Extrême-nord : la chenille légionnaire détruit 15 500 hectares de sorgho
Les plantations des départements du Diamaré, du Mayo-Danay et du Mayo-Kani sont les principales victimes de cet insecte ravageur.
« C’est dans la nuit que les chenilles légendaires d’automne (CLA) sortent en masse pour détruire les plantations de céréales », révèle Prudence Lewa, ingénieure en agronomie, dans l’édition du mercredi 26 janvier 2022 de Cameroon Business Today (CBT), l’hebdomadaire économique de la Société de presse et d’édition du Cameroun (Sopecam). « C’est le matin que le propriétaire de la plantation constate des trous dans les feuilles de ses plants provoqués par les larves à des stades peu avancés », peut-on lire dans l’article. « C’est lors de la transplantation du sorgho, plus connu sous l’appellation Karal, au début du mois d’octobre 2021, que les producteurs ont observé la présence de la CLA dans leurs parcelles », explique Prudence Lewa.
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Pour le chef de service des statistiques à la délégation régionale de l’Agriculture et du Développement rural de l’Extrême-Nord, Justin Nyago Dingba, « les dégâts sont élevés parce que les producteurs n’ont pas lancé l’alerte à temps ». Pourtant, le phénomène n’est pas nouveau dans la région de l’Extrême-Nord. « Alors que la campagne agricole tire déjà vers sa fin, il a encore été observé cette année dans les départements du Diamaré, Mayo-Danay et Mayo-Kani », indique le chef de base régionale phytosanitaire, Aimé Césaire Djouldé Dalla à nos confrères de CBT.
Selon la délégation régionale du Minader pour l’Extrême-Nord, « au total, plus de 15 500 hectares de sorgho ont été attaqués par la CLA cette année ». Cette structure révèlent que « pour stopper la progression des dégâts, les insecticides utilisés par les producteurs ont permis de traiter près de 7 936 ha ». « Avec très peu de succès », affirme Aimé Césaire Djouldé Dalla. Et pour cause, explique-t-il, « la technique de traitement utilisée par ces producteurs n’était pas indiquée. Au lieu de traiter par poquet ou par tige, ils ont plutôt pulvérisé à la volée et le produit n’a pas atteint la cible, d’où l’échec de ce traitement ».
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Pour remédier à cette situation, une descente dans les localités victimes de la CLA a donné lieu à des « séances de démonstration de la préparation de la bouillie pour le traitement ». Dans le même temps, des insecticides ont été distribués aux producteurs pour la suite du traitement.
Pour Justin Nyago Dingba du Minader, la présence de la CLA ne devrait pas avoir un impact négatif sur la production malgré les effets conjugués de cette situation et du changement climatique dans la région. « En se focalisant sur les cultures pluviales dont les récoltes sont presque clôturées, la production céréalière est estimée à 813 536 tonnes, soit une augmentation de 2 % comparée à la moyenne des cinq dernières années », s’entend-on dire à la délégation régionale du Minader pour l’Extrême-Nord. Qui rassure qu’au moins pour cette année, « l’éventualité d’une insécurité alimentaire est écartée ».
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Pour rappel, c’est depuis 2016 que l’on signale sa présence de la Spodoptera frugiperda (nom scientifique de la CLA) au Cameroun, en RDC, au Congo, au Tchad et en RCA. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), 75% de la production céréalière avait été détruits par cet insecte ravageur. L’on se souvient alors qu’en guise de riposte, le gouvernement camerounais a lancé, le 9 mai 2018, un projet d’appui au contrôle de la chenille légionnaire d’automne. Pour la cause la FAO avait mis à la disposition du Minader la somme de 120 millions de FCFA. Ce ministère s’était engagé à utiliser ces fonds sur une période de 18 mois pour « éradiquer le mal par l’utilisation de deux bio-pesticides déjà homologués, la sensibilisation des agriculteurs et l’organisation des concertations relatives à la mise en place du projet d’appui au contrôle de la chenille légionnaire avec la FAO ».
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L’engagement de l’organisation onusienne se justifiait alors par le fait que « les céréales (maïs, sorgho et mil) sont les aliments de base d’une population sans cesse croissante surtout ces dernières années avec l’afflux des réfugiés centrafricains et nigérians, tous nourris aux céréales par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) »