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Grippe aviaire : l’Ouest en état d’alerte

A la suite d’une surveillance épizootique, une note, signée du délégué régional de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales le 5 février 2022, signale des cas de cette maladie animale dans une exploitation avicole de Kongso à Bamougoum, dans le département de la Mifi. En réaction, dans un arrêté signé dès le lendemain, le gouverneur de cette région, Augustine Awa Fonka, prescrit une série de mesures urgentes dont la première est l’abattage de toutes les bêtes de la ferme d’où est partie l’alerte. Après les pertes de l’ordre de 16 milliards de FCFA en 2016 et 2017, et au vu de leur poids dans la production nationale de la volaille, les acteurs de la filière font prevue de vigilance. Le reportage d’EcoMatin à Bafoussam.

Après avoir été épargné pendant près de cinq ans, le Cameroun vient de nouveau d’être frappé par la grippe aviaire. Un foyer de l’épizootie de cette maladie vient d’être déclaré à l’Ouest, le plus grand bassin de production avec 47% de la production nationale de volaille et 81% des œufs de table. C’est ce qu’indique un arrêté régional signé le dimanche 6 février 2022 par le gouverneur de la région de l’Ouest, Augustine Awa Fonka. Une alerte maximale est désormais en vigueur dans la région de l’Ouest après la confirmation de l’infection à l’Influenza aviaire, hautement contagieuse, dans une ferme avicole à Bamougoum dans le département de la Mifi.

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L’arrêté régional à la suite de l’alerte donnée par le gouverneur institue « des mesures urgentes de prévention et de lutte contre l’Inflenza aviaire confirmée dans la région de l’Ouest ». Augustine Awa Fonka précise que sa décision fait suite à « la correspondance du 05 février 2022 de Monsieur le délégué régional de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales de l’Ouest relative à l’alerte des mortalités de volailles et confirmation de l’Inflenza aviaire hautement pathogène ». « Considérant la nécessité de protéger le cheptel avicole régional », le gouverneur de l’Ouest institue des mesures de prévention et de lutte « contre la grippe aviaire H5N1 dans le département de la Mifi » qu’il élargit aux autres départements « en fonction de l’évolution de la maladie ».

Abattage massif

Il a par la suite prescrit « la mise en œuvre des opérations d’abattage sanitaire d’urgence
dans les foyers identifiés, leur destruction par incinération et enfouissement sous le contrôle des responsables des services vétérinaires avec l’appui des forces de maintien de l’ordre ». Dans
une correspondance adressée à Daniel Ndefonkou, promoteur de l’exploitation avicole de Kongso à Bamougoum, Augustine Awa Fonka, fait savoir à ce dernier que « suites aux mortalités importantes de volailles enregistrées dans votre exploitation, sis à Kongso (Bafoussam 3) et la confirmation par un diagnostic positif de l’infection à Inflenza aviaire, j’ai le regret de vous informer qu’une opération d’abattage sanitaire urgente sera menée dans votre exploitation par les responsables des services vétérinaires, conformément aux dispositions de la loi N°006/2001 du 16 avril 2021, portant nomenclature et règlement zoo-sanitaire des maladies du bétail réputées légalement contagieuse et à déclaration obligatoire ». « Je vous saurais par conséquent gré des mesures que vous voudrez bien prendre pour le bon déroulement de cette opération de protection sanitaire des cheptels aviaires nationaux et de santé publique vétérinaire », écrit-il à celui qui est désormais considéré comme la première victime de cette maladie du bétail dans la région de l’Ouest.

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Dans son arrêté régional, le gouverneur prescrit « l’érection de la barrière sanitaire au niveau de la ferme, avec interdiction d’accès à toute personne non-autorisée pendant la période de déroulement des opérations d’abattage sanitaire et de désinfection des foyers ; le renforcement de la surveillance des mouvements des animales sensibles, ainsi que des produits des fermes avicoles sur l’ensemble du territoire de la région de l’Ouest ». Il sera désormais question de « la mise en œuvre urgente des enquêtes/investigations épidémiologiques par les services vétérinaires compétents dans les fermes, couvoirs et marchés de volailles vivantes sur l’ensemble du territoire de la région de l’Ouest ; de la mise en œuvre immédiate des opérations de police sanitaire vétérinaire dans tout le foyer détecté dans la région de l’Ouest par les responsables des services compétents conformément à la réglementation en vigueur ».

Test Elisa

Face à cette maladie hautement contagieuse, « les déplacements des volailles et produits des fermes avicoles à l’intérieur et à l’extérieur de la région de l’Ouest ne sont autorisés que pour les fermes détentrices d’un résultat du test PCR négatif datant de moins d’une semaine ou du test ELISA négatif datant de moins de 72 heures, délivré par le Laboratoire national vétérinaire (Lanavet). La veille sanitaire est instituée sur l’ensemble du territoire de la région de l’Ouest ». Les missions d’inspection, d’abattages et d’incinération seront sanctionnées par un rapport au gouverneur, prescrit Augustine Awa Fonka. Ces mesures visent à préserver la filière avicole qui peine déjà à se relever des épizooties de grippe aviaire déclarées au Cameroun en 2016 et 2017. Elles ont d’ailleurs fait perdre près de 16 milliards aux opérateurs, selon les estimations de l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic). Les opérateurs ayant payé le plus lourd tribut sont ceux de la région de l’Ouest. Une région qui pèse à elle seule, 80% dans la filière avicole camerounaise

« Nous prenons des dispositions pour être épargnés »

Jean Calvain Tala Kamga secrétaire général de l’association des vendeurs de la volaille au marché Casablanca de Bafoussam

Comment vous avez accueilli la confirmation des cas de grippe aviaire dans le département de la Mifi ?

Cette information a été reçue comme un coup de tonnerre. Mais comme on le dit, « la vieille maladie ne tue pas le patient ». Nous sommes désormais à cette crise sanitaire, régulière en saison sèche. La sérénité règne au sein de la corporation. Nous nous sommes simplement organisé à prendre des dispositions afin d’affronter le mal qui est désormais en face de nous. En 2017, nous étions jeunes dans la perception de la chose mais aujourd’hui, nous sommes déjà aguerris. Nous pensons qu’on peut essayer de gérer parce que dans la souffrance, nous sommes devenus plus matures qu’hier. Les leçons apprises nous ont forgés à nous adapter aux réalités. Nous savons aujourd’hui, que nous sommes obligés d’accompagner l’Etat dans la résolution de cette crise que de le combattre. Ces mesures prises par le gouverneur visent d’ailleurs à éradiquer cette maladie.

Comment comptez-vous, vous organiser pour circonscrire cette dernière dans les foyers déjà identifiés et confirmés afin d’éviter de contaminer vos sujets ?

Au marché Casablanca de Bafoussam, dans notre rôle de responsable des vendeurs de volailles, nous avons sensibilisé tous les commerçants sur cette maladie en les invitant à être plus vigilants sur le genre de sujets achetés dans les différentes fermes et surtout prendre des dispositions nécessaires pour que toute personne qui vient de la ferme avec les animaux passe d’abord par une étape dite d’observation. Tout cas suspect sera signalé aux autorités compétentes afin qu’elles prennent des mesures d’urgences. Quant à nous, les sujets qui sont là ne posent aucun problème car, cette fois-ci, le marché de Casablanca n’est pas un foyer de la grippe aviaire.

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Déjà, nous avons pris des dispositions après la dernière expérience aux conséquences indescriptibles sur notre activité, pour sécuriser ce marché : tous les sujets malades venus des fermes sont immédiatement renvoyés vers les agents vétérinaires avec l’accompagnement de la police du marché et des responsables de délégation de l’élevage. Nous serons encore plus rigoureux et regardants pour qu’aucun sujet malade ne vienne contaminer les nôtres. Déjà, nous sommes en étroite collaboration avec les vétérinaires de Bafoussam 2 et 3 parce que nous étions basés dans l’arrondissement de Bafoussam 2, mais on nous a recasés dans Bafoussam 3, le temps de la reconstruction du marché. Nous appelons ces deux délégations d’arrondissements, en cas de soucis. Ces responsables sont mieux outillés à apporter nos doléances auprès de l’Etat. En leur présence, quand un vendeur ne veut pas coopérer, la police du marché intervient immédiatement. Nous sommes obligés de réagir ainsi afin de sauver cette activité qui est notre vie au quotidien. Nous ne pouvons pas laisser un sujet malade, venir contaminer tout le secteur de poulets.

Nous souhaitons que l’Etat nous accompagne dans le suivi et contrôle des sujets dans les fermes. Nous avons plus besoin aujourd’hui et que par le passé de l’accompagnement de l’Etat afin d’être plus assurés dans cette activité. Cet accompagnement pas par la mise à dispositions des vaccins aux fermiers.

Les vendeurs de volailles sont sereins

Il est un plus de 10 heures, le lundi 7 février 2022. L’ambiance dans la zone de vente de volaille
du marché Casablanca de Bafoussam est celle des jours ordinaires. Commerçants et acheteurs se côtoient. Comme chaque lundi, les échanges sont au ralenti. Ici, la grippe aviaire n’est pas encore au centre des préoccupations des uns et des autres. Mêmes s’ils sont conscients de sa présence dans la région, les commerçants disent avoir pris des dispositions nécessaires pour éviter d’être confrontés à cette autre dure réalité au regard des ravages faits par cette maladie en 2016 et 2017.

« Depuis la dernière fois que la grippe aviaire nous a frappés, chacun est dans un état de veille sanitaire permanent. Nous contrôlons tout ce qui entre et sort de ce marché», confie Suzanne Nkue, vendeuse de volaille au marché Casablanca de Bafoussam.

Du côté des consommateurs, il est signalé une baisse des prix contrairement à la période des fêtes de fin d’année et de nouvel an. Brigitte Solange Folem, « braiseuse de poulets » au quartier Tougang à Bafoussam, vient d’acheter 12 animaux. « Généralement, je me fais livrer sur place. A l’annonce de la grippe aviaire, j’ai pris l’engagement de venir me faire une idée de la réalité du marché. Mais j’ai été surprise de constater que tout se passe bien. Les prix sont restés les mêmes jusqu’ici. J’ai le poulet à 2 600 FCFA comme c’est le cas depuis un mois », confie-t-elle. « C’est vrai que généralement, dès l’annonce de cette maladie animale, les fermiers vident les poulaillers afin de réduire les risques mais cette fois, il semble qu’ils n’ont pas paniqué. Nous en profitons parfois pour conserver les poulets. C’est un risque énorme mais on n’y peut rien. Il faut souvent en prendre pour espérer mieux », conclut-elle.

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