ème) et 41 à l’Adamaoua (2ème derrière le Sud-ouest avec 44 décès). Pour une moyenne générale de 31 décès sur 1 000 naissances vivantes au Cameroun. Enfin, toujours selon l’EDS de 2011, l’Extrême-nord, avec un score de 28, et le Nord (26) présentaient un risque « très élevé de décès maternels et néonataux » tandis qu’il était « élevé » dans l’Adamaoua (20).
Lire aussi : Mortalité maternelle et néonatale : le Chèque santé, prémisse de la couverture santé universelle
Pour inverser la tendance, le document évoqué supra a été élaboré pour « réduire, de 29% les décès maternels soit de 782 à 557 pour 100 000 naissances vivantes; […] les décès néonataux de 23% soit de 31 à 24 pour 1 000 naissances vivantes d’ici 2020 au Cameroun ». L’un de ses objectifs spécifiques consiste à « s’assurer qu’au moins 80% des femmes en âge de procréer, des femmes enceintes et des enfants de 0 à 5 ans ont accès aux services et soins continus de qualité ». D’où l’idée de « subventionner les soins de la mère et du nouveau-né à travers le projet « Chèque santé » ».
Extension
Pour rappel, le gouvernement camerounais considère le chèque santé, ou « bon d’achat », comme « une étape du processus de mise en œuvre de la Couverture sanitaire universelle (CSU) ». Seule particularité, son champ d’application n’est circonscrit qu’à « la réduction de la mortalité néonatale et maternelle à travers l’amélioration de la prise en charge de la femme enceinte ». Le ministère des marchés publics, (Minmap) et celui de la Santé publique (Minsanté) représentent le gouvernement camerounais qui bénéficie de l’appui financier de l’Agence française de développement (AFD) et de la banque allemande de développement (KfW). Selon un article publié à propos le 6 avril 2020 sur le site de Fintalk Mag, un webmagazine à destination des professionnels et non-professionnels de la finance en Afrique, 312 millions de FCFA ont été nécessaires pour la mise en œuvre de la première phase (2014-2017) de ce projet. La même source indique que « selon les chiffres officiels, près de 3 000 chèques ont été vendus entre le 23 juin 2015 et le 31 décembre 2017 ». Fintalk Mag révèle aussi que « d’après les autorités camerounaises, 44 209 consultations prénatales, 10 000 échographies, 18 221 accouchements, 910 césariennes, pour un peu plus de 10 000 personnes sensibilisées ». Ces résultats encourageants permettent d’envisager l’extension du projet aux régions de l’Est et du Sud.
Lire aussi : Protection sociale : 12 300 milliards de Fcfa à mobiliser sur dix ans